Until the end

☯ ƇӇƛƤƖƬƦЄ 7 : Rien n'est plus pareil

Après avoir savouré un bon repas, les garçons sont partis se reposer sur le canapé, nous laissant Enzo, Sky et moi.

Savourant le calme qui règne, j’observe le couple qui s’affaire à ranger les affaires dans les meubles de la cuisine. Les regards qu’ils s'adressent, la manière dont ils se font rire et les petites attentions prouve à quel point ils s’aiment. Mais de mon point de vue, et malgré mon ancienne relation de couple, j’ai toujours énormément de mal à comprendre comment on peut autant s'attacher à quelqu’un.

La pensée de mon ex infecté par le virus et titubant vers moi me traverse l’esprit. Un léger rire traverse mes lèvres à cette vision, ce qui n’échappe pas à Sky.

— Qu’est-ce qui te fais sourire comme ça ? m’interroge-t-elle en s’installant sur la chaise en face de moi.
— Rien de très intéressant, ne t’en fais pas !
— Vous pensez réellement que leurs morsures sont mortelles ? nous interrompt Enzo, les yeux rivés sur l’extérieur.

Nous nous levons afin de le rejoindre. La fenêtre de la cuisine donne sur la rue qui jonche le bâtiment. De là où nous sommes, nous pouvons voir plusieurs silhouettes qui déambulent sans réel objectif.

— D’après l’annonce faite par le gouvernement et toutes les séries que j’ai vu, je pense qu'il faut vraiment faire attention à ces choses, réponds-je avant de poser mon regard sur les marques à mon poignet. Je me suis fait griffer par l’un deux, et pourtant, je n’ai aucuns symptômes dont ils ont parler…
— Je crois que nous allons devoir apprendre au fur et à mesure ce que peut engendrer cette épidémie, déclare la jeune femme en saisissant ma main pour examiner ma blessure. Je dois avoir du désinfectant dans la salle de bain.
— On..en a plus…
— Je pensais en avoir acheté récemment, s’étonne-t-elle.

Une détonation retentit, réveillant les garçons qui dormaient tranquillement dans le salon. Toutes les lumières de la ville s’éteignent, plongeant les rues ainsi que l’appartement dans l’obscurité la plus totale. J’entends la jeune femme à mes côtés se déplacer tout en lâchant quelques plaintes.

— Où sont ces foutus bougies ? s’énerve-t-elle en claquant les portes des placards.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? s’inquiète Alexandre.

Lentement, je tente de trouver les garçons afin de les rassurer. Lorsque mes mains touchent enfin le canapé, je dépose ma main sur l’épaule de la personne qui se trouve à cette place, en espérant que ça soit Alexandre. Le craquement d’une allumette attire mon attention, et c’est à ce moment que je constate que Sky a retrouvé ses bougies. Et, c’est aussi à ce moment que je m'aperçois qu'il ne s’agit pas d’Alexandre mais de Noé la personne que je suis venue rassurée.

— Je savais que cette promotion sur les bougies d’intérieurs en valait la peine ! s’exclame la jeune femme, fière d’elle.

Je retire ma main de son épaule comme si je venais de me brûler. Établir un contact physique avec Noé me semble difficile au vu de notre relation conflictuelle.

— Plus d'électricité… La situation doit être bien plus grave qu’on ne le pense… panique Maël, les larmes aux yeux. Mes parents sont certainement…
— Je suis sûre qu’ils vont bien, l'interrompt Sky. Nous allons tous nous coucher afin de reprendre des forces et dès demain matin, nous irons chez toi.

Les paroles de la jeune femme ont eu le mérite de rassurer le garçon qui semble à nouveau se calmer. Malheureusement, ça n’a pas eu le même effet sur Noé. Celui-ci se tourne vers moi, la panique se lisant sur son visage.

— Tu penses que maman et papa vont bien ?
— Je ne sais pas… Ça fait longtemps que je n’ai plus de nouvelles d’eux.

Il se lève sans dire un mot de plus, et se dirige vers la fenêtre la plus proche. Je tente de m’avancer mais il m’esquive et se réfugie dans la salle de bain. Loin de moi.
Encore une fois, en voulant être présente pour lui, je finis par le décevoir.

…

Comme convenu, il arrive que mes parents viennent me chercher de temps en temps afin que je participe aux dîners qu’ils organisent. Ces événements ont pour but de nous faire passer pour la famille parfaite aux yeux de leurs amis.
Il faut mentir, ne pas mentionner les problèmes d’alcool, ni les excès de violence dont fait preuve mon père. Cette comédie si bien orchestrée par ma mère, a le mérite de convaincre tout le monde. Ainsi que mon frère qui n'est au courant de rien.
J’en ai ras le bol de mentir et de dire que tout va pour le mieux, alors que tout ça n’a rien de réel.
Mon frère qui est assis en face de moi, a la tête baissée. Il semble déconnecté du moment présent.

Si seulement tu savais Noé, que ta grande sœur n’a pas la vie qu’elle prétend avoir.

— Je vous ai préparé un bon petit plat ! Vous m’en direz des nouvelles, annonce ma mère en servant nos invités.
— Éliana ! m’interpelle l’ami de mon père. Quand allons-nous avoir l’honneur de rencontrer ton petit-ami ?
— Je ne crois pas…
— Ma fille est assez réservée ! me coupe ma mère. Mon beau-fils est un bon garçon. Ses parents sont avocats donc on est assez confiant pour l’avenir de leur couple.
— Je suppose que son ventre va bientôt s’arrondir…

Je jette un regard noir aux convives, ne pouvant faire que cela après le mensonge que viens d’inventer ma mère. L’homme qu’elle mentionne comme étant mon petit-ami est en réalité mon ex, qui, à l’heure actuelle, ne fait plus partie de ma vie.

— Ça ne serait pas étonnant venant d’elle, l’enfant parfaite ! crache Noé avant de quitter la table.

Tout le monde reste abasourdi par sa réaction, sauf moi. Je comprends son point de vue, et je ne lui en veux pas. Nos parents l'ignorent de plus en plus depuis mon départ.

— Je vais finir par me faire des cheveux blancs à cause de cet enfant, se plaint ma mère en serrant la main de mon père.
— Ne t’en fais pas, Ophélie ! Ta fille est si mignonne, qu’elle nous ferait presque oublié la présence de ton fils, la rassure son amie.

“Parfaite”

Je déglutis difficilement avant de reposer ma serviette sur la table et me lever.

— Si ça ne vous dérange pas, je vais aller voir si il va bien.
— Éliana ! conteste mon père en me dévisageant.

Son regard si froid me force à me rasseoir.

...