Chapitre 14

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Quand ils rentrèrent ce soir-là, Newt n'eut pas le cœur à grand-chose. Il se sentait complètement vidé, à la fois par les événements et à la fois par l'intensité de l'avalanche émotionnelle qui l'avait englouti. Il attendit que ses parents aient fini de manger avant de manger son propre dîner, n'en touchant pas même le quart avant de tout remettre dans une boite au frigo. Il monta à la salle de bain, se douchant rapidement et usant le peu d'énergie qu'il lui restait, avant de se brosser les dents et d'aller se coucher sans plus de cérémonie.

Pas un mot de prononcé, qu'il fut de Newt ou Thomas, et peut-être en était-il mieux ainsi. Peut-être qu'il n'y avait rien à dire, ou en tout cas pas ce soir-là, pas alors qu'ils devaient encore digérer la nouvelle qui leur était tombé dessus sans qu'ils ne s'y attendent vraiment.

Newt remonta la fine couverture jusqu'à son menton, couvrant la moitié de son visage malgré la météo chaude de la mi-août. C'était presque comme un cocon et il s'en sentit un petit peu réconforté. Il brancha son téléphone pour le charger pendant la nuit et se retourna face au mur, soupirant longuement.

« Bonne nuit, Thomas.

-Bonne nuit.

Thomas pensait que Newt s'était endormi, il avait cessé de remuer dans son lit et sa respiration était calme. Puis il se retourna pour faire face au vide de sa chambre.

-Thomas, t'es là ?

-Oui, toujours.

Newt se décala sur son matelas, accolant son dos au mur.

-Est-ce que... Tu veux bien te coucher avec moi ? J'arrive pas à dormir.

Pour réponse, Thomas s'allongea à ses côtés. Il s'allongea sur le flanc, son visage face à celui de Newt.

-Je suis juste là, Thomas chuchota.

-Tiens moi la main, s'il te plait.

Thomas prit la main de Newt dans la sienne, ses doigts caressant doucement sa peau. Sans rien dire, il apporta la main de Newt à son visage, l'aidant à faire le contour de ses traits. Le menton, la mâchoire, les joues, le nez... Petit à petit, il aida Newt à sentir sa présence, qu'il était bien là et aussi réel qu'il pouvait l'être.

Newt sourit.

-Merci. »

Visiblement détendu, les yeux de Newt se fermèrent doucement. Il ne fallut que quelques minutes avant que sa respiration ne ralentisse et se fasse plus profonde, le garçon désormais profondément endormi. Thomas ne bougea pas, restant là, tout près, à lui tenir la main et à veiller sur lui jusqu'au matin. Lorsque Newt ouvrit les yeux de nouveau, le soleil montrant le bout de son nez au travers des rideaux, créant des zigzags orangés lumineux sur les murs, aucun des deux ne voulut commencer la journée tout de suite. Ils restèrent dans le lit, confortable sous le simple drap qui recouvrait leur corps, à se tenir la main et parler de tout et de rien – plus souvent de rien, s'offrant des instants de silence.

La matinée s'écoula de cette manière, les deux jeunes hommes bien heureux de ce confort et de cette douceur qui leur appartenaient. C'était presque comme s'ils étaient enfermés dans une capsule temporelle, le temps remontant à l'infini avant de s'écouler à nouveau de la même manière que Newt rembobinait les cassettes de son enfance sur le vieux magnétoscope.

« Non mais tu sais, maintenant on se plaint des gamins qui savent utiliser un portable avant de tenir un crayon mais au final quand j'avais leur âge je savais déjà utiliser le magnétoscope tout seul, c'est similaire, Newt expliqua très sérieusement, le débat lancé de nulle part.

-Mmh... Thomas haussa les épaules. Sûrement, mais j'ai l'impression qu'un portable c'est plus compliqué non ?

-Bof, tu sais, ils savent surtout cliquer et scroller, le reste...

The ghost of usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant