Mercredi.
Il n'a fallu qu'un jour après mon entrevue avec Fujita avant que mon téléphone ne sonne de nouveau, un agent m'informant qu'une nouvelle victime a été retrouvée.
J'ai fait cinquante fois le tour de mon bureau avant d'enfin trouver le courage de m'y rendre, bien trop terrifié à l'idée de ce que je pourrais trouver là-bas.
J'avais raison. Et je déteste avoir raison.
Je n'ai pas eu à me rendre au domicile de la victime, comme depuis le début de l'affaire, mais dans un lieu public, en plein milieu du jardin est du Palais Impérial. Autant dire du jamais vu.
Je n'ai même pas encore eu le temps de me préoccuper du profil de l'homme qui a été retrouvé, estomaqué par ce lieu que le ou la coupable a osé désacraliser. L'assassin l'a entaché d'une réputation dont il ne pourrait plus jamais se débarrasser, sans compter que tout s'est déroulé en pleine matinée, à la vue de tous.
Alors que je rejoins mon équipe au niveau du périmètre de sécurité installé dans la zone, je ne prends pas la peine de saluer qui que ce soit. Je fonce comme un bulldozer vers le corps gisant sur la pelouse, caché entre quelques buissons et cerisiers habillés de leurs plus beaux pétales rosés.
Je me permets même de filtrer les informations que me donne l'une de mes agentes. J'ai honte de n'avoir aucune envie de connaître son nom, ni même son âge. Son identité ne m'intéresse pas. Ce qu'il a fait de son passé, les vices qui l'habitait, cependant, ça, j'ai besoin de l'entendre.
Cherchant Mao du regard, je me rapproche du corps. Je sais qu'il est arrivé avant moi et qu'il s'est sans doute chargé de l'enquête préliminaire ainsi que d'interroger les potentiels premiers témoins. Je l'observe, au loin, occupé à discuter avec une jeune femme alors que j'attrape la paire de gants en latex que l'on me tend.
Prenant une grande inspiration, tentant d'ignorer la sueur qui perle le long de mon dos, j'analyse le périmètre. À mon plus grand désarroi, il est impeccable et ne semble pas indiquer un quelconque changement ou altération de l'environnement. N'importe qui verrait que la dépouille de la victime a été déposée après son décès.
Cet endroit ne peut pas être la scène de crime.
D'innombrables points d'interrogations et de zones obscures envahissent mon esprit. Pourquoi l'assassin a-t-il repensé son mode opératoire ? Ce meurtre est-il seulement lié à notre affaire ?
Penché au-dessus du corps, je sens une nouvelle présence derrière moi. Jetant un coup d'œil en arrière, je constate qu'il s'agit de mon meilleur ami.
— Qu'est-ce qu'on sait ? demandé-je en constatant la blessure ouverte sous son menton.
— Aïki Masa, trente ans, commence-t-il en feuilletant son calepin. Il était avocat.
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L'enfer a ses raisons
Misterio / SuspensoIsao Saito, inspecteur de police, essaye de joindre les deux bouts depuis la mort de sa femme deux ans plus tôt. Alors qu'il s'enfonce toujours plus dans son travail, tentant d'oublier ce passé qu'il a laissé derrière lui, un tueur en série au mode...