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- 30 décembre 2022, 08h50. Résidence l'Écrin de Badet, La Mongie -

Réveillée depuis plus de trente minutes, j'étais perchée sur un des tabourets de la cuisine où Emmanuel et moi finissions notre petit-déjeuner, regardant Jérôme fermer la valise d'Amélie d'un œil circonspect. Depuis mercredi, notre amie ne se sentait pas bien. Elle avait pensé être remise sur pied rapidement dès le lendemain matin mais la journée d'hier n'avait fait que confirmer son état. Très fatiguée de sa déjà trop courte nuit de la veille, Amélie était restée à la résidence pendant notre sortie de l'après-midi durant laquelle nous étions allés skier. Cette fois-ci, Jérôme nous avait accompagné mais Emmanuel et moi avions bien remarqué que cela dérangeait notre ami de laisser sa femme seule. Amélie ne se sentant toujours pas mieux ce matin, le couple avait donc pris la décision de rentrer sur Paris dès aujourd'hui afin de « ne pas compromettre nos vacances ». J'échangeais de nouveau un regard avec Emmanuel, constatant qu'il pensait la même chose que moi : leur décision nous semblait toujours aussi prématurée que lorsqu'ils l'avaient évoquées vingt minutes plus tôt.

- « Tu es sûre que tu ne veux pas essayer de te reposer encore un peu ? », proposai-je à mon amie. « C'est dommage de partir aussi tôt. »

- « Si c'est pour comater, autant comater chez moi. », répondit Amélie dont le teint blême suffisait à me convaincre de ce quelle avançait.

- « Ça peut n'être que passager et demain tu iras mieux ? », dit Emmanuel. « Tu as repris un cachet ? »

- « Oui. Mais vu les dernières nuits que j'ai passé c'est sans doute une gastro... Je ne veux pas vous la refiler : vous avez des obligations vous deux quand vous rentrerez sur Paris. »

- « Moi, plus vraiment mais... », sourit Emmanuel d'un air amusé.

Malgré le contexte, je ne pus m'empêcher de sourire devant l'expression détendue de mon ami. À l'entendre ces derniers jours, ces quelques jours de vacances loin de Paris et son avancée dans la rédaction de ses mémoires l'aidaient à faire la paix avec ce sentiment d'inachevé qu'il avait pu avoir en renonçant à un nouveau mandat à la présidence.

- « C'est mieux que l'on rentre, je vous assure. », insista Amélie. « On pourra toujours se voir à Paris. », dit-elle en esquissant un sourire aussi faible que son état le lui permettait.

- « Oui, bien sûr ! », acquiesçai-je.

- « Avec plaisir. », approuva Emmanuel.

- « C'est bon, chérie : on peut y aller. », dit Jérôme qui venait de revenir dans le salon, traînant derrière lui leurs deux valises.

Il avait posé le sac à main d'Amélie sur l'une d'entre elle et le lui passa sur l'épaule avant de déposer un baiser sur son front, l'air toujours aussi soucieux de son état. Amélie se leva tant bien que mal du tabouret sur lequel elle était assise et je me levais à mon tour pour accompagner mes amis jusqu'à l'entrée, Emmanuel faisant de même.

- « On vous laisse les clés, vous n'aurez qu'à les remettre à la réception quand vous partirez. », dit Jérôme.

J'aurais aimé que cette perspective m'enchante davantage. Pourtant, mon visage se mua une nouvelle fois en une moue perplexe à l'évocation de cette idée : cela me dérangeait de profiter d'un logement de vacances tout frais payé par mes amis alors que mes amis n'étaient même plus là pour en profiter eux-mêmes.

- « Eva, il n'y a pas de soucis, je t'assure. », dit Amélie d'une voix douce en voyant mon expression. « Tu as prévu des vacances jusqu'à début janvier et on a déjà réglé la facture : autant en profiter. Ça revient au même que nous soyons là ou pas. », me sourit-elle en posant une main amicale sur mon épaule.

baby it's cold outside | Emmanuel Macron (christmas story)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant