8- Neko, mascotte du A Alliance

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« Oh non, même pas en rêve, blondinet ! cracha Neko, l'œil étincelant, la patte levée, toute en menace contenue. Je te défie d'essayer. »

Il y avait plusieurs jours qu'elle avait élu domicile dans le A Alliance comme mascotte, et sa vie était assez confortable. On lui avait installé un coussin, une litière, de l'eau et de la nourriture dans la salle commune, et ce n'était pas trop mal d'être vénérée par tous les élèves de seconde, même si elle regrettait un peu de n'être plus le secret de Shoto. Mais en même temps, elle n'aurait sans doute pas supporté l'enfermement. « Bah, ce qui est fait est fait. »

De temps en temps, le prof mal rasé venait la voir. Elle l'avait très vite rangé sur la liste Ronron, c'est-à-dire la listes des humains qu'elle gratifiait de son ronronnement. Contrairement à ses excités d'élèves, il n'était pas bruyant, ni envahissant, ni étouffant, et il n'essayait pas de la prendre dans ses bras pour un oui ou pour un non ; et surtout, elle pouvait lire dans son regard sa profonde déférence pour la gente féline.

Cet après-midi, elle s'était donc étendue devant la vitre pour se gorger de chaleur dans le carré de soleil (Atsuko avait une théorie à ce sujet, qui faisait des chats une espèce cousine des plantes en pot). Elle était donc en train de tirer le maximum de son état de semi-coma extatique quand les grosses bottes qui entraient lourdement dans la pièce la firent sursauter. En deux bonds elle était sur son coussin en haut de l'étagère, pour toiser sévèrement l'intrus... qui se révélait l'humain qu'elle aimait le moins de tout le bâtiment.

L'affreux pétard blond s'était dirigé vers elle, soutenant de ses méchants yeux rouges le regard méprisant qu'elle lui jetait. Il s'agissait vraiment de son regard le plus méprisant, pas le tu-es-un-être-inférieur, mais le tu-vaux-même-pas-le-sac-poubelle-pour-te-jeter-à-la-mer.

L'autre ne baissa pas les yeux, au contraire il se permit d'approcher sa grosse paluche —immédiatement sanctionné d'un coup de patte. La main se resta figée en l'air, comme indécise ; Neko avait la fourrure hérissée et les oreilles couchées en arrière. Elle vit qu'il serrait la mâchoire. Le froncement de sourcil rendait encore plus effrayant les yeux de braise fixés sur elle.

Effrayants ? En fait, elle tremblait. Elle ne pouvait dissocier la douleur, sa douleur, de ces traits durs et brutaux. Elle n'avait pu se métamorphoser qu'une seule fois depuis le début de la semaine, mais elle avait vu que son dos était tout couvert de bleus. Le pire... Elle savait, elle le lisait dans ses yeux rouges, qu'il sentait sa peur. Il finit par laisser retomber sa main, et se détourna d'un coup.

— Tch.

Il fit trois pas, et se laissa tomber sur un canapé. Il poussa un profond soupir, et resta un moment affalé, la tête renversé en arrière. Puis il se redressa, tourna la tête furtivement pour confirmer qu'il n'y avait personne d'autre, et il se remit à la fixer de loin, en restant sur son canapé. De temps en temps, il détournait la tête, l'air énervé, et marmonnait dans son poing :
— C'est vraiment d'la connerie...

Et de recommencer son petit manège, sous le regard méfiant de Neko.

« Quel mec chelou. » Franchement, elle ne comprenait pas son problème. Tous les soirs, quand il y avait tout le monde dans la salle commune,  quelques uns tentaient de s'attirer ses bonnes grâces par de la nourriture ou un jouet ou des caresses, mais elle sentait toujours un regard fixé sur elle. À chaque fois, elle espérait que c'était celui de Shoto, mais non, c'était ce mec-là qui la fixait, allez savoir pourquoi. ou alors, il essayait de l'approchait quand il n'y avait personne, comme maintenant... « Ce gars-là sent le chien. »

My Hero Academia : Atsuko TodorokiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant