1- T'es bien en chair

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Quand il fait sombre, on dit qu'il fait noir. Pourtant, quand la lumière nous aveugle, on ne dit pas qu'il fait blanc.

Sur les podiums, elle nous éblouis pour mettre en honneur les nouvelles collections, quand, ce qui nous entoure est plongé dans la pénombre. Moi, je veux vivre pour ces lumières, pour les flashs. Je veux être vu, quand paradoxalement, le monde se fiche bien de ma face. La raison de leur déplacement, de leurs applaudissements, de leur émerveillement se rapporte surtout à la beauté des vêtements que je portais. Pas à moi. C'est bien pour cela qu'on me disait de faire la gueule.

Je ne sais pas vraiment comment décrire l'environnement dans lequel je me trouvais. Il faisait blanc, c'était certain.

Alignés tel de vulgaires bouts de viandes, j'étais en sous-vêtement, comme une dizaine d'hommes dans la pièce. Les néons ne nous mettaient pas en valeurs, ils nous dévoilaient.

Il faisait affreusement blanc, et froid. Tellement que je me forçai à ne pas plisser les yeux.

« Toi, recule. »

La vieille bique venait d'éliminer un roux. C'est dommage, il avait du charme.

Les lunettes au bout du nez, elle scanna chaque recoin de nos corps, nos visages, avant d'éliminer le prochain.

Parfois, elle nous touchait. Elle venait de faire pivoter le visage d'un de mes concurrents. Il devait me dépasser d'au moins deux centimètres.

« Recule. »

Je m'efforçai de regarder droit devant moi pour ne pas être déstabilisé.

« Toi là, marche. »

Moi ? Je faillis me pointer du doigt et clignai plusieurs fois des yeux. Elle souffla, agacée :

« Dépêche-toi, on a pas toute la journée. »

Je m'avançai, m'efforçant de garder un visage neutre, jusque la table ou se trouvait une autre femme d'une cinquantaine d'années et un homme un peu plus jeune.

Un, deux, trois, quatre, cinq –

« Stop. Retourne à ta place. »

Je retins un sourire.

« En fait, non. Mets-toi sur le côté. »

Personne n'était encore sur le côté. Elle me foutait dans quelle case celle-là ? Je m'exécutai sans laisser paraitre ma panique.

Elle continua ainsi durant vingt longues minutes. Finalement, le type un peu plus grand que moi finit sur la touche avant qu'elle ne demande à tous de disposer. Elle avait déjà choisi ses favoris. Un blond, d'au moins un mètre quatre-vingt-cinq, et un de peau noir d'à peu près la même taille. Sa peau était si sombre qu'elle semblait luire. Elle était magnifique.

« Présentez-vous. »

Je me reconcentrai sur elle. Elle tenait nos photos et nos fiches de renseignement en main.

« Le grand, commence.

— Kim Namjoon, 23 ans, un mètre quatre-vingt-un, soixante-seize kilos. »

Je le savais ! À force, je commençais à avoir l'œil... si seulement je pouvais les avoir, ces centimètres en plus...

« Tu sais ce qui pose problème chez toi ?

— Mon nez et mes yeux, répondit-il du tac au tac.

— Exactement. Au moins, on perd pas de temps avec toi. Et t'as une solution un mètre quatre-vingt-un ?

— La chirurgie esthétique. »

Silence. Elle le fixa. J'en étais moi-même déstabilisé, alors qu'elle ne se concentrait que sur lui.

On Earth, We are Briefly Walking | TaekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant