4- Weekend chez les Todoroki

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Il était samedi soir ; mais pour les super-héros comme pour les pompiers et les policiers, il n'y a pas de week-end qui tienne, surtout pour l'agence numéro 1 du classement. Ainsi, la journée avait été tout aussi remplie que d'habitude pour l'agence d'Endeavor.
Enfin, c'était l'heure où chacun pouvait rentrer chez lui — sauf ceux qui assuraient la permanence de nuit. Le numéro 1 lui-même n'avait plus que quelques documents à classer avant de partir.
Assis à son grand bureau, il entendit la porte s'ouvrir dans son dos.

— Burnin, c'est toi ? Demanda-t-il. Tu as quelque chose à me signaler ?

Pas de réponse, seulement le son de pas légers qui s'approchaient de lui. Avant qu'il puisse se retourner, deux mains se posèrent sur ses yeux pour lui bloquer la vue.

— C'est qui ? chantonna une voix enjouée qu'il connaissait très bien.

Il poussa un profond soupir.

— Atsuko. Tu es censée être au pensionnat de Yuei.

Les petites mains s'écartèrent, et Atsuko tourna le fauteuil de son père vers elle pour lui présenter son visage souriant.

— On m'a laissé sortir, répondit-elle d'un ton léger. Je suis venue te chercher pour rentrer à la maison !

« Mensonge. » Il était tout à fait au courant des raisons pour lesquelles Yuei avait décidé de garder ses élèves sous clé. Personne n'avait donné de permission de sortie à Atsuko.

Pourtant il ne dit rien. Il se montrait lui-même plus que permissif avec elle. Peut-être le charme agissait-il aussi sur ses professeurs de Yuei ?

Il n'avait pas l'intention de la gâter ; mais Atsuko...
Il plongea ses intenses yeux bleus dans les grands yeux métalliques de sa fille. Pas le moins du monde troublée, Atsuko s'amusait à faire serpenter entre ses doigts un filet de vapeur.

« Elle a toujours cette lueur dans le regard... »
Le héros Endeavor passait ses journées à gérer des criminels, des suicidaires et dérangés en tout genre, alors il savait la reconnaître. L'étincelle de la folie.

Son instinct lui soufflait qu'Atsuko Todoroki était folle à lier.
Mais... il ne pouvait jamais se résoudre à faire quoi que ce soit ; parce que toute les fois que cette petite fille lui faisait ce grand sourire en levant vers lui ses yeux déments, toutes les souffrances qu'il avait causé à sa famille lui sautaient au visage.
C'est ta faute, c'est ta faute, scandait une voix dans sa tête. La disparition tragique de Toya. La crise de nerf de Rei. La rancœur de Shoto et Natsuo. Alors quelque part il lui semblait que la démence de son enfant aux cheveux rose était un miroir et châtiment de la sienne, à lui, qui avait détruit la famille Todoroki.

Il éprouvait pour elle une affection particulière, et en même temps il en avait peur ; une immense compassion teintée de culpabilité étreignait son cœur. Son devoir lui présentait l'option rationnelle — de l'interner en hôpital — mais en même temps il avait un sentiment confus qu'il était juste de lui laisser une chance, que c'était la seule chose qui pouvait le racheter lui...

Et à chaque fois, pendant qu'il restait paralysé par l'assaut d'émotions diverses, elle prenait l'initiative, lui attrapait le doigt avec ses petites mains et le menait partout où elle voulait, avec son sourire dérangé, et lui ne savait pas lui résister.

— Papa, Paaapa ! Tu rêves !
La voix d'Atsuko le tira de ses méditations.

— Oui, désolé, répondit-il platement.

— Viens, dit-elle en essayant de le tirer par le bras, on - y - va !

Enji Todoroki hocha simplement la tête, se leva et se laissa conduire.

My Hero Academia : Atsuko TodorokiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant