𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔

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Jeudi soir

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Jeudi soir.

C'est calme, ce soir. La télévision émet une douce musique que j'ai sélectionné une fois sorti de la douche. Les rayons du soleil s'amoindrissent et éclairent le canapé du salon, mais aussi les murs blancs de la cuisine.

Je passe si peu de temps chez moi que lorsque je me retrouve seul avec mes meubles et le silence pensant qui m'entoure en permanence, je me sens un peu mal à l'aise. Comme si le fantôme de ma femme était encore là, quelque part. Comme si son refus de déménager ne faisait qu'accentuer la douleur que j'assimile à présent à ce lieu.

Personne n'a compris ma décision de rester habiter ici après son meurtre. Je me rappelle même avoir eu une conversation explosive avec ma petite sœur, Reiko, qui refusait que je reste vivre et dormir là où Noa avait été sauvagement assassinée.

Malgré toutes les injonctions de ma benjamine, je ne suis jamais parvenu à changer d'avis.
Je refuse catégoriquement de laisser le Naitokirā gagner.

Oui, mon épouse est morte ici. Oui, la perspective de rester y vivre tout en sachant que son fantôme doit errer quelque part me cause de la peine, mais déserter signifierait que je permets au tueur en série de disposer de ma vie comme il l'entend.

Pour cette raison, je refuse de me plier à ses volontés.

Je me lève alors de mon fauteuil et range le livre que j'étais en train de lire dans la bibliothèque, partant récupérer un rouleau de papier-cadeau dans le placard de la chambre.Ce soir, je suis convié à dîner chez ma petite sœur pour célébrer son anniversaire. Et qui dit dîner, dit d'autres invités, à mon plus grand damne. Je sais que Reiko a appelé quelques personnes en plus : des amis proches, pour fêter cet évènement. Cette perspective ne me plaît pas. Elle ne me plaît pas du tout.

Les gens se montrent en général très intrusifs concernant ma vie privée et professionnelle. Ils veulent tous en connaître plus sur l'affaire du Naitokirā, si je me suis remis de la mort de ma femme et d'autres sujets de ce genre. Et lorsque les autres acceptent enfin de me foutre la paix, c'est ma sœur et son envie de me voir de nouveau en couple qui refont surface.

La personnalité enjouée et solaire de Reiko est à l'exact opposé du cynisme, qui, je le sais, me définit au premier regard.

Elle décrète qu'une existence est trop brève pour être vécue en songeant sans cesse au passé. Je sais qu'elle a raison, mais je ne parviens pas à m'y résoudre.

Je consulte l'heure sur ma montre et accélère l'emballage du paquet-cadeau en voyant que je risque d'être en retard.

J'attrape la petite boîte nouée avec soin et rejoint le trottoir de ma rue en à peine cinq minutes.
Ça me fait toujours bizarre de passer mes soirées hors du commissariat et de mon bureau. Lors de ce genre de nuits, j'ai l'impression d'être, enfin, un humain lambda qui s'apprête à fêter l'anniversaire de la seule véritable famille qui lui reste.

L'enfer a ses raisonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant