Ace et les nuits merveilleuses

175 13 259
                                    

Il y avait un pays, situé là où le soleil se lève. Un pays qui ne connaissait pas la pluie, où tous les peuples se mélangeaient. Le vent venait de l'ouest, le soleil venait de l'ouest. Le soir, quand il s'endormait dans le sable, il laissait place aux plus merveilleuses nuits du monde. Les rues étaient fréquentées, elles sentaient le jasmin, la coriandre, le paprika, le safran, le poivre et le gingembre. Des danseuses parées de perles de turquoise ou d'agate et de voiles d'organza, des charmeurs de serpents aux flûtes gravées, des cracheurs de feu et des fakirs animaient les rues tandis qu'on marchandait la soie ou le satin. C'était un pays de feu, d'or, d'épices, de mystères. Un pays cerné de déserts de sable, où il était facile de se perdre.

Dans ces rues bondées, pleines de bazars, de marchands, d'animations et de petites gens vivait un jeune vagabond, seul ici, sans le sous.

Pris dans une folle course poursuite, la garde royale à ses trousses, il se faufilait entre les passants et les maisons de briques de terre.

"Voleur !"

Un morceau de pain dans la main, ses pieds nus sur le sol en pierre, il commençait déjà à perdre haleine.

"Qu'on décapite ce vaurien !"

Le voilà déjà cerné ! Par où passer ?

L'épée d'un garde fendit dangereusement l'air vers lui, alors il sauta pour finir sur un tonneau d'arak. Perdant presque l'équilibre, il se hâta de bondir s'accrocher à une barre métallique pour s'élancer à travers une fenêtre ouverte.

"Attrapez le !"

Il tomba nez à nez avec de belles jeunes femmes en tenues légères, révélant leurs cuisses et leurs bras fins. Il avait atterri dans un bordel.

"D'où viens-tu donc, jeune débraillé ?

_Qu'il est beau !

_Trop mignon !

_Regardez-moi ces tâches de rousseur !"

Mal à l'aise, il ricana et recula d'un pas. Il se pencha en avant et marmonna :

"Pardon, mesdemoiselles, mais je n'ai pas vraiment le temps de causer..."

On entendit un garde crier. Une des filles sourit :

"C'est un petit chapardeur !

_Pourquoi voler de la sorte ?

_Qu'as-tu piquer ? Des bijoux ?

_Je le reconnais ! C'est un pauvre jeune homme qui n'en est pas à son coup d'essai."

Le vagabond haussa les épaules, montra son morceau de pain et leur présenta cette explication :

"Il faut manger pour vivre, et voler pour manger !"

Puis, entendant des bruits de pas dans les escaliers, il fila à travers les rideaux de soie et s'élança à travers une nouvelle fenêtre. Le garçon grimpa sur une échelle pour finir sur les toits.

"Il est là !

_Vaurien !"

Il sauta de toit en toit, mais une planche sur le bord d'une maison céda et il dégringola pour terminer dans une charette pleine de paille.

Une prostituée à la fenêtre du bordel, qui l'avait suivit des yeux, ricana :

"Le roi des voleurs vole bien bas !"

Le vagabond resta caché là, jusqu'à ce que les gardes passent au dessus de lui.

Lorsqu'il sortit de sa cachette, il offrit un sourire à la jeune fille avant de disparaitre dans la foule.

Raconte-moi une histoire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant