Chapitre 5

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Silence. Lumière tamisée. Je suis bien au chaud dans un lit. Mm... J'ouvre les yeux et, pendant un instant, je savoure la sérénité de cette chambre inconnue, dont la tête de lit en forme de soleil m'est pourtant curieusement familière, tout comme la palette de tons bruns, beiges et dorés du décor luxueux. Mon cerveau embrumé tâtonne dans mes souvenirs récents. Une suite de l'hôtel Heathman... Et merde. Je suis dans la suite de Louis Tomlinson. Qu'est-ce que je fais là ?
Des souvenirs épars remontent lentement à la surface. La boisson - aïe, j'ai trop bu -, le coup de fil - aïe, je l'ai appelé -, les vomissements - aïe, j'ai vomi -, Liam, Louis. Non, non, non ! Je me recroqueville. Je ne me rappelle pas comment je suis arrivé jusqu'ici. Je porte mon tee-shirt et mon caleçon. Pas de chaussettes. Pas de jean. Et merde.
Je jette un coup d'oeil à la table de chevet. Un verre de jus d'orange et deux comprimés d'Advil : en authentique maniaque du contrôle, il a tout prévu. Je m'assieds pour avaler les comprimés. En fait, je ne me sens pas si mal que ça. Le jus d'orange a un goût divin.
On frappe à la porte. Mon coeur ne fait qu'un bond et je n'arrive pas à retrouver ma voix. Il entre sans y être invité.
Il a déjà fait sa gym, car il porte un pantalon de survêt gris qui lui descend sur les hanches et un tee-shirt gris sans manches trempé de sueur, comme ses cheveux. La sueur de Louis Tomlinson... rien que cette idée me trouble. J'inspire profondément en fermant les yeux, comme quand j'avais deux ans. Si je ferme les yeux, je ne suis pas vraiment là.

— Bonjour, Harry. Comment vous sentez-vous ?

— Mieux que ce que je mérite.

Il dépose un gros sac en plastique sur une chaise et agrippe la serviette qui lui pend autour du cou. Comme toujours, je n'arrive pas à deviner ce qu'il pense.

— Comment suis-je arrivé ici ? fais-je d'une petite voix contrite.

Il s'assied au bord du lit, assez près de moi pour que je le touche, que je le sente. Oh mon Dieu... la sueur, le gel douche, et Louis. C'est un cocktail enivrant -bien plus qu'une margarita, et désormais je parle d'expérience.

— Vous vous êtes évanoui, et je n'ai pas voulu faire courir aux sièges de ma voiture le risque de vous raccompagner chez vous. Alors je vous ai emmené ici, m'explique-t-il, flegmatique.

— C'est vous qui m'avez couché ?

— Oui.

— J'ai encore vomi ?

— Non.

— Vous m'avez déshabillé ?

— Oui.

Il hausse un sourcil ; je rougis furieusement.

— Nous n'avons pas... ?

Ma bouche est trop sèche pour que je termine la question.

— Harry, vous étiez dans le coma. La nécrophilie, ça n'est pas mon truc. J'aime qu'un homme soit conscient et réceptif.

— Je suis vraiment navré.

Il a un petit sourire ironique.

— Ce fut une soirée très divertissante. Je ne risque pas de l'oublier.

Moi non plus - hé, il se moque de moi, ce salaud.

— Je ne vous ai pas obligé à me repérer avec vos gadgets à la James Bond, que vous êtes sans doute en train de développer pour les vendre au plus offrant !

Il me dévisage, étonné et, si je ne m'abuse, un peu blessé.

— Premièrement, la technologie nécessaire à tracer les appels des téléphones portables est largement disponible sur Internet. Deuxièmement, ma société ne fabrique pas d'appareils de surveillance. Troisièmement, si je n'étais pas venu vous chercher, vous vous seriez sans doute réveillé dans le lit de ce photographe, et si j'ai bien compris, vous n'étiez pas particulièrement ravi qu'il vous poursuive de ses assiduités.

CINQUANTE NUANCES DE TOMLINSONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant