3- Souvenirs

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Je ne savais pas qui était Kim Taehyung. Pour être franc, je m'en fichais.

« Jungkook ? »

Il devait être aussi minable que moi.

« Tu m'écoutes ? »

Il devait chercher les papillons.

« T'as rendez-vous Jeudi 27 avec Song Minho. Tes mains leur ont plues, dit Hoseok.

— Vraiment ? C'est pour Jaybaek Couture ?

— Non, c'est pour une pub de croquette pour chat. »

Je retins une grimace.

« Fais pas cette tête, t'as décroché un contrat sans être casté. C'est comme ça qu'on débute. »

Je débutais depuis mes quinze ans. C'est chiant les débuts.

« On devrait peut-être refaire ton book et nous concentrer que sur tes mains.

— Non.

— C'est pour ton bien que je dis ça.

— J'ai dit non. »

Hoseok n'insista pas. Je n'avais plus envie de parler, il m'avait mis de mauvaise humeur. Peut-être que je devais changer de manager. Il était vraiment incompétent.

« T'as trouvé ce que la meuf voulait ?

— Non. Et toi ? »

Je ne lui avais pas rapporté les paroles de belles lèvres. Moins il en savait, mieux ça valait pour lui.

« Non. »

Il haussa des épaules et continua la rédaction de son mail, je présumai. Je le faisais carrément chier.

« D'accord. Appelle-moi pour le compte rendu. »

Ça voulait dire dégage. Je me levai sans le saluer, il ne le fît pas non plus.

Dans les couloirs de son bureau, tout le monde se retournait à mon passage.

Ici, on me voyait.

Je devais être beau à leurs yeux. Je le devinai à leur regard plein d'admiration. Ils s'imaginaient avoir à faire à un vrai mannequin, quand la plupart des clients de Hoseok faisaient appel à lui pour décrocher des contrats dans le cinéma ou la télévision.

J'étais une exception, parce que je connaissais sa mère. Elle semblait plus futée que lui. Plus humaine aussi.

Je sortis du bâtiment et marchai jusqu'au restaurant. Il était dix heure et demi. J'allais bientôt commencer le service.

Dans la rue, j'avais l'air seul. Durant cette période de ma vie je l'avais été. Mes interactions sociales se limitaient à mes collègues, les castings et les shootings.

Au travail, ils étaient gentils, sauf M.Sung. Je crois que son divorce l'avait rendu aigri. Il criait tout le temps, et sa ride du lion, comme son énorme veine sur le front, ne le quittaient jamais. Il m'arrivait de l'imaginer exploser et qu'il se vide de son sang.

Si cela arrivait un jour, je serais au chômage. Alors je ne l'imaginais pas, ou peu.

Parfois, j'avais envie de lui dire Apaise ton cœur, mais il m'aurait sûrement hurlé :

« Ferme ta gueule Jeon, je te paye pas pour faire de la méditation ! »

Il n'avait pas tort. Je me contentais de faire le strict minimum, après tout, ce n'était pas mon restaurant.

« T'as cinq minutes de retard Jeon ! Si ça continue, je les retire de ta paie. »

Cause toujours, tu m'intéresses.

On Earth, We are Briefly Walking | TaekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant