Chapitre 6 :

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Il y avait le soleil levant, et surtout cette douce sensation de chaleur humaine. La présence de Maddie laissait une trace immuable sur le corps de Charles, qui n'avait manqué d'imprimer cette sensation. Eux deux sur le canapé, lui sur le rebord, elle sur son torse, regardant la télévision. Il se souvenait de son buste, se secouant lorsqu'elle répliquait en même temps que les personnages, les regards alors que leurs rires se mélangeaient. Rien de tout cela ne semblait vouloir quitter Charles, et sa tranquillité l'avait abandonné depuis plusieurs heures.

-"Tu es ailleurs." Fit remarquer Andrea, à la fin de la séance de musculation, alors que les chutes de neiges avaient enseveli le chalet.

Le pilote se contenta d'hausser vaguement les épaules, prenant la direction du salon. Il essayait, de calmer son cœur affolé, ainsi que cette euphorie naissante. Néanmoins, au fond de lui, pour rien au monde, il ne voudrait que cela s'arrête.

Pourtant, Charles savait. Il savait combien la métisse ressentait le besoin du contact des autres, combien elle était à l'aise avec tout le monde, combien elle chérissait leurs présences. Alors pourquoi ne pouvait-il s'empêcher d'être déçu, lorsqu'il entra dans le salon ?

-" Alors cette séance de sport ?"

La bouche de Charles était séche, et ses yeux ne se détachaient pas de Maddie. Pâteux, il tentait, tant bien que mal, de s'en défaire, alors qu'elle ne semblait remarquer sa présence. Il offrit finalement une réponse confuse à Antonio, avant de se précipiter sous la douche.

Charles se plaça sous le jet froid, frissonnant au contact des gouttelettes. L'air lourd ambiant dû à la chaleur, ne lui aurait que rappeller cette douceur infime du petit matin partagé avec Maddie, alors qu'il cherchait juste à s'en échapper.

Il passait sa main frénétiquemant dans ses cheveux, dans l'espoir vain de la faire disparaître de ses pensées. Il la trouvait cela cruelle, pour avoir une telle emprise sur lui. Il en voulait à Maddie. C'était peut-être injuste, et sans raison, mais Charles n'arrivait juste plus à comprendre ce qu'il se passait chez lui.

Ce n'était même pas une question de jalousie, rien de tout cela. Mais la simple image de la métisse, dans la même position qu'eux ce matin, avec Yaël, le rendait fébrile. Elle agissait avec lui, comme elle le ferait avec n'importe qui. Charles était n'importe qui. Et cette pensée l'empêchait de reprendre correctement ses esprits.

-" Tout va bien, Charles ?" Demanda Joris, rejoignant quelques minutes plus tard son ami, alors qu'il enfilait un pull.

-"Oui, pourquoi ça n'irait pas ?"

-" Andrea m'a dit que tu semblais ailleurs, puis tu as à peine répondu tout à l'heure."

Face à ces explications, Charles soupira, avant de s'assoir lastement sur son lit, rapidement suivit par le photographe. Le pilote cherchait difficilement ses mots. Pourtant, ils semblaient tous avoir disparus, le laissant désemparé, avide de paroles. Il voudrait expliquer, faire comprendre à Joris pourquoi il agissait ainsi, cela lui semblait juste hors de sa portée.

Le photographe ne chercha pas à tirer les vers du nez au pilote, et le laissa réfléchir en silence. Jamais Joris n'avait douté de sa relation avec Charles. Ils se connaissaient depuis toujours, et avaient apprit, avec le temps, à se  comprendre mutuellement. Il avait conscience qu'une telle relation était, aujourd'hui, privilégiée.

Les deux ne se confiaient pas particulièrement, et rien qu'avec ce silence partagé, Charles sentait ses émotions s'apaiser progressivement. Savoir que Joris serait toujours là pour partager ses ressentis, suffisait amplement à Charles.

-" On retourne en bas ?" Finit par proposer le photographe, sentant Charles plus en accord avec lui-même.

Finalement, Charles suivit Joris, tout en espérant fortement que Maddie et Yaël se soient séparés. Son cœur se serra rien qu'à cette idée, mais il ne pouvait s'empêcher, sur ce coup là, d'être égoïste.

Pourtant, une fois dans le salon, rien ne put apaiser le cœur, ni l'esprit de Charles, pas même le sourire bienveillant d'Alex. Surtout pas alors que Maddie n'avait pas quitté Yaël.

Flocon De Neige | Charles LECLERCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant