Zack
Sous le choc, j'assiste sans bouger au spectacle de cette nana en train de bousiller mes chaussures fétiches.Quel con !
— Tu devrais t'asseoir, préconise Matt à l'intention de l'intruse.
Clara, en élève studieuse, aide son amie à s'installer sur l'un des petits poteaux qui jalonnent le port avant de lui tendre un mouchoir. La demoiselle s'en saisit, essuie sa bouche s'avisant surement trop tard de sa bourde. Son attention ricoche sur moi et dans une tentative désespérée elle souffle :
— Je... Je suis désolée.
Ses mots m'effleurent sans vraiment me toucher. J'aimerais croire en sa sincérité, sans y parvenir. Pas tant que ce pressentiment persistera au fond de moi. Je nourris trop de certitude, la principale étant la conviction farouche de me retrouver amputer de quelques informations. Oui, un truc m'échappe, quelque chose d'essentiel. La faute sans doute à mon départ précipiter où cette journée dans sa globalité à moins qu'il ne s'agisse de cette façon dont elle me dévisage comme si je venais de perpétrer l'irréparable. C'est ça ! La sans bruit, sans heurt, elle réussit l'impossible, inverser les rôles. Un peu plus et c'est moi qui m'excuserais. Je me renfrogne au sein de mes pensées, certain de mes supputations, jusqu'à ce qu'une petite lueur dans ses pupilles m'interpelle. J'aperçois cette fêlure, cette marque indélébile qui m'oppresse trop souvent. Le néant. Les images s'invitent, tel un disque rayé, défilent une fois de plus. Elles devraient me mettre à genoux, comme toujours, mais je les cloisonne dans un recoin de ma tête, là ou elles ne pourront m'atteindrent. Je me noie ailleurs, au sein de la détresse de cette fille. Dans la manière dont son corps frissonne, dont ses paumes frottent contre ses genoux, dont ses jambes flageolent. Je reconnais tous ses symptômes, sans doute parce que ce sont les miens. C'est ce que je crois l'espace d'une seconde, puis un battement de cils plus tard, tout se désagrège. J'en viens à me questionner. Ce ne serait pas la première fois que mon esprit me joue des tours, fantasmant des mirages à la limite de la folie. Ces derniers temps je suis devenu maître dans l'art de projeter sur les autres mes propres démons.
Clara, agenouillé à côté de son amie rétorque :
— Je crois que l'on ferait mieux de rentrer.
À sa place, je m'écarterais de vomito fisa. On ne sait jamais, le troisième round est peut-être proche. Elle finit par se redresser entraînant la jeune femme dans son élan. Celle-ci chancelle sur ses pieds, une moue navrée peint sur son visage.
— Je t'appelle une fois installé, confirme Matt, les laissant partir.
Il les regarde s'éloigner jusqu'à ce qu'elles disparaissent. Son sourire niais associé à sa tenu de boys band déchu valide l'imaginable. Il est accro. Quand il reporte son attention vers moi, ses joues se creusent. Je dégaine le premier.
— Pas un mot ! Sans déconner, ferme-là.
Il arque un sourcil.
— Tu m'adresses la parole ? On progresse.
Un souffle m'échappe, car malgré mes menaces, son rire résonne dans le tumulte de la nuit. Je serre les poings, préférant mettre le peu d'énergie en ma possession dans le nettoyage de mes chaussures. Je secoue les pieds l'un après l'autre avec l'espoir de déloger les restes du repas de cette fille. L'odeur flotte dans l'air, empeste les environs pour finir par assiéger mes narines trop sensibles et me flanque moi aussi la nausée. Il manquait plus que ça ! La lèvre supérieure retroussée, je m'attelle à dégager le plus gros des dégâts. J'étouffe un toussement, quand la bise se lève portant avec elle le relent du diner prêt digéré de la demoiselle. Apparemment vomito à déguster des crustacés et le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils ont tenté de regagner la mer. Un frisson de dégout me terrasse. Je dois ressembler à un idiot à balancer mes jambes comme un danseur épileptique, d'ailleurs les commentaires de Matt me le confirment.
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Je te retrouverai toujours
Storie d'amore" Quand le passé resurgit, il faut choisir entre l'affronter ou le fuir. " Zack le savait, se rendre à Porquerolles pour l'été était une mauvaise idée. Bien que cette décision ne soit pas la sienne le voilà obligé de composer avec la dure réalité. D...