Le Saut De L'Ange {Vkook}

Chapitre 1

   Le bus était encore une fois bondé ce matin-là, alors que celui-ci roulait tout droit vers l'université. Casque sur les oreilles, je ne prêtai pas réellement attention aux personnes autour de moi, préférant regarder le paysage défiler à toute allure. Je me remémorai mes cours de la journée d'hier quand le véhicule arriva enfin à destination. Je descendis avant de marcher vers la bibliothèque. Mon tout premier cours commençait à dix heures, et il n'était que sept heures. Cela me laissait donc un peu de temps pour mettre mes cours à jour et tout bien enregistrer.

   Je m'assis sans tarder à une place libre avant de sortir mon trieur et mon ordinateur portable et de commencer à travailler. Ce fut malheureusement sans compter sur le garçon insuportable qui me collait depuis le début de l'année sans que je ne lui ai rien demandé, qui débarqua à peine quelques dizaines de minutes plus tard. Il s'assit face à moi, souriant avec son habituel sourire stupide tout en me regardant travailler. J'avais beau tout faire pour qu'il me lâche la grappe, il finissait toujours par revenir me voir, et cela commençait sérieusement à me mettre en colère. Je n'avais pas besoin de qui que ce soit vienne me mettre des bâtons dans les roues dans mes études.

"- Salut Taehyung ! Dit-il pour lancer la conversation. Bien évidemment, je l'ignorai et continuai mon travail. Comment tu vas ce matin ? Toujours aucune réponse. Tu es arrivé vachement tôt! Moi, je n'ai pas le choix, ma mère commençait le travail super tôt aujourd'hui, et comme c'est elle qui m'emmène, je ne pouvais pas faire autrement. Mais toi, tu as un bus toutes les demi-heures non ? Un nouveau blanc se produisit après qu'il ait parlé. Non, parce que je sais que tu travailles un max, mais-

- Justement Hoseok, je travaille. Alor plutôt que de m'importuner à longueur de journée, tu devrais faire de même. Tu me fais perdre du temps avec tes interactions inutiles, va faire copain-copain avec quelqu'un d'autre. Grognai-je, posant enfin mes yeux noisette sur son visage qui, cette fois, était dépourvu de sourire. Il me regarda longuement sans dire un mot, me sondant du regard comme pour chercher toute trace de mensonge dans ce que je venais de lui dire sans le moindre tact.

- Tu sais, être seul n'est pas toujours une bonne idée. Dit-il après un long silence. Je pense qu'au fond de toi, tu te sens très seul. Alors quoi que tu me dises, je ne te lâcherais pas de si tôt. Il se leva de sa chaise et me lança un dernier sourire. Au fait, il y a un nouveau qui débarque aujourd'hui. Sois gentil et vas lui dire bonjour !"

   Je le regardai s'éloigner avant de me reconcentrer sur ma fiche sur les droits commerciaux. Moi, aller dire bonjour ? Et puis quoi encore. Je n'ai pas que ça à faire. Je me fiche bien de qui va et vient.

§§§

   Dix heures sonna alors que j'entrai dans l'amphithéâtre et me plaçai vers le milieu de la salle. La plupart des personnes de la promo n'étaient pas encore arrivées, et la place du professeur était pour l'instant vide. J'en profitai pour boire un chocolat chaud que j'étais parti chercher au distributeur avant de venir.

   La salle se remplit petit à petit, et tous les étudiants arrivèrent en s'installant de part et d'autre à la salle. Je ne prêtai attention à personne, jusqu'à ce qu'un sac se pause à côté de moi à ma droite et qu'un garçon s'installe juste à côté de moi. Je ne connaissai pas beaucoup de têtes ici, mais je pouvais assurer que je n'avais jamais vu ce mec ici. Peut-être était-ce lui, le nouveau dont Hoseok m'avait parlé. Je l'oubliai bien vite quand je vis un vieil homme au crane dégarnis entrer dans la salle et se poser devant le grand tableau Velléda. J'ouvris mon logiciel Word et me concentrai sur le cours. Le droit constitutionnel était mon point fort, alors je me permettais parfois de faire une petite pause dans l'écriture du cours pour craquer mes doigts endoloris à force de taper sur mon clavier. Aillant pris un temps d'avance sur le programme de cette matière, je connaissais et maîtrisais déjà ce qu'il disait, alors je ne m'inquiétais pas de perdre un morceau important de ce qu'il enseignait.

   Je voulus boire un peu de mon chocolat posé à droite de ma place, quand je vis que mon voisin de table ne suivait pas non plus l'avancement du cours, préférant griffonner sur un petit calepin situé à côté de son ordinateur qui était vide de toute prise de notes. Était-il stupide ? Comment comptait-il apprendre sans prise de note ? Même le plus parfait des prodiges ne pourrait pas faire cela.

   Il remarqua au bout de quelques secondes que je le regardais et me dévisagea sans rien dire. Je retournai alors à ce que disait le vieux professeur, mais ne réussi pas à me sortir de la tête le dessin du noiraud à ma droite. Ne réussissant pas à me concentrer, je le regardai de nouveau faire son art, et fus subjugué de voir qu'en l'espace de cinq minutes à peine, son oeuvre était devenue encore plus belle en si peu de temps. Il capta de nouveau mon regard, mais cette fois ne resta pas silencieux.

" - Quoi ?

- Tu n'écoutes pas ce qui est dit ? Demandai-je déconcerté

- Non.

- Mais. Pourquoi t'es là alors ? Je n'arrivais pas à comprendre.

- Ch'uis pas là par choix. Donc je m'occupe comme je peux. Répondit-il simplement en haussant les épaules, détournant le regard pour retourner à son dessin."

   Y avait-il déjà des personnes ici par choix ? La plupart des élèves de cette promotion étaient présents uniquement pour faire plaisir à papa-maman. Je me perdis alors dans ses coups de crayon, admirant son bout de papier se transformer petit à petit en véritable oeuvre. Au bord droit de la page, se trouvait une passerelle faite de métal, menant à un vide sans couleur, gris et sans vie. De cette passerelle, se jetait la silhouette d'un homme, avec dans son dos, une grande paire d'ailes blanches. Il avait les bras ouvert, l'air libre. Cette image me procura un sentiment profond de mélancolie, mélangé à un peu de la frustration inconnue. Comment un simple dessin pouvait-il me procurer autant de sentiments incapables à décrire ?

" Et toi ? Questionna-t-il au bout d'un moment, me sortant de ma rêverie.

- Moi ?

- T'as décidé d'être là ? Me demanda-t-il en posant ses pupilles sur moi, se désintéressant de son calepin. Étais-je ici par choix ? D'une certaine manière, oui, puisque j'avais de loin préféré faire des études de droit plutôt que de médecine. Pourtant, je ne trouvais aucun plaisir à passer mes journées à écouter des professeurs parler de la même chose sans arrêt. Mais qu'est-ce que je pouvais bien faire d'autres ? Je ne savais rien faire à part étudier. Je n'avais plus laissé trainer ma plume depuis des années, et jamais mes parents ne m'avaient laissés d'autres choix que de grandes études. Je n'avais pas choisi mon parcours, mais le reste reflétait-il mes envies, ou était-ce purement pris en fonction de ce que mes géniteurs apprécieraient ?

- Très honnêtement, dis-je en retournant ma tête vers l'homme au crâne dégarni en bas de l'amphithéâtre. Je l'ignore..."

~~~

   Voici le tout premier chapitre de cette histoire, j'espère qu'il vous a plu et que la suite continuera de répondre à vos attentes.

Cela fait longtemps que je n'avais eu plus aucune inspiration pour la lecture, et je suis heureuse de voir que j'ai su trouver une idée d'histoire à travers la musique de Scylla, comme je l'ai dit dans Las description de cette histoire. Je remercie toutes les personnes qui sont venu lire ce premier chapitre, même après un long temps d'absence.

Merci d'avoir Lu !

- Zoé