Ces Souvenirs Oubliés

Prologue

Ce jour là, lorsque j'ouvris le grimoire pour ce que je savais être la dernière fois, ma gorge se serra. J'allais enfin connaître tous les secrets que contenait ce chez d'oeuvre mais cela voulait aussi dire que plus jamais je n'aurai la joie et l'excitation de decouvrir ce que cachait la page du jour.

365 pages. 365 jours. 365 soirs que je passais a lire ce petit bout de magie, une part de mon héritage. D'une certaine manière je m'étais attachée a ce livre; sa couverture en cuir en relief, son dos encore craquant, ses pages jaunies a l'odeur réconfortante, ses belles lettres calligraphiées, tout cela allait me manquer. Mais une consigne était une consigne et je ne pouvais l'enfreindre sous peine d'être désintégrée aussitôt.

Évidemment, cela amoindrissai considérablement l'envie de désobéir.

Alors, ouvrant le grimoire au début pour faire durer le plaisir, je tournais les pages une a une respirant l'odeur propre aux vieux livres ayant vécus.
Lorsqu'enfin je n'eut plus d'autre choix que de tourner la dernière page, je passai délicatement mon doigt entre les deux pages, appréciant le doux contact du papier, et, tout doucement changeai de page.

Pour je ne sais quelle raison, je m'attendais a quelque chose d'exceptionnel. Mais rien ne différenciait cette page des 364 autres. Rien que des lettres a l'encre noire et, en bas de page, un petit dessin. Peut être que le point final était plus gros mais cela devait être du a mon imagination.

Pourtant, je sentais une différence entre cette page et toute les autres. L'excitation de la fin ? L'angoisse de ce que j'allais découvrir ? Ou peut être l'aura de magie plus puissante que les autres ? Je n'en savais rien. Ce qui était sur, c'est qu'elle dégageait une énergie particulière.
Cette énergie nouvelle me perturba et m'envelopa quelques secondes puis, ma concentration retrouvée, j'entrepris de lire ces dernières lignes qui me séparaient de la fin.

Ce que je lu ce soir la me chamboula au plus haut point. Je n'arrivais plus à réfléchir correctement.

"La porte de ce monde aux milles pouvoirs se trouve en toi. Elle s'ouvrira quand tu t'y attendras le moins et te propulsera dans un univers pleins de surprises. Mais surtout, tu découvriras en toi des pouvoirs que tu n'auras jamais pu imaginer. C'est ton héritage Orya, tu es comme eux.
Maman"

Eux, c'était les personnages, que je pensait mais apparemment pas, mystiques, du grimoire.
Ce grimoire, je savais qu'il cachait des choses irréels, et je ne doutais pas qu'il y ai quelque chose de vraiment magique là dedans. Mais de la a me dire qu'il existait un autre monde dans lequel il était possible que j'atterrisse a tout moment, et dans lequel j'aurais peut être ma place, c'était encore une autre histoire. Vraiment une autre histoire.

Mais quelque chose de plus perturbant encore, si cela est possible, c'est ce dernier mot, en bas de page, le dernier mot de ce grimoire, qui peut paraître anodin mais ne l'ai pas, cette dernière signature : "maman".

Ma mère, cette femme qui m'a mit au monde, qui a écrit ce mot et donc sûrement ce grimoire, je ne l'ai connu qu'un bref moment. J'ai passé la plus grande partie de ma jeune vie, seule, enfermée et torturée.

Toutes ces pensée bouillonaient dans mon esprit. Je ne savais plus quoi penser. Ce grimoire était la seule chose qui me reliait a ma mère, mais aussi a ce monde peut être pas imaginaire. J'aurais aimé que cet ouvrage me donne un peu plus d'informations sur comment ouvrir cette "porte" qui me sépare de cet univers.

Ce n'est pas que j'y crois, mais cela ne fait pas de mal d'essayer d'échapper a notre réalité. Alors si essayer d'accéder à un monde magique me permettait de penser à autre chose qu'à ma misérable vie humaine, ça ne me dérangeait pas d'être prise pour une folle. On me prenait déjà pour une folle de toute façon..