6 . ghost in the night

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06

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06.














J'étais seul. Au milieu de la foule, j'étais seul. Ils souriaient et ça m'engloutissait. J'étais tout petit, un poisson camouflé dans un banc de requins. Gentils ou pas, ça me bouffait.

Les gens fêtaient Noël qui se déroulait dans une semaine, les festivités avaient été lancées et moi j'avais eu l'idée de suivre Eunji dans ce bordel. Quand elle m'avait lâché pour ses copines, j'avais compris que j'aurais mieux fait de rester chez moi. Noël ne m'intéressait pas, pas plus que les fêtes qui y étaient accolées. Celles de la ville, de la société ou des amis, je m'en foutais. Trop de paillettes, trop d'expressions, trop de monde et trop de gens ; tout se fondait dans un mélange étourdissant et c'était accablant.

Je jouai des coudes, rebroussai chemin au milieu de la foule agglutinée sur Sunset Center. J'avançai à contre-sens dans l'océan et je manquai de tomber plusieurs fois entre quelques excuses et insultes. On ne faisait pas attention à moi, on m'ignorait, j'étais la petite bête qui venait les déranger dans leur adoration fantaisiste du groupe de rock performant sur l'estrade mise en place au centre de la place. La tête au-dessus du monde, frôlant l'or de Noël, le chanteur avait ces airs de maître du monde. Ça me poussa encore plus à fuir.

Je sais pas en combien de temps et par quel miracle j'ai réussi à m'extraire de ce fouillis mais lorsque mes pieds frôlèrent enfin le sol du trottoir à peine peuplé, je soufflai. Courbé, les mains sur mes genoux, je repris ma respiration. J'avais soudainement chaud. Et sans hésitations, je retirai mon épais manteau qui me protégeait de l'hiver. La brise froide agressa ma peau, s'infiltra sous mes vêtements et frôla le fin fond de mes poumons. A ça s'ajouta les effluves marines qui remontaient les rues depuis l'autre bout de l'univers. Ça faisait du bien.

Une bonne grosse partie de la ville se trouvait-là, sur Sunset Center. Jeongeun, Felix et les autres ne s'y trouvaient pas - les événements de la populace n'étaient pas si fun que ça, trop clichés à leurs yeux avides de débauches raffinées. On fêtait Noël de tous les côtés, par tous les moyens ; c'était la période des joies, des retrouvailles et de la magie. Tout le monde appréciait Noël pour ce que ça apportait à chacun.

Et je me souvenais que parmi ces adorateurs, il en faisait partie.

Il aimait Noël, Minho.

Et il n'était pas présent sur Sunset Center.

Le contraste était renversant. Je crois que je l'avais cherché du regard au milieu de cet amas de visages identiques, en vain. Et je repartis. Dépité à l'intérieur, frigorifié à l'extérieur.

Depuis la plage, cet après-midi où je lui avais tourné le dos, Minho avait de nouveau disparu de ma vie. Comme fruit de mon imagination, apparition précaire. Comme nos traces dans le sable mouillé que l'écume venait effacer. Et cette fois, dans mon cœur, parmi les débris de confusions, ça avait tranché un peu plus profondément que précédemment. C'était ça, le manque, m'avait-on dit. Un manque cruel.

Aux côtés de divin et d'éphémère, j'avais pu poser ce mot-là. Minho me manquait.

Je serrai mon manteau roulé en boule contre moi et marchai le long de Sunset Center, longeant les gens et leurs cris. Je savais pas vraiment où j'allais, je crois que je partais dans la direction opposée à mon appartement. Je voulais retrouver son confort, la douceur de mes draps et la chaleur de mes murs. Pourtant, je poursuivais ma route dans la nuit. L'air froid rentrait dans mes oreilles, m'immobilisait les joues. Je tremblai pourtant je continuai, c'était vivifiant. Mes pieds frôlèrent l'entrée du parc où je retrouvai souvent Felix et ce fut sans surprise que je le trouvai vide. Quelques lampadaires bordaient le chemin de graviers et leur lumière dessinait mon ombre dans l'espace. Mon jean collait désagréablement mes jambes gelées, je ne sentais plus mes doigts que je frottais contre mes bras.

J'étais seul.

Il me semblait que mon téléphone vibrait dans la poche de mon manteau mais je ne daignais le sortir. De toute manière, je serais incapable de l'utiliser de mes mains frigorifiées. Derrière, Noël et ses cris sous le rock s'éloignaient petit à petit et bientôt, je me retrouvai dans le silence du vent qui me brûlait les oreilles.

J'arrivais sur un parking, celui qui accueillait les lecteurs du dimanche et les affamés du lundi matin devant le Café du Port. Il ne se trouvait pas au niveau du port et je me souviens que Jeongeun pouffait souvent quand on s'y rendait, elle me le répétait à chaque fois. Devant la petite terrasse surélevée, il y avait peu de places disponibles pour les automobilistes - l'établissement était bien trop accolé au parc pour permettre plus d'espace pour des voitures. Il était peu rempli : je comptai la Mini-Cooper des propriétaires qui habitaient juste au-dessus du café, puis la Range Rover de la maire qui se garait toujours à l'écart pour les événements de la ville.

Puis au centre du vide des autres places, y'avait cette Jeep dont le moteur était allumé. Une qui repoussait les festivités trop joyeuses et polies, choisissant sa propre chaleur et sa solitude.

J'avançai sur le bitume humide, serrant plus fort mon manteau. Mes pas tanguaient sans que je comprenne pourquoi, mon cœur s'arrachai sans que j'en saisisse la raison. J'avançai encore et encore, la brise fouettait et les sons vibraient.

Je me souvenais, Minho aimait Noël mais pas les coquilles Saint-Jacques.

Alors qu'est-ce qu'il foutait au volant de cette Jeep, autant à l'écart d'un monde qui lui ressemblait ?











;『• • • ✎ nda • • •』;

je coupe en deux^^

bonne année <3

if walls could talk | minsung ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant