☯ ƇӇƛƤƖƬƦЄ 8 : L'obscurité est une douce mélodie

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🎧grandson – blood // water🎧

Pour veiller les uns sur les autres, nous avons pris la décision de dormir tous ensemble dans le salon. Allongée à même le sol, je bouge constamment cherchant à me débarrasser des pensées parasites qui se bousculent dans mon esprit. Enzo allongé sur le canapé ne cessent de tousser à s’en arracher les poumons. Les autres dorment profondément, peu déranger par lui.

Pour ma part, n’en pouvant plus, je me lève afin de partir prendre l’air sur le balcon. Je m’installe devant la rambarde afin que mes jambes pendent dans le vide. Je prends le temps d'observer la ville plongée dans un calme oppressant. La beauté du ciel étoilés contrastent avec la terreur que m’inspirent ces ruelles plongées dans le noir. Cette épidémie me laisse perplexe et le chaos qu’elle engendre reflète parfaitement mon état psychologique.

J’ai sans arrêt l’impression de perdre pied, sans personne à qui me confier.

À quoi bon demander de l’aide quand la seule issue possible à cette noirceur est de mettre fin à ses jours ?

Mon regard dérive vers le vide. Cet espace entre moi et le sol qui m'effrayait tant dans le passé, m'attire à présent.

~Enzo~

Manquant de m’étouffer, je me précipite dans la salle de bain en titubant. Ma fièvre ne cesse de monter, rendant chacun de mes mouvements difficiles. Grâce à l’une des bougies qui éclaire légèrement la pièce, je relève ma manche afin d’examiner la morsure sur mon avant-bras. Malgré les litres de désinfectant que j’ai versé dessus avant l’arrivée de tout le monde, elle semble encore plus infectée. Mes veines ressortent et virent aux noires.

En me penchant vers le lavabo, je découvre avec stupeur mon reflet dans le miroir. Mon teint est livide et mes cernes sont encore plus creusées qu’après une nuit passée sur les jeux-vidéos.

Pris d’un soudain vertige, je décide de m’allonger sur le carrelage froid de la salle de bain, fermant mes yeux dans l’espoir de me réveiller dans un meilleur état.

~Sky~

Je me réveille en sursaut, interpellée par les hurlements de détresse que poussent l’un des garçons. En me redressant, je découvre Maël, se débattant dans tous les sens pour échapper à Enzo qui tente de l’attraper. Alexandre tente d’intervenir en attirant le plus jeune garçon vers lui mais en vain.
Je m’avance vers Enzo, ne comprenant pas réellement ce qu’il lui prend mais lorsque ses yeux se tournent dans ma direction, je comprends immédiatement la réaction affolée des garçons. Je retombe mollement sur le sol, le choc me paralysant complètement.

Mon petit ami fonce sur moi, sa mâchoire claquant férocement. Ma tête heurte le sol lorsqu’il pose ses mains sur moi pour m’attaquer.

— Enzo…non… souffle-je, son visage s’approchant dangereusement du mien.

Les cris des garçons me parviennent mais mon corps refuse de m’obéir. Acceptant mon sort, je ferme mes yeux remplis de larmes, tentant d’oublier ce que je suis en train de vivre. Mais au lieu de sentir la douleur de sa morsure, je sens son corps retombé sur le miens.

Quand j’ouvre à nouveau mes yeux, je découvre Éliana, couteau à la main, juste devant moi. Elle vient de me sauver une nouvelle fois.
Son regard est vide d’émotions et ne laisse entrevoir aucun regret. C’est alors que je la vois jeter un regard en direction de Noé, avant de partir s'isoler sur le balcon sans prononcer un mot.

~Éliana~

Je viens de tuer quelqu’un avec qui nous avons discuté pendant des heures. Une personne qui comptait au yeux de Sky, et pourtant, je ne ressens rien. Malgré la tristesse évidente sur son visage, mon acte ne semble pas m'affecter.

Peut-être est-ce parce que je savais que ce jour devait arriver ?
Ou peut-être, est-ce parce que mon cœur a enduré bien trop d’émotions pour en encaisser une de plus ?

Je jette l’arme pleine de sang un peu plus loin, regardant le sang séché sur mes mains. Cela faisait des heures que j’étais assise sur ce balcon, songeant à toute la haine que pouvait ressentir Sky à mon égard.
Le soleil avait fini par se lever et pourtant, je n’osais plus rentrer, pour ne pas affronter les autres.
Le bruit de la porte coulissante me tire finalement de mes pensées. La silhouette de Sky apparaît dans mon champ de vision lorsqu’elle vient s'asseoir à côté de moi.
Après un long silence, elle finit enfin par prendre la parole.

— Merci de l’avoir fait…

Ne trouvant pas les mots adéquats pour lui répondre, je me contente de poser mon regard sur son visage marqué par la souffrance.

— Ça n'a pas eu l’air de t’atteindre, dit-elle en croisant mon regard.
— La mort ne m’effraie pas… Elle ne t’effraie plus à partir du moment où tu as songée à la manière dont tu allais en finir avec ta propre vie, révèle-je. La peur, la tristesse, et toutes ces autres émotions que tu ressens actuellement, ne doivent pas prendre le dessus quand il s’agit de survie.
— Il est au courant Noé ?
— Au courant de quoi ?
— Que tu as déjà pensée à en finir ?

Un rire nerveux traverse la barrière de mes lèvres à sa question.

— Une partie de moi est morte le jour où il a compris… Mais, j’ai fini par apprendre à vivre sans.

Sa main presse la mienne en guise de soutien.

— C’est pour cette raison qu’il est aussi dur avec toi, souffle-t-elle tandis que j’acquiesce.
— Mes mensonges et mon silence n’ont fait que briser un peu plus notre lien.

Until the endOù les histoires vivent. Découvrez maintenant