Je roule dans les rues. Le paysage qui m'entoure défile à toute vitesse. Penchée sur ma moto, les cheveux qui ne sont pas coincés sous mon casque, volent derrière moi, portés par le vent. La limitation de vitesse m'empêche de rouler aussi vite que je le voudrais. La vitesse, mélange de danger et d'adrénaline. La liberté que l'accélération me procure. Je me concentre sur la route, ne pense plus à rien. Il m'arrive parfois de fermer les yeux sur les lignes droites, pour seulement ressentir le souffle frais de l'air sur moi. Je le sais, que c'est dangereux. Pourtant, je risque beaucoup plus ma vie dans mon second métier. Cela fait maintenant cinq ans que je travaille pour Esteban, et il ne m'est toujours rien arrivé. Certes, j'ai déjà eu deux ou trois accidents, mais jamais rien de grave. Je me suis toujours remise sur pied assez vite. Certainement trop vite parfois, animée par ma soif de danger. J'en ai pourtant gardé des séquelles de ces accidents-là. Comme une assez grosse cicatrice à mon genou droit, suite à une balle reçu à cet endroit. Cependant, je continue de risquer ma vie. Si je reste vivante, tant mieux, si je quitte ce monde tant mieux aussi. Je n'ai plus personne pour me retenir ici. Mon père n'est plus de ce monde et la deuxième personne que j'aurais dû le plus aimé dans ma vie me dégoûte, et, là ou elle est maintenant, je ne le verrais certainement plus jamais. Je n'en ressens pas l'envie.
Je me gare devant l'hôtel, retire mon casque. Aujourd'hui, on nous annonce notre nouvelle mission. Évidemment, j'ai peur de ne pas en faire partie pour le manque de respect que j'ai eu envers lui quelques jours plus tôt.
Contrairement à hier, je ne suis pas la première, mais plutôt la dernière. Je suis surprise de voir que sa technique a fonctionné. Tout le monde est présent dans la salle et attend avec impatience de savoir ce que nous allons maintenant faire.
Lorsque je pose mes affaires, je vois Alcaraz s'avancer vers moi. Il s'assoit sur l'accoudoir du canapé qui se situe juste à côté de moi et prend la parole :
- Tu es venu à moto aujourd'hui ? Cela faisait longtemps que l'on ne t'avait pas vu avec. Pourtant, elle est magnifique, tu devrais être fière de la montrer à tout le monde.
- Non, je suis venu en bus. J'ai seulement pris un casque parce que j'avais peur d'avoir un accident, dis-je en levant les yeux au ciel. Bien sûr que je suis venu à moto. Et bien évidemment que je suis fière de la montrer, mais il n'y a pas de parking à côté de là où je travaille, je suis obligée de venir en autobus.
Je dois avouer que je suis assez surprise. C'est rare qu'Esteban nous parle aussi gentiment. Je dirais même qu'il nous parle tout court. D'habitude, c'est seulement deux ou trois fois quand il est obligé ou pour nous annoncer notre nouvelle mission comme il s'apprête à le faire.
- Cette mission, ne concerne pas directement notre agence, mais nous touche tout autant. Une des agences alliées à la notre, avec laquelle il nous arrive de travailler est en danger. Un de leurs hommes s'est fait enlever par un de nos concurrents. Je vous connais et vous allez me dire « Pourquoi serait-ce à nous d'y aller ? ». Car ils sont déjà sur une mission de la plus haute importance est que plus personne n'est disponible pour le sauver à part nous. Nous ne pouvons cependant pas les laisser dans leur galère tout seul alors qu'ils nous ont tant de fois sauvé la mise. Les personnes qui viendront avec moi, je vous préviens d'ors et déjà qu'il faudra faire vite. On ne sait aucunement ce qu'ils sont capables de faire à ce pauvre homme. Imaginons qu'ils le torturent, il ne faudrait surtout pas qu'il donne des informations confidentielles pour y échapper.
C'est rare qu'il annonce une mission de ce type. Malgré moi, je ne comprends pas son obstination pour celle-ci. Il n'a jamais accepté de travailler pour une autre agence. Il peut être gentil je n'en doute pas -bien que ce soit assez rare-, mais je ne peux m'empêcher de me demander s'il n'y a pas une belle récompense à la clef.
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J'aurais aimé pouvoir te dire...
RomanceEmma-Lynn est jeune, a un bon boulot dans une agence de traduction, des collègues gentils. Mais, et si elle avait déjà bien trop souffert ? Et si elle était remplie de cicatrices invisibles mais pourtant indélébiles ? Pour elle, la seule manière d'a...