La mélodie des coeurs (Gyomei x Sanemi)

XII

Gyomei remontait le couloir en direction de la salle à manger pour au moins la septième fois déjà. Il arpentait les lieux en silence, errant presque telle une âme en peine, cherchant à graver dans sa mémoire une carte mentale du bâtiment afin de ne plus s'y perdre ou de se cogner quelque part en pensant tourner dans un couloir. En même temps, ce dernier réfléchissait encore à ce qui était arrivé la nuit précédente, à ce qui se serait déroulé s'il ne s'était pas arrêté et que Sanemi non plus. Leur situation serait-elle différente ? Serait-elle encore pire ? Il n'en avait aucune idée, mais déjà les discussions qu'il avait avec son confrère d'arme lui manquaient.

Marchant, il n'entendit pas les pas rapides et légers qui semblaient courir dans le couloir, quand soudain, quelque chose le percuta brusquement. Un bruit de chute se fit entendre, tandis que d'autres pas approchèrent encore plus rapidement. Le géant se pencha, tendant la main, comprenant finalement ce qui venait de se passer.

- Tout va bien ? >>

- Oui m'sieur, merci m'sieur ! >> une petite main se glissa dans la sienne, s'en servant pour se redresser, avant de partir à toute vitesse à nouveau.

- Lyly, tu pourrais t'excuser ! Pardon monsieur, elle ne regardait pas devant elle. Désolé, on doit se dépêcher de rejoindre nos supérieurs, au-revoir >> s'excusa une deuxième jeune voix, avant elle aussi de repartir.

Il se figea complètement en réalisant. Les deux voix qu'ils venaient d'entendre n'appartiennent pas à plus que des adolescents, il aurait mit sa main à coupés qu'ils n'avaient pas plus d'une douzaine d'années. Repensant au poignet maigrichon qu'il avait tenu quelques instants, une fureur sourde et soudaine monta en lui. Pourquoi avait-il eu l'impression de tenir un squelette ? Pourquoi une enfant était-elle si maigre ?

Il continua son chemin, songeur au sujet des deux jeunes recrues qu'il venait de croiser, tandis qu'il descendait les escaliers. Soudainement, à nouveau de jeunes voix parvenaient à ses oreilles, le faisant se figer à nouveau, quand soudain, plus aucun mot ne se fit entendre, tandis qu'il sentait une tonne de regard sur lui. Un silence gêné prit place, avant qu'une personne qu'il ne connaissait bien s'approche.

- Oh, Gyomei, tu tombes bien | Jeunes gens, voici l'un des deux piliers dont vous avez entendu parler. Saluer-le avec respect >> s'exprima la voix de Ringo.

- Nous sommes enchantés, Monsieur Himejima >> s'expriment en cœur la bande d'adolescents, avant que la cacophonie ne reprenne joyeusement.

- Ringo, ce sont tous des adolescents ? >> demanda ce dernier, intrigué.

- Ils ont entendu dire que la plupart des apprentis japonais ont vers douze ans, lorsqu'ils commencent leur entraînement, alors oui, ils ont entre 12 et 15 ans >> répondit-elle, observant la salle.

- J'ai aidé une petite à se relever, elle n'avait que la peau sur les os. Rassure-moi, ils mangent tous à leur faim ici ? >>

La voix du pilier grondait de colère, à tel point que même sans la voir, il sentit la Kakushi blêmir à ses côtés. Elle chuchota finalement qu'ils seraient mieux d'aller ailleurs pour en discuter, rien qui ne calma la fureur qui s'empirait de l'homme et elle l'entraîna vers un bureau, quelques couloirs plus loin. Refermant la porte derrière eux, elle soupira.

- Sanemi ne t'a rien dit, n'est-ce pas ? >> commença-t-elle, doucement.

Haussant les sourcils, il se reprit un peu, fronçant malgré tout les sourcils << Je ne saisi pas ce qu'il vient faire là-dedans >>

- Laisse moi t'expliquer, alors >> elle soupira, chercha ses mots, puis reprit << Comment dire, la démone que vous avez arrêté s'attaquait uniquement à des familles, ou du moins, à des parents...Mais les enfants n'ont jamais disparus >>

Gyomei se plongea dans un silence de tombe, écoutant le discours de sa collègue, mais déjà, un portrait prenait forme dans son esprit, il commençait à voir la finalité de cette histoire et il n'aimait pas vraiment ça.

- Les jeunes en question n'ont pas pu tous être envoyé dans des familles, alors la plupart ont terminés à l'orphelinat et tu ce types d'endroit...>>

- Ce n'est pas adapté, je sais >> termina-t-il.

- Oui...Et comme tu le vois sûrement, malheureusement, tous ses jeunes ont vécu là-bas des moments difficiles. Sanemi n'a pas voulu t'en parler après avoir vu ta réaction au sujet de la petite démone, par peur que cela te perturbe encore plus...Mais tous ceux qui sont ici, ce sont eux. Nous avons insistés pour qu'ils nous soient confiés >>

Le souvenir de petites têtes dont il s'était si longtemps occupé revinrent à lui. Il ne put retenir les sanglots venant à lui, entre l'horreur des orphelinats dont il savait si bien les ravages et le soulagement de les savoir désormais entre de bonnes mains. Parlant de main, celle de la jeune fille à la chevelure rouge se posa sur son bras, tandis qu'on devinait sans mal le sourire dans sa voix.

- Désormais, nous nous occuperons d'eux, ils savent dans quoi ils s'engagent, ils ont été mis au courant et sont là seulement ceux qui le voulaient >>

Elle l'avertit que les vrais entraînements commencent dès le lendemain, resta encore quelques minutes avec lui, avant de le laisser seul, lorsqu'il se fut calmé. Gyomei resta néanmoins dans le bureau encore quelques minutes, plongé dans ses pensées. Autant ses souvenirs que les mots de la jeune femme ''Il n'a pas voulu te pertuber encore plus''. Ringo ferma la porte, remontant le couloir en silence, jusqu'à atteindre le bout de celui-ci. Alors, ses grands yeux verts se posèrent sur Sanemi, qui la fixait avec une mine dubitative.

- Pas besoin de faire cette tête, je lui est dit, oui >>

- Il a réagit comment ? >>

- Tu le connais très certainement mieux que moi, tu devrais aller le voir >>

Ce furent les derniers mots que la dame prononça, avant de poursuivre son chemin, lui adressant au passage un regard sérieux, presque sévère. Le pilier du vent resta là, la regardant disparaître, avant de reposer ses yeux sur la porte en question. Il n'eut cependant pas le courage de bouger. Il resta là, silencieux, jusqu'à son tour le brun n'en sorte et ne rejoignent sa propre chambre.