Chapitre 3 - Megan

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Un miaulement dans mon oreille me réveille, me faisant grogner.

— Rooooose ! marmonné-je alors que mon chat se met à se frotter contre mon visage.

De ma main, je la pousse, et entends un bruit sonore une seconde plus tard. J'éclate de rire en me hissant jusqu'au bord de mon lit pour observer mon animal se remettre de sa chute.

— Tu l'as cherché, remarqué-je en souriant.

Elle miaule d'un air vexé.

— Oui, oui, je me lève. Tu vas les avoir, tes croquettes, c'est bon.

Je m'extirpe de mon lit et enfile un pull avant de sortir de ma chambre pour rejoindre la cuisine. Enfin dans la pièce, je me dirige vers la cafetière – aka mon Saint Graal.

De nouveau, un miaulement me rappelle à l'ordre, rapidement suivi d'autres miaulements et d'aboiements.

— C'est bon, c'est bon, vous allez l'avoir, votre nourriture ! m'exclamé-je en tentant de me déplacer au milieu de mes cinq boules de poils. Y'a des jours où j'ai vraiment l'impression d'être votre esclave !

C'est probablement comme ça qu'ils te voient, note ma voix intérieure telle une vraie petite peste.

Je grogne et attrape les bols de mes animaux ingrats pour les remplir avant de me faire harceler une nouvelle fois. Finalement, je pose les gamelles qui sont immédiatement assaillies de têtes qui se poussent les unes les autres pour manger.

Je secoue la tête en les regardant se nourrir comme s'ils n'avaient rien avalé depuis des jours. Enfin, je récupère mon café et en avale une gorgée. Je lâche alors un gémissement de plaisir, puis m'installe devant mon ordinateur et le déverrouille.

Pitié, pitié, pitié.

Lorsque j'ouvre ma boîte mail, lis l'objet du mail envoyé par G-RACE, l'entreprise à laquelle j'ai postulé comme ingénieure automobile, je manque de m'étouffer avec la gorgée brûlante de café avalée une seconde plus tôt.

Objet : Félicitations : vous êtes notre nouvelle ingénieure automobile !

Je n'étais pas certaine d'avoir obtenu le job, pire je me voyais déjà continuer le travail merdique à l'épicerie du coin qui me sous-paie malgré toutes les heures supplémentaires que j'y fais sans me plaindre. Sans parler du baby-sitting que je fais sur mon temps libre, avec les pires enfants possibles dont personne d'autre ne veut.

Je vois le soleil illuminer ma vie. Enfin, je vais travailler dans un secteur qui me plaît, avec un salaire décent.

Quand j'ai vu l'offre d'emploi de cette nouvelle marque de voiture sportive, engagée dans l'écologie, j'ai cru rêver, je me suis pincé la peau, et j'ai envoyé ma candidature en croisant les doigts.

J'ouvre le mail, rongeant la peau qui entoure mes ongles.

De : recrutement@g-race.fr

À : megan.egeberg.pro@gmail.com

Objet :  Félicitations : vous êtes notre nouvelle ingénieure automobile !

Chère mademoiselle Egeberg,

Merci d'être venue nous rencontrer lors d'un entretien avec notre P.-D.G., Mme Leclairc. Après délibération, il a été décidé que vous êtes sélectionnée comme nouvelle ingénieure automobile pour notre entreprise, G-RACE.

Si vous êtes toujours intéressée par notre offre d'emploi, merci de revenir vers nous au plus vite afin de nous confirmer la prise de poste.

Dans l'idéal, nous aimerions que vous commenciez lundi prochain.

Au plaisir,

Giselle Romarin,

Directrice des Ressources Humaines G-RACE

Sans attendre un instant de plus, je réponds au mail positivement. C'est officiel, je prends mon poste dans moins d'une semaine. J'ai hâte d'appeler l'épicerie et de leur annoncer ma démission avant de faire de même avec les familles dont je gardais les enfants depuis un an.

Adieu, clients mal aimables et diablotins mal éduqués !

Le bruit des clefs dans la serrure et de la porte qui s'ouvre me fait sauter de ma chaise pour accueillir ma meilleure amie et colocataire, Rim.

— Alors ? me demande-t-elle lorsque nos regards se croisent, comme si elle savait que j'avais quelque chose à lui annoncer.

Peut-être est-ce justement parce que je la regarde, immobile, avec mon air d'impatiente.

— Je suis prise chez G-RACE ! Je commence lundi !

Elle ouvre grand la bouche et se jette dans mes bras en criant, manquant au passage de me percer un tympan.

— Je suis si fière de toi, Megan ! Je t'avais dit que tu finirais par trouver quelque chose.

— Il faut que je le dise à mes parents, mais je viens de le voir, m'écrié-je.

Elle fait un grand sourire et me serre une nouvelle fois dans ses bras, heureuse.

— Et toi, reprends-je d'un air plus sérieux, tu étais où, cette nuit ? J'ai cru que j'allais devoir prendre mon petit déjeuner sans mon croissant du matin.

Elle rit et me tend un sachet provenant de la boulangerie du coin. Je m'empresse de l'attraper et de croquer dans une pâtisserie. Délicieux, comme toujours.

— Oh, tu sais... Un job par-ci, un job par-là, répond-elle finalement. La nuit ça paie mieux.

— Rim, tu es graphiste, noté-je avec un sourire, tes prix ne changent pas de nuit. Tu étais avec un mec ?

Elle lève les yeux au ciel en riant.

— Ouais. Il est sympa, mais ça va pas durer, il m'ennuie.

— Essaie les meufs, suggéré-je.

— Ouais, je vais faire ça ! se marre-t-elle. Plus sérieusement, ce soir, on va faire la fête au Chez Tonton*. Laisse-moi seulement dormir pour le moment.

Je lâche un rire et me décale pour la laisser se traîner jusque dans son lit. Lorsque la porte de sa chambre claque derrière elle, je compose le numéro de ma mère, prête à lui annoncer la nouvelle.

J'ai trouvé un travail.

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* Célèbre bar situé sur la place Saint-Pierre, dans le centre-ville de Toulouse.

Heart Racing [SOUS CONTRAT D'ÉDITION NISHA ET CÆTERA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant