Chapitre 10

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Sept mois plus tôt au Château de Faugerole.

Rasta-man levait une main menaçante en direction de la riche héritière. Des bruits de course dans l'escalier les firent tous obliquer en direction du couloir. Un grand black en jogging fit subitement irruption pour scruter Stella la bouche entrouverte.

— Il se passe quoi, Régis, demanda la jeune femme au côté de l'homme aux rastas ?

-— Euh, oui, euh, murmura-t-il déstabilisé en refusant de quitter du regard la femme en robe de soirée. Il se passe un truc bizarre à la cave.

— Bizarre, comme quoi, demanda le compagnon de Ginette en lui détournant le regard de la poitrine de Stella.

— J'en sais rien, un mec a crié de peur.

Son interlocuteur l'empoigna brutalement pour le sermonner.

— Qu'est-ce que tu fous là, alors ?

— J'ai flippé ma race !

Le trio abandonna la dame De Blanquo pour courir dans l'escalier.

Stella les regarda partir sans broncher. La douleur tenace entre les omoplates lui fit plisser les lèvres, comme celle d'un tranchant de couteau. Mais comment ? Quand ? Qui ? Elle empoigna la porte pensive, puis la referma. Stella fit ensuite demi-tour pour prendre la direction de la lampe de chevet illuminant le miroir en arrière-plan. Elle fit glisser une bretelle, puis la seconde. Stella décolla la robe de sa poitrine pour la faire glisser jusqu'au ventre. L'héritière se tourna pour découvrir dans son reflet une bande collante entre les omoplates. Qui avait pu la soigner ? Elle tenta vainement d'en saisir les extrémités, mais dut abandonner. Était-ce volontaire ? Que cachait-elle ? Stella contempla longuement ses omoplates dont aucun homme ne s'était jamais plaint ! Nombre les embrassaient fougueusement lors de leurs relations. Elle s'en occuperait plus tard. L'héritière devait expressément faire sa toilette. Il était inconcevable pour une dame de son rang de paraître négligé ! Elle remplit d'eau une écuelle de toilette, puis frotta une éponge sur un savon avant de le plonger dedans. Son attention bifurqua subitement sur le reflet du haut de sa robe. Le bustier n'avait pas la même coupe, la dentelle se croisait différemment. Elle l'observa longuement en constatant que ce n'était pas la sienne. Pourquoi portait elle une autre robe ? La même marque de renom, certes, mais pas la sienne.

Elle se remémorait des souvenirs quand l'un d'eux refit surface en la faisant rougir.

« Stella percevait le paysage comme au ralenti, sous l'influence d'un stupéfiant ! Il flottait une odeur aromatique étrange. Elle ne reconnaissait pas les lieux, ignorait la position de la pièce au sein de la demeure de la Renaissance. L'absence de toutes fenêtres la mettait mal à l'aise. Des rideaux entouraient totalement la salle d'environ trois cents mètres carrés. Dans les étages, dans les sous-sols ? Une fraîcheur anormale lui fit hérisser les poils. L'héritière n'était encore vêtue que de ses sous-vêtements. La pièce ne contenait que six canapés en cercle de trois mètres de diamètre. Ils étaient tous occupés par des couples s'extériorisant à des jeux sexuels. Elle ne parvenait pas à garder une vision claire, mais floutée ! Stella se découvrit enfilant sa robe de soirée. Comment était ce possible ? Mis à part dans le reflet d'un miroir, c'était impossible ! Elle cligna à plusieurs reprises ses yeux sans parvenir à voir une autre femme qu'elle dans sa robe.

— Merci, remercia son double en acceptant le bras d'un homme en smoking.

Stella reconnut la voie d'Ella, sa cousine au 3e degré. Elle lui ressemblait à la perfection, "sauf pour sa poitrine moins bien dessinée, moins pulpeuse que la sienne". Pourquoi sa cousine portait-elle sa robe ? Avait elle une fois de plus usurpé son identité ? Le cavalier d'Ella la fit tourner pour être de dos par rapport à la position de Stella. Il fit glisser la bretelle de la robe pour palper la poitrine de sa cousine. De sa position, Stella imaginait les bienfaits de la pression mammaire. Il s'agenouilla pour prendre à pleine bouche le fruit offert. »

Le souvenir stoppa dans se voyeurisme dérangeant. Avait-elle été invitée ou s'était-elle procuré une copie de la sienne ? Stella acceptait le comportement assez habituel de sa cousine. Tant que Ella ne la discréditait pas médiatiquement, elle pouvait continuer.

Elle déposa l'éponge pour regarder son visage dans le miroir.

— Même sans maquillage, tu es toujours parfaite, s'exclama-t-elle satisfaite.

L'héritière enfila la robe de soirée, puis plaça soigneusement ses bretelles à égale distance. Les bretelles relâchaient légèrement, le bustier exerçait trop de pression sur sa poitrine. Le souvenir de sa cousine rejaillit, était ce sa robe ?

— Haaaaaaaaaaaa, hurla une voix.

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