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Malheureusement, lambiance festive fut de courte durée.

Pendant plusieurs jours nous chevauchions la journée et dormions à la belle étoile la nuit. Nous rigolions et parlions de banalités toujours sous lil lugubre de Sorin mais sans jamais vraiment rentrer dans des confessions intimes. Jhésitais encore à leur parler de ce quil métait arrivé et aucun deux ne semblait sy intéresser, ce qui mallait parfaitement.

Mais cétait oublié un peu vite lhomme de Cro-Magnon qui sempressa bien vite de me détromper. Alors que jétais partie remplir les gourdes deau a un fleuve, il me coinça derrière un arbre, acculée, et me questionna. Jaurais surement été bien plus encline à lui partager les évènements davant mon arrestation sil navait pas choisi duser de la force pour sen emparer. Mais cétait Sorin et avec lui les mots patience et compassion étaient inexistants. Braquée, javais alors refusée de lui livrer quoi que ce soit et il mavait laissé, frustré. Depuis la tension entre lui et moi était palpable et notre relation glaciale. Sensibles à la situation, sans réellement sen rendre compte, nos amis réduisirent leurs blagues et autres chamailleries, nos conversations se firent plus rares et plus sérieuses jusquà finalement ne lâcher que quelques paroles de temps à autres.

Ce fut un accident qui débloqua la situation. Alors que nous nous rendions à labord une ferme pour quémander quelques provisions, les chevaux commencèrent à sagiter. Habitués à les écouter et à reconnaitre chaque signe, mes camarades mordonnèrent de me cacher avant de se mettre en formation de combat, armes au poing.

Sans comprendre ce quil était en train de nous arriver je savais que je ne pouvais pas rester cachée la et laisser mes sauveurs se faire massacrer alors que jétais tranquillement à labris. Sans leurs ne laisser ni le choix ni le temps de me ligoter à un arbre, je mimposais dans leur ronde. Résignés, ils menvoyèrent quand même en arrière mais me permirent de participer à la bataille.

Jattendais maintenant que nos assaillants se manifestent dans lombre, transie par la peur mais déterminée. Je vis tout dabord les poings se serrer et les visages se fermer avant même de les apercevoir. Au nombre de 10, ils étaient vêtus de noir et semblaient compté sur leffet de surprise afin de nous détrousser, capturer ou bien tuer au plus vite. Malheureusement pour eux, nous étions bien réveillés et prêts à en découdre. Ils hésitèrent un instant, se demandant sil fallait faire demi-tour mais ils comprirent que cétait trop tard et quil leurs fallait maintenant assumer. Avec un cri capable de faire trembler les branches, ils chargèrent. Je luttais contre mon instinct qui me disait de fuir au plus vite, en total contradiction avec les courageux jeunes filles et garçons devant moi qui attendaient patiemment que les ennemis arrivent jusquà eux, sans aucun tremblement.

Dès lors, ce fut un carnage. Oh pas pour nous ! Non ce nétait pas dans nos rangs que le sang coulait. En revanche, chez les chaperons noirs 3 dentre eux étaient déjà ligotés, proprement assommés. Un autre était malheureusement mort, succombant sous la lame habile Ylir. Les autres se battaient encore mais la plupart étaient méchamment amochés et ne tiendraient plus longtemps. Nous étions en train de gagner.

Ylir et Zoya, dos à dos, étaient implacables et mortellement efficaces. Tous deux au centre, ils étaient protégés par les autres qui faisant office de défense. On sentait dans leurs attitudes, dans leurs gestes précis et rapides, et dans leurs regards limpides quils avaient déjà fait cela des centaines de fois. Combien dattaques avaient-ils déjà essuyées avant que je ne les rencontre ?

Je lâchai soudainement un cri. Dans la frénésie du combat, aucun des membres du petit groupe navait remarqué labsence dun homme en noir, tapi dans lombre, prêt à sauter sur Sorin. Sans réfléchir, je minterposais entre lui et son agresseur, tendant mes mains nues en avant. Avant même que je nai eu le temps de penser à quoique ce soit, les flammes avaient déjà noyées lhomme, qui succomba sans même avoir eu le temps de crier. Bizarrement, elles s'évaporèrent aussitôt, et ainsi personne d'autre que moi, et leur victime, n'en fut témoin.

Ces Souvenirs OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant