DANSE MACABRE [EN AUTO ÉDITION]

▶︎ Piste 14

Mars 2015 - enregistrement de Take Me To Nowhere

À l'écoute ▶︎ Sleep - Citizen

★

Entrée du journal de Cy, 08 mars 2015

08 mars 2015 - 11:02

Pete,
Quand tu franchis la porte, j'ai une boule au ventre. Parce que je me dis toujours : "ça y est, c'était la dernière". J'ai peur que tu deviennes un étranger une fois l'embrasure passée, comme si tu étais un inconnu rencontré dans un rêve oublié dès les yeux ouverts. J'ai peur de te perdre. J'ai peur de t'appeler à l'horizon mais que tu ne me répondes pas parce que ça y est, la rupture s'est faite ; ça y est, tu t'es transformé, tu évolues, pendant que je reste celui que j'étais.
Tu as déjà changé. Tu n'es plus le même. Je cherche encore à savoir si c'est une bonne chose — parce que d'un côté tu t'affirmes, mais de l'autre, tu plonges. J'ai peur que tu atteignes le fond et que je n'arrive pas à te faire remonter à la surface. Qu'est-ce que je dois faire pour t'aider ? Qu'est-ce que je dois faire pour te revoir sourire comme avant, sans que l'ombre de tes angoisses ne vienne assombrir ton visage ?
Si je pouvais, je nous fabriquerais une cage dorée pour ignorer la menace de ton absence. Mais ça n'arrangerait rien, si ? À quoi bon vouloir la liberté quand sa condition est l'enfermement ? J'aimerais juste qu'on nous laisse exister. Qu'on nous laisse le temps. J'aimerais que tu prennes le temps d'aller mieux.
Tous les jours j'ai peur que notre histoire soit éphémère. La nôtre, celle qu'on a à deux, et celle qu'on a tous les quatre aussi. J'ai peur que tu t'en ailles et que je ne puisse rien faire pour t'en empêcher. Parce que c'est ça, la vérité, en fait : je ne peux rien faire pour t'empêcher de me quitter, ni pour t'empêcher de changer. C'est ta décision.
Et le pire, c'est que plus j'y pense, plus je vois ton départ comme une possibilité. Je ne dis pas ça parce que j'ai peur que tu m'abandonnes. Je le dis parce que tu ne vas pas mieux, c'est même le contraire, et parce que j'ai peur que tu lâches totalement prise. Et à ce moment-là, je ne pourrai pas te retenir.
Il faut être prêt à tout. Alors quand la porte se fermera une dernière fois, que le "ça y est, c'était la dernière" deviendra véritable, je ne dirai rien. Ça sera dur, mais je prendrai sur moi. Tu t'en iras, tu changeras, mais tu iras mieux. Et rien que pour ça, je ne peux pas te retenir.
J'en fais la promesse à toi comme à moi-même. Parce que quand l'inévitable arrivera, battre l'air de mes poings n'y changera rien. Ta décision sera prise et je ne m'y opposerai pas.
Quand tu partiras, je dirai "d'accord." Ni plus, ni moins.

★★★