Chapitre 10

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Il se retire brusquement de moi, ce qui m'arrache une grimace de douleur, et s'assied sur le lit pour jeter son préservatif usagé dans la corbeille.

— Allez, on s'habille : je vais te présenter à ma mère.

Il se lève d'un bond et passe son jean à même la peau. J'ai du mal à m'assoir car je suis toujours ligoté.

— Louis, je ne peux pas bouger.

Il se penche pour défaire le nœud. L'empreinte que l'étoffe a laissée sur mes poignets me trouble. L'œil pétillant, il m'embrasse rapidement sur le front et m'adresse un sourire radieux.

— Encore une première, lance-t-il.

Je suis en train de me demander à quoi il fait allusion quand tout d'un coup, je panique. Sa mère ! Nom de Dieu ! Elle nous a pratiquement surpris en flagrant délit et en plus, je n'ai pas de vêtements propres à me mettre.

— Il vaut peut-être mieux que je reste ici.

— Pas question, menace Louis. Je peux te prêter quelque chose.

Il enfile un tee-shirt blanc et passe sa main dans ses cheveux ébouriffés. Malgré mon
angoisse, je perds le fil de mes pensées. Sa beauté me stupéfie.

— Harry, même avec un sac à pommes de terre tu serais ravissant. Je t'en prie, ne
t'en fais pas. J'ai vraiment envie de te présenter à ma mère. Habille-toi. Je vais aller la rassurer.

Sa bouche se pince.

— Je t'attends dans cinq minutes, sinon je viens te chercher, quelle que soit ta tenue. Mes tee-shirts sont dans ce tiroir. Mes chemises sont dans le dressing. Sers-toi.

Il me dévisage un moment, songeur, puis s'éclipse.
Et merde, merde, merde. La mère de Louis ! Je n'en demandais pas tant. Cela dit, ça m'aidera peut-être à reconstituer une partie du puzzle. À comprendre pourquoi Louis est tel qu'il est... Oui, en fin de compte, j'ai très envie de la rencontrer. Je ramasse ma chemise par terre, ravi de constater qu'elle est à peine froissée. Mais s'il y a une chose que je déteste, c'est de ne pas porter de caleçon propre. En fouillant dans les tiroirs de Louis, je déniche ses boxers. Après avoir passé un Calvin Klein gris ajusté, j'enfile mon jean et mes Converse.
Je me précipite dans la salle de bains : j'ai les yeux trop brillants, les joues trop roses, et quant à mes cheveux... l'horreur ! Le chignon style « je viens de me faire sauter », ça ne me va pas, mais alors pas du tout. Je fouille dans l'armoire à la recherche d'une brosse : je ne trouve qu'un peigne. Je vais devoir m'en contenter. Je rattache mes cheveux rapidement en contemplant ma tenue, désespéré. Je devrais peut-être prendre Louis au mot et accepter qu'il m'offre des vêtements. Ma conscience, offusquée, lâche le mot « pute ». Je ne l'écoute pas. J'enfile ma veste, ravi que les manches recouvrent les traces laissées sur mes poignets par la cravate, et je jette un dernier coup d'œil anxieux au miroir. Ça va devoir aller. Je me rends dans la salle de séjour.

— Le voici.

Louis se lève du canapé avec un regard chaleureux et admiratif. Une femme aux cheveux blonds-roux se retourne pour m'adresser un sourire radieux et se lève à son tour. Dans sa robe en laine mérinos camel et ses chaussures assorties, elle est très élégante, ce qui me donne envie de rentrer sous terre : j'ai l'air d'un sans-abri à côté d'elle.

— Maman, je te présente Harry Styles, Harry, je te présente Grâce William-Tomlinson.

Le Dr William-Tomlinson me tend la main. W, pour William ? L'initiale brodée sur le
mouchoir en lin ?

— Ravie de faire votre connaissance, dit-elle.

Si je ne m'abuse, sa voix et son regard noisette chaleureux expriment à la fois
l'émerveillement, l'étonnement et le soulagement. Je lui serre la main en lui rendant son sourire.

CINQUANTE NUANCES DE TOMLINSONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant