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Dans un râle sonore je meffondrais à terre les bras en croix. De la sueur me coulait dans les moindres recoins de mon anatomie, et je nosais même pas imaginer lodeur que je devais dégager. Les mouches elles-mêmes nosaient pas sapprocher ! Mon cur martelait ma poitrine, prêt à éclater, mes poumons nen menant pas plus large. Je peinais à reprendre mon souffle. Cela devait faire plus dune heure que Zoya me coursais à travers la forêt, mincitant à aller toujours plus vite et à faire preuve de créativité pour ne pas me faire attraper. Voilà la torture quils nommaient « entraînement » qui devait me permettre de tenir tête à un potentiel agresseur. Personnellement, javais surtout limpression quils voulaient se débarrasser de moi en me faisant mourir dune crise cardiaque ! Cela devait faire maintenant une semaine quils me faisaient courir ainsi. Je navais quune seule aspiration : passer aux maniements des armes qui me paraissait bien plus calme. Plus de course effrénée à devoir éviter les branches trop basses ! Des pieds bien ancrés au sol et de la concentration. Cétait bien plus dans mes cordes que le physique. Mes muscles me donnèrent raison lorsque jessayai de me relever et que des courbatures affreuses me firent me plier tel une vieille mémé.

-Tu progresses bien ! me félicita ma tortionnaire. Dans quelques jours on pourra passez a autre chose !

Quelques jours ??! Je manquai de métrangler. Mon corps ne survivrait pas à beaucoup dautres entraînements comme celui-ci ! Jétais dailleurs sur que javais là un bon argument pour quelle avance ma séance de tirs : jétais tellement fatiguée que jamais je ne pourrais échapper à un adversaire sil se dressait devant moi maintenant, ce qui était quand même contre-productif. Elle allait forcément accepter, elle ne pourrait pas lutter contre une affirmation telle que celle-ci. Jallais donc lui avancer cela quand le grand et mystérieux Sorin me devança, faisant encore moins preuve de tact que moi.

-Tu vas la tuer. Laisse-la tirer elle sera peut-être moins nulle.

Loffuscation, la gratitude, la colère, la honte sentrechoquaient en mon for antérieur. Jhésitais entre lui lancer un bon coup de poing dans le ventre et lembrasser de joie. Finalement ce fut la gratitude qui lemporta, la promesse de fin de ces séances de courses était trop tentante pour la laisser passer à cause dun excès dego.

Je sentis Zoya dubitative mais elle ne fit pas de commentaire, trop respectueuse de lopinion du Cro-Magnon. Ou peut-être réalisait-elle que quoiquelle fasse, je suffoquerais toujours tel un phoque hors de leau après le moindre petit effort et que se fatiguer à me courir après pendant des heures ny changerait rien. Quelque que soient ses véritables pensées, cela ne changerait rien au fait que les séances de jeu du chat et la souris étaient finies et que jen dansais de joie. Presque littéralement. Ma joie se fana pourtant quelque peu lorsque Sorin mannonça que notre première leçon commençait tout de suite. Deux choses me firent tiquer. La première, la plus évidente, fut le tout de suite. A linstant t, je naspirais qua une chose, prendre ma douche, manger et dormir. Bon, une seule chose cétait vite dit mais personne ne men voudrait pour si peu. Après tout quelles personnes normalement constituée ne rêverait pas de ces trois choses après une intense séance defforts physiques ? Mais ce nétait pas là le pire. Jétais prête à subir cette épreuve sans râler ni broncher pour quon me laisse tranquille. Ce fut la deuxième chose qui me fit ouvrir la bouche, prête à protester. Il avait dit notre leçon ! ce qui voulait dire que cela allait être lui, ce monstre cruel, qui allait me servir dinstructeur ?! Finalement, peut-être quêtre coursée par Zoya nétait pas si mal finalement. Malheureusement cette condition était non-négociable et je me retrouvais à suivre au pas de course un géant cruel qui allait mapprendre à lancer des couteaux mortellement tranchant. Je déglutis péniblement mais me mis en place sans parler. Après tout, on mavait toujours dit de ne jamais montrer sa peur devant un quelconque prédateur. Et puis, il n'allait tout de même pas me planter un couteau dans la gorge alors que tous nos amis étaient à proximité ! Non, décidément je ne minquiétais pour rien. Cette jolie confiance sémoussa aussitôt quelle apparut à la vue dun couteau rutilant. Mes mains tremblèrent et mes genoux fléchirent a lidée que jallais devoir la tenir dans ma main et, un jour, sûrement abattre quelquun avec, lui enlever la vie. Sorin mobservait, dédaigneux, mais ne fit pas de commentaire. Il nen avait pas besoin, il savait déjà que jallais me ridiculiser. Je commençais dailleurs à le croire. Pourtant, contre toute attente, lorsquil me mit larme entre les doigts, mes peurs senvolèrent, remplacées par un étrange sentiment de familiarité comme si je lavais toujours tenue. Je me sentais plus confiante, me sentais poussée des ailes. Elle était comme une extension de moi. Alors quand mon instructeur minjoncta de me placer devant la première cible, je faillis me couper un doigt dans mon impulsivité. En effet, voulant aller trop vite et sans écouter les conseils de Sorin, je faillis lancer le couteau, mes doigts dérapèrent et se retrouvèrent à la hauteur du rebord tranchant de fer. Revenant soudainement sur terre, je ramassai le poignard avec précaution et repris ma place, écoutant attentivement ce que lhomme de Cro-Magnon essayait de mexpliquer.

Ces Souvenirs OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant