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- 24 décembre 2022, 9h30. Appartement d'Eva, 15ème arrondissement de Paris -

- « Non mais tu te rends compte qu'il m'a amenée devant l'Élysée ? », m'exclamai-je, faisant soupirer mon ami à l'autre bout du fil.

Tirant le rideau d'une des fenêtres du salon pour observer la vue au-dehors, j'attendais que Laurent ne formule une réponse tout en finissant ma deuxième tasse de café de la matinée, pensive. J'avais eu le malheur de raconter à mon ami mon entrevue d'hier avec Emmanuel, ce qui l'avait poussé à m'appeler pour entendre ce que j'avais à dire de vive voix et voilà que nous nous retrouvions encore en train de parler de son frère, à mon grand regret.

- « Eva... je pense qu'il fait de son mieux pour retourner à une vie la plus normale possible mais c'est une partie importante de sa vie sur laquelle il vient de tirer un trait. Énormément de choses se sont passées pendant ces cinq ans : c'est normal qu'il soit à la fois attaché à ce lieu et impacté par ce qui s'y est passé. On doit essayer de le comprendre et de composer à la fois avec l'Emmanuel que l'on connaît et avec l'Emmanuel qui a été notre Président à tous pendant cinq ans. »

- « Je sais. », soufflai-je, déposant ma tasse de café dans l'évier.

- « Je sais que ce n'est pas facile, Eva... Mais tu t'en sors bien, crois-moi ! », blagua-t-il.

- « Hum... », râlai-je, un sourire dans la voix.

- « Perso, je trouve que c'est une belle preuve d'amitié de t'avoir raconté tout cela et de t'avoir amenée là-bas : il partage tout cela avec toi comme il l'a fait avec moi. Et je suis son frère... »

Je réfléchis quelques secondes à ce que mon ami venait de dire, me remémorant la conversation que j'avais eue avec son frère la veille. C'était peut-être la seule chose que j'osais encore attendre de cette relation pour le moment mais je dois avouer qu'Emmanuel s'était effectivement montré très sincère et ouvert depuis qu'il avait repris contact avec moi et il est vrai que j'appréciais cela malgré moi.

- « Oui, tu as raison. », admis-je en esquissant un léger sourire.

- « Donc tout cela ne t'empêchera pas de venir fêter Noël avec nous ce soir ? », me demanda Laurent sur un ton espiègle.

- « Non, Laurent Macron : rien ne m'empêchera de voir ma filleule, son frère et sa sœur aujourd'hui. », répondis-je sur un air de défi.

- « Et Emmanuel... », laissa en suspens Laurent.

Il était audible qu'il attendait ma réaction, ce qui me fit sourire une nouvelle fois.

- « Et Emmanuel... », soupirai-je, ce qui fit rire mon ami à l'autre bout du fil. « Et toi, surtout ! »

- « Roh, allez, on se voit tout le temps, Garner : ne me dis pas que je te manque déjà ? », répondit-il avec humour.

- « Je n'ai jamais dit ça. », souris-je.

- « Mouais... », renchérit-il. « Les enfants ont hâte de te revoir. », ajouta-t-il.

- « Moi aussi. », souris-je. « Ça va si je viens pour 20h30 ? C'est ce que l'on s'était dit, non ? », demandai-je.

- « Oui, parfait. On sera là un peu plus tôt, nous, sur la fin d'après-midi, mais je vais t'épargner de passer trop de temps avec Emmanuel : je crois que cela vaut mieux. », blagua-t-il.

Je ris silencieusement, secouant la tête de droite et de gauche face à cette remarque. Dehors, le temps était particulièrement ensoleillé, les derniers jours de décembre nous offrant une belle lumière caractéristique de la saison et je profitais de la douce chaleur baignant la fenêtre devant laquelle je me trouvais, ne répondant rien et laissant ainsi Laurent reprendre :

baby it's cold outside | Emmanuel Macron (christmas story)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant