Chapitre 7 :

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Charles s'en voulait, de laisser Maddie prendre autant de place dans ses humeurs. Il n'arrivait plus à rien, et malgré la surprise du petit groupe pour fêter son année de course, le pilote ne parvenait pas à rejoindre la bonne humeur globale. Au bout de la table, il laissait Joris et Andrea conter des petites anecdotes, se contentant de regarder les autres passer une bonne soirée. Son regard glissait automatiquement vers sa droite, malgré ses efforts pour ne rien laisser paraître.

Mais Maddie n'était absolument pas dupe, et l'état du châtain l'inquiétait. Elle pensait avoir partagé un bon moment, ce matin, avec lui. Un moment hors du temps. Seulement, Charles semblait ailleurs depuis la fin de la matinée, alors que la métisse ne trouvait pas de bon moment pour lui parler.

Nerveux, il finit par quitter la table, rejoignant le piano, à quelques pas de là. Maddie et Antoine se lancèrent un regard confus, avant qu'il ne se penche vers elle.

-" Tu sais ce qu'il a ?"

-" Non. Andrea m'a dit qu'il était comme ça depuis ce matin." Répliqua-t-elle, n'en sachant pas beaucoup plus que lui.

Joris non plus, n'avait pas manqué le départ du châtain de la table, et jeta un regard vers la métisse. Elle releva les sourcils, l'air de montrer son incompréhension, avant qu'il ne désigne Charles, d'un léger coup de tête. Maddie secoua légèrement la sienne à son tour, alors que Joris n'abandonnait pas. Finalement, face à la ténacité de son ami, la jeune métisse céda, et partie rejoindre Charles.

Il ne fut pas surpris, lorsque leurs deux épaules se frolèrent, ni quand son cœur s'affola une nouvelle fois, laissant toujours ses doigts parcourir les touches blanches et noires. Aucun des deux ne prit la parole, et les mains emmitouflées de Maddie prirent place aux côtés de celles de Charles, suivant la même valse monotone.

Les paroles résonnaient en chœur, le faisant vibrer, tandis qu'il s'appaisait lentement. Charles les murmurait doucement, pour que seule la brune puisse les entendre, savourant ce moment. Il était puissant pour Charles, et inconsciemment, son doigté se fit plus saccadé et douloureux.

Les mots de Maddie restaient, à tourner en boucle dans sa tête, ne se décidant pas à briser ce moment, qui semblait si attractif pour le châtain. Elle se contentait de suivre le rythme, imposé par l'humeur de Charles. Elle ne comprenait pas les paroles, alors elle déposa simplement sa tête sur son épaule, pour lui exprimer sa présence.

Charles sursauta légèrement, mais termina, sur le léger rythme d'une ballade, la musique italienne. Il savourait le temps, qu'il ne voyait plus défiler depuis quelques années. Ici, tout semblait couper de tout, et sa vie de pilote le laissait enfin respirer. Voilà, ce dont il avait besoin, se couper de tout. Peut-être était-ce pour cela, que Maddie lui revenait toujours en tête. Car elle était loin de tout.

Elle ne suivait pas les actualités, sauf celles politiques, détestait les nouvelles technologies, et ses moments favoris, était lorsque l'humanité semblait loin d'elle. À ses côtés, Charles appréciait ce qu'il y avait de plus simple. Pourtant, il ne parvenait pas à comprendre pourquoi ses veines semblait vouloir exploser au moindre contact. Et puis, comment faisait-elle pour lui faire tourner la tête avec sa simple présence ?

Tout semblait plus simple, juste une vie qui passe. Et ce matin, restait gravé dans sa mémoire, comme un souvenir qu'il ne voudrait jamais oublier, et se rajoutant juste à cette image, une bride de parole.

i portavi la bellezza di un mattino

Flocon De Neige | Charles LECLERCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant