Les périples d'une guérisseuse - Tome 2

Chapitre 1 : un réveil difficile

C'est une sensation connue qui me ramena dans mon corps. Une sensation d'être secouée par un mouvement répétitif et rapide. J'ouvris péniblement les yeux pour constater que j'avais la tête en bas. L'odeur âcre que je reconnue aisément me fit office de piqure de rappel. Je bougeais légèrement les bras et constatais deux choses : d'abord, mes mains étaient liées par une horrible corde et ensuite, la terrible douleur qui me traversa l'épaule. Je gémi le plus silencieusement possible en serrant les dents. Une douleur lancinante me comprimait la boite la crânienne, signe que l'on avait dû me frapper, et pas qu'un peu. La conscience amenant que douleur, je me laissais glisser à nouveau dans les limbes, espérant mon prochain réveil moins douloureux.

Un violent choc me fit à nouveau rouvrir les yeux. Il faisait totalement noir autour de nous, seule la lumière de la lune éclairait de ses rayons blafards les silhouettes difformes des orques. Ceux-ci étaient apparemment en train de s'activer afin de préparer un campement. Je me tournai un peu dans l'autre sens. Le mouvement me déclencha une vague de douleur venant de mon épaule gauche ainsi que de mes côtes. Je gémi en expirant l'air de mes poumons. Mon regard parcouru l'herbe près de moi avant de croiser des silhouettes connues.

- Dame Isidore ? Est-ce que ça va ?

Pippin avait seulement chuchoté. J'hochai faiblement la tête.

- Et vous ?

Il hocha la tête avant de regarder à nouveau Merry. Celui-ci avait l'air d'être en moins bonne santé, plus faible. J'allais me rapprocher d'eux lorsqu'un mouvement de foule attira mon attention. Les orques étaient apparemment en train de se disputer au sujet de leur absence de repas. Soudain, un des leurs saisi les hobbits pour les mettre debout. Je me redressai un peu. Ils continuèrent de se chamailler, jusqu'à qu'une tête ne vole au-dessus du groupe. Il y eu une cohue générale, les hobbits retrouvant violement le sol. Je me trainai vers eux lentement tandis qu'une horrible silhouette les surplombait.

- Merry ! Pippin !

Ils se retournèrent pour voir l'orque, épée en main.

- Allez-y, rampez pour votre salut, criez ! Personne ne viendra vous sauvez maintenant !

Avant qu'il n'ait pu abattre son épée, une flèche lui perça la tête. Plusieurs autres volèrent dans l'air tandis que je rampais vers les hobbits. Des bruits de combats finirent par nous encercler, ainsi que le hennissement de chevaux. J'évitai de peu les sabots d'un cheval en roulant sur moi-même pour rejoindre les hobbits. Nous nous redressâmes ensemble tant bien que mal, puis nous avançâmes prudemment entre les combattants. Je saisi une épée au sol et libérai les hobbits de leur lien. J'observai un peu les alentours et avisais la forêt non loin.

- Dans la forêt !

Nous traversâmes le champ de bataille, plié en deux afin de ne pas offrir de cible. Un orque nous fit face, épée brandit. Je parai son coup tant bien que mal en m'adressant aux semi-hommes.

- Allez dans la forêt !

- Mais...

Je parai une nouvelle fois en me plaçant devant les hobbits. Je tranchai le torse de mon adversaire. Je tournai légèrement la tête vers mes compagnons.

- Maintenant !

J'avais crié, attirant malheureusement l'attention des monstres autour de nous. Je poussai sans ménagement les hobbits, et échangeai des coups avec mes adversaires. Je vis des chevaux écraser sans ménagement des orques au sol, les piétinant de leur sabot. Les cavaliers étaient protégés par des armures brillantes sous les rayons de la lune. L'un d'eux s'approcha de moi tandis que je retirai mon épée d'un cadavre. Son cheval me frôla de peu. Je me penchai légèrement sur le côté. Je levais à temps mon épée afin de contrer la hache sur ma gauche. En faisant un arc de cercle, j'éloignai la lame puis m'avançai d'un geste sec pour planter la mienne dans le torse de l'orque. Celui-ci cria tandis que ses yeux se révulsaient avant que son corps ne tombe en arrière, se retirant par lui-même sur mon épée. Je soupirai de soulagement, avant d'être à nouveau bousculé. Je reçus un nouveau coup à l'épaule, ravivant violemment la douleur. Des larmes perlèrent aux coins de mes yeux, tandis que je me redressais difficilement. La horde avait été éclaircie et seuls quelques orques restaient à se battre, dont celui sur ma gauche, épée levée. Je levai mon bras droit juste à temps pour parer sa lame. J'essayai à nouveau de faire un arc de cercle pour éloigner son épée, mais cela ne marchait pas deux fois de suite. Il éloigna mon épée d'un geste sauvage, me l'arrachant des mains. Je me jetais en arrière pour éviter sa lame et atterri lourdement sur le dos. Mon souffle se coupa à nouveau tandis qu'un nouvel éclair de douleur me transperça en divers endroits. L'orque, leva à nouveau son épée, prêt à l'abattre sur ma personne. Je voyais déjà ma vie défiler devant mes yeux, quand une flèche se logea dans sa tête, le faisant tomber mollement à mes pieds. Je me redressai laborieusement sur mes coudes, les yeux exorbités tandis qu'une imposante silhouette s'approchait de moi. Un vertige me recoucha au sol tandis que la douleur devenait insupportable. Mon corps n'arrivait pas à définir l'endroit le plus atteint : l'épaule ? Le crâne ? Les côtes ? Je tentais de reprendre une inspiration plus longue, les yeux fermés, alors que la silhouette se penchait sur moi.