🔱 III 🔱

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«-Ah, un plaisir de pouvoir respirer l'air répugnant de Valakia. Cela m'avait étrangement manqué, tu sais, comme un poison dont on ne pourrait se défaire. »

Amar avait toujours eu une langue bien pendue, et ses trois années chez le Grand Sorcier avait empiré son état. Leila ne l'écoutait même pas, trop occupée à imaginer toutes les façons où elle pourrait faire payer Sékou pour ce qu'il avait osé lui dire.

Ayant conscience des pensées qu'elle nourrissait envers lui, le jeune soldat n'ouvrait pas la bouche et ne respirait pas trop fort, se faisant tout petit afin qu'elle puisse oublier sa présence, malgré le fait qu'elle ne le lâchait pas du regard.

«-Leila. » l'a appelé Amar d'une voix exaspérée.

La soldate a roulé des yeux au ciel avant de concentrer son attention à contre cœur sur Amar qui la scrutait, visiblement frustrée de son silence.

Cela faisait quelques minutes déjà que Amar avait revêtit une apparence plus féminine.

Contrairement à Leila et Sékou, Amar n'était pas emmitouflée sous des couches de fourrures, son statut d'immortel était visiblement incapable de ressentir le froid. Elle était donc dans une robe ridiculement légère avec un décolleté prononcé.

Leila a vivement détourné le regard, s'étant rendu compte que son regard s'était perdu en chemin. Elle a perçu le ricanement amusé de Amar par-dessus le sifflement du vent.

«-Tu as dit pouvoir contrôler le temps, non ? Pourquoi ne pas nous débarrasser de ce froid glacial ? » a lancé la soldate afin d'empêcher Amar de faire une remarque grivoise.

Amar a soupiré en jetant un regard au ciel.

«-Malheureusement, ma douce, je ne suis que le Dieu de la pluie. Mais si tu me le demande gentiment, je pourrais aller chercher le Dieu du Soleil et l'obliger à nous plonger en été. »

Cela aurait pu faire sourire Leila trois ans plus tôt, mais ce n'était plus le cas, elle était agacée par le comportement de Amar qui lui semblait avoir dix ans d'âge mental.

«-Sans façon. »

La Déesse a poussé un long soupir.

«-Dommage, moi qui étais d'humeur à me battre contre les cieux pour tes beaux yeux. »

Leila a grincé des dents, son envie de poignarder quelque chose revenant au galop.

Ils ont pris plusieurs heures avant de rejoindre enfin la ville portuaire dans le Sud de Valakia. Ici, le froid était plus doux, moins mordant. Sékou et Amar semblaient plus agités. Le Sud étant leur région de naissances, ils ne cessaient de regarder autour d'eux avec tendresse et nostalgie. Leila était originaire de l'ouest mais elle n'avait aucun souvenir de sa région d'origine et de sa famille biologique.

Cela ne l'importunait pas, elle se fichait de ses racines, de sa langue maternelle, de ses parents.

Elle a pris les devants, laissant Sékou et Amar vagabonder dans leurs misérables souvenirs tandis qu'elle se rendait au port. Elle est descendue de sa monture, étudiant les nombreux bateaux qui se trouvaient là.

Étant des envoyés royaux de haut rang, elle avait le droit de s'emparer de n'importe quel bien sur le sol Valakien. Si elle rencontrait de la résistance de la part de qui que ce soit ? Elle les tuerait, tout simplement.

La plupart des bateaux n'étaient que des bateaux de pêche, et les bateaux qui semblaient un peu plus majestueux ne semblaient pas assez fort pour pouvoir résister l'Océan des Morts. Il y avait une raison pourquoi l'océan qui les entourait s'appelait ainsi, c'était parce que personne n'en revenait vivant.

For The CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant