Quand J'ai Posé Les Yeux Sur Toi 3

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Le coude posé contre son accoudoir, le regard sur la tablette dans les mains, la musique de jazz tournait en boucle dans la voiture. Elle maintenait le silence qui surplombait le véhicule entre Levi et son chauffeur. Aucunement le besoin de s'exprimer. Chacun faisait leur travail. Pourtant, même si Levi devait rendre et présenter ce diaporama demain tôt dans la matinée, il n'avait guère envie de le finir tellement que ses pensées ne tournaient pas autour du travail.
Cela faisait déjà quelques temps, en réalité plusieurs mois, que cette routine s'était installée. Il venait voir, quand il pouvait, T/p. Même si souvent il avait voulu se reposer dans son petit chez lui, après avoir pris cette décision il ne pouvait laisser passer aucun faux pas. Et même s'il était submergé par la fatigue il devait être là pour T/p. Cette enfant qui l'attendait avec impatience à l'orphelinat.

Il la voyait, de jour en jour, se remplir de bonheur à ses côtés. Le sourire qu'elle arborait en le voyant ne pouvait le laisser indifférent et, sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit, lui aussi souriait en la voyant courir dans sa direction. N'étant vêtue qu'avec des habits d'intérieur il la cacha sous son manteau d'hiver en lui faisant un baiser sur la joue. Son rhume allait mieux mais elle devait faire attention à sa santé, ce que Levi lui répétait sans cesse. Mais, tellement bornée, la jeune fille ne l'écoutait point. Elle se contentait d'hocher la tête d'un air timide avant de refaire exactement la même bêtise.

- Rentrons, tu vas attraper froid.

Elle hocha de nouveau la tête avant qu'il n'emboite le pas vers le bâtiment imposant devant eux. Le toit était recouvert de neige ainsi que le sol et la végétation. L'hiver allait bientôt laisser place au printemps par les petites fleurs violettes qui commençaient déjà à sortir de la neige.
Enfin au chaud dans l'entrée, il pouvait déjà entendre les rires des pensionnaires ainsi que leurs chamailleries dans la salle de jeux.
T/p, les mains contre les joues du noiraud, lui parlait d'un ton vif de sa journée. Cette petite s'était métamorphosée depuis que Levi s'occupait d'elle. Maintenant dans son regard il n'y avait plus de souffrance ni de larmes, sauf lorsqu'il devait partir. En effet, même s'il lui promettait de revenir le prochain jour, elle ne pouvait s'empêcher de s'agripper à lui en pleurs.
Le sourire aux lèvres, il lui répondit tout en la regardant sourire et rire contre lui. Levi n'avait jamais été aussi fier de lui. La voir de nouveau s'épanouir lui réchauffait le cœur. À cet instant il en était certain. Si T/p voulait bien être sa fille, il serait l'homme le plus heureux au monde d'avoir une telle enfant.

- Tu voudrais bien faire un bonhomme de neige avec moi ?

- T/p, tu as la santé fragile depuis quelque temps. Je ne suis pas sûr que Petra veuille bien te laisser sortir. Lui disait-il d'un ton doux.

Ses yeux c/y se baissèrent et sa mine triste apparue sur son visage. Depuis qu'elle s'était enfuie Petra ne l'avait plus laisser sortir de la maison et ce n'était certainement pas à cause de ses problèmes de santé comme l'avait cru Levi. Elle ne voulait sans doute pas se confronter une nouvelle fois à son échappatoire. T/p avait pensé que si Levi serait avec elle, elle la laisserait sortir mais sa réponse était loin de celle qu'elle attendait. Elle aurait aimé jouer avec lui dehors et qu'il fasse le bonhomme de neige qu'elle avait toujours voulu faire depuis que celle-ci était apparue. Lorsque Levi lui avait demandé si elle voulait qu'il lui montre ce que ça faisait d'avoir un père, elle n'aurait jamais pensé que c'était un vrai bonheur. Elle adorait le noiraud. Il était agréablement gentil, doux et prenait toujours le temps de jouer avec elle, même si jouer avec les enfants n'était pas sa spécialité. Il était à son écoute lorsqu'elle voulait lui parler seule à seul de son ancienne vie avec sa mère. Elle n'avait pas peur des représailles, car Levi l'écoutait et discutait par la suite avec elle sans poser de question sur ce qu'elle ressentait d'avoir été abandonnée par sa mère. Il souriait simplement de l'entendre raconter ses plus beaux souvenirs. Lorsqu'il restait très tard dans la soirée et qu'il la mettait au lit, il lui racontait une histoire. Parfois de contes de fée, réaliste, son adolescence, et elle s'endormait toujours après quelques minutes contre lui tandis qu'il lui offrait un baiser sur le front avant de repartir. 

OS Livai X ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant