9- T'éviter pour me faire oublier

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Dès l'aube, Taehyung n'était plus là.

J'ai longtemps observé mon environnement, allongé sur mon canapé.

Un vase brisé. Green déchiquetée. Le porte manteau renversé. Mes affaires étalées au sol, éparpillées, salies.

Et ce sentiment de vide, immense. Comme une impression d'inachevé, de trop grand à affronter.

Pendant une heure ou deux, ou même une matinée entière, je restai ainsi, le regard rivé sur le résultat de cette chasse imaginaire. Parce qu'à la fin, aucun de nous n'avait réussi à les capturer. Sûrement parce qu'ils n'existaient pas.

J'ai longtemps réfléchi à la suite des choses. Et je ne sais pas pourquoi, mais sur le moment, j'avais surtout eu envie d'abandonner, de lâcher prise et de tout quitter.

Nul besoin d'un élément déclencheur pour tout renverser. Se réveiller suffit. Et cela avait été assez pour m'éclairer sur ma situation. En résumé ; un vrai bordel.

Ce qui m'extirpa de ce long monologue avec moi-même fut la sonnerie de mon téléphone. Je l'entendis au loin, dans ma chambre. Elle se déchaina une dizaine de fois avant que je ne prenne mon courage à deux mains pour braver cette nouvelle journée.

Hoseok
12h13
12 appels manqués

Hoseok
12h15
RDV dans une heure. Ne sois pas en retard ou ça va barder.

Mais tout cela n'avait été que des pensées et du temps perdu. Mes envies soudaines pouvaient bien aller se faire foutre quand d'autres comptaient sur moi, ma présence ou ma beauté. Que je le veuille ou non, j'avais des obligations avant d'avoir des rêves.

Sur le chemin de son bureau, j'avais essayé de me remémorer les causes de ma colère contre Hoseok. Mais je n'y arrivais pas, ou plus. J'étais tout simplement las de tout. Ces papillons avaient eu raison de moi, et pour une première fois, ceux-ci avaient réussi à anesthésier toutes émotions. Pour combien de temps ? Je ne sais pas. Je m'étais posé la question sans vraiment m'affoler.

Je savais que les effets étaient retombés bien avant que je ne rouvre les yeux sur le monde. Cependant, je ne pouvais ignorer ce poids, comme enchaîné à ma cheville et qui me soutirait le peu d'énergie qu'il me restait.

Et ce même monde me semblait fade. Il était aussi savoureux qu'une pomme ; sans goût et déprimant.

À mon arrivée, tous se turent dans les couloirs et la standardiste appela mon manager pour le prévenir de ma présence. Devant la porte, je n'hésitai pas et entrai sans plus de cérémonie.

Hoseok était assis sur sa chaise en cuire, dos à moi. La tension était palpable, et sans pouvoir l'expliquer, toute la haine que j'avais jusque-là oublié remonta à m'en donner des nausées. Le simple fait de me trouver dans la même pièce que lui en était la cause.

Lorsqu'il se retourna, cette sensation se décupla à la simple vue de son sourire narquois. Il avait gagné, il avait réussi à me faire rentrer dans sa tanière pour mieux me piéger.

« Assieds-toi. »

Je restai debout. Il me dévisagea.

« Très bien. Si c'est comme ça que tu veux commencer la discussion...

— Depuis quand tu discutes ? », dis-je empreint d'un calme déconcertant.

Il soupira et passa sa main sur son visage tiré par la fatigue.

« S'il-te-plait, ne complique pas les choses. »

Je ne lui renvoyai qu'une expression amère comme seule réponse.

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⏰ Dernière mise à jour : May 10 ⏰

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