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Une nuit profonde et sans étoiles enveloppe Poudlard et ses alentours. Les maraudeurs suivent Rusard dans les couloirs vides, chuchotant d'un air conspirateur qui ne plaît pas au concierge – ni à son chat, qui se retourne de temps à autre pour montrer les dents.

— Taisez vous ! Ordonne-t-il d'un ton acide. Et séparez vous. J'ai besoin de deux groupes.

Sirius s'empresse de tirer James par la manche d'un geste un peu brusque. Remus échange un simple regard entendu avec Peter.

— Ah, non, ne me refaites pas le coup ! À chaque fois que je vous laisse tous les deux, quelque chose finit par exploser ! Refuse Rusard en pointant un doigt accusateur sur James et Sirius.
— Nous ? Feint James, abordant une mine tout bonnement choquée.
— Black, avec Lupin. C'est le seul d'entre vous qui soit un tant soit peu raisonnable. Potter, avec Pettigrew.

Sirius jette un coup d'œil déçu à James, qui se dirige docilement vers Peter, et se tourne vers Remus.

— Potter, Pettigrew ; salle des trophées. Les autres ; chaudrons. Évidemment, baguettes interdites.
— Tout ça pour une simple petite blague ? Murmure James dans un soupir excédé.
— Tu as laissé un professeur flotter au plafond pendant dix minutes, James. C'est largement mérité, lui rappelle Remus d'une voix plate.

Rusard ouvre la porte d'un large cagibi, dévoilant des dizaines de chaudrons rouillés, entassés les uns sur les autres. Sa bouche édenté s'ouvre dans un sourire grimaçant. Sirius lutte contre l'envie de prendre ses jambes à son cou.

— Baguettes, exige Rusard en tendant ses doigts noueux.

Remus pose la sienne sans rechigner. Sirius, lui, la garde jalousement contre lui.

— Ne fais pas d'histoires, Pads, dit Remus en la donnant à Rusard à sa place.
— Je suis sûr que ce cracmol de malheur va essayer de s'en servir, marmonne Sirius une fois la porte verrouillée derrière eux.

Remus camoufle un rire dans un soupir, et attrape une éponge savonneuse avant de s'agenouiller devant un chaudron.

— Pourquoi fait-on ça de toute manière ? Grommèle Sirius en tenant un chiffon crasseux du bout de ses doigts délicats. Ces antiquités ne servent même plus !
— Arrête de râler et aide moi.
— Et puis son chat de malheur qui traîne partout. J'te jure, il me déteste. J'ai ses poils collés partout sur ma robe même si je ne m'approche pas de lui. Pourquoi est-ce qu'il n'a pas de chien ? Les chiens sont mieux. Beaucoup plus efficaces.
— Mets toi à son service, alors.

Sirius ignore sa remarque et se met à frotter un chaudron rouillé sans grande conviction, lancé dans un monologue haineux envers Miss Teigne.

— Pads, j'aime t'écouter parler mais par pitié change de sujet, le coupe Remus au bout d'une dizaine de minutes.
— Tu aimes m'écouter parler ? S'étonne Sirius, cessant son ouvrage.
— Bien sûr.
— Oh.
— Ça te surprend ?

Sirius se remet à frotter, silencieusement cette fois. Une boule s'est formée au fond de sa gorge.

— Mes parents détestaient m'écouter parler, murmure-t-il. Et des fois j'ai l'impression que tout le monde pense la même chose. C'est con, hein ? Ils ne sont plus là, ils ne peuvent plus me faire de mal, mais j'y pense encore.

Remus laisse tomber son éponge et se redresse sur ses genoux pour l'enlacer. Sirius sent son cœur battre un peu trop fort contre sa poitrine.

— C'est pas idiot du tout.

Remus enroule une mèche brune qui court le long de la nuque de Sirius autour de son doigt.

— Pourquoi ton cœur bat si fort ? Demande-t-il dans un souffle.

Sirius se recule si brusquement que Remus tombe à la renverse, atterrissant un peu brutalement sur ses fesses. Il toussote et passe son chiffon avec ardeur sur une tâche tenace.

— Désolé, dit-il simplement.

Remus hoche la tête et se relève pour reprendre son travail en silence.
Une heure passe, et lorsque Rusard revient ils ont tous les deux les mains rougies et les genoux douloureux. Sirius passe devant Remus sans un mot. Merde.

Les maraudeurs sont assis à la table des Gryffondor, servant abondamment leurs assiettes de petits pois et rosbif fraîchement débarqués des cuisines. Sirius avale une bouchée avec appétit, lorsqu'il relève la tête Emeline lui adresse un timide signe de main depuis la table des Serdaigle. Il lui répond par un faible sourire.

— Eh bah, ricane James en le remarquant. Vance doit vraiment t'ensorceler pour que tu joues les timides comme ça avec elle.
— Il ne se passe rien.
— Je ne te crois pas ! Tu es dans la lune depuis votre rencard, quand est-ce que tu la revois ?
— Jamais, James.
— Pourquoi ?

Sirius ne répond pas, et tripote ses petits pois du bout de sa fourchette, il aimerait hurler la vérité. Mais comment faire alors qu'il peut à peine se la murmurer à lui-même. Je n'aime pas les filles. J'aime.. J'aime.. Il est incapable de terminer cette phrase, pourtant il connaît la suite.

James continue de parler d'Emeline. À côté de lui, Remus a cessé de manger. Il serre ses couverts plus fort dans ses mains, tellement que ses jointures blanchissent.

— Qu'est ce qui t'arrive ? Demande Sirius en fronçant les sourcils.
— Rien, répond Remus, mais son regard le trahi.
— Moony aime bien Vance, lui aussi ! Plaisante James.
— Non, Prongs.

En prononçant ces mots, Remus regarde Sirius droit dans les yeux. Son cœur rate un battement. Et il se sent sale. Terriblement honteux. Remus ne pensait à rien en croisant son regard, pourtant il n'a pas pu s'empêcher d'y voir autre chose. Idiot. Idiot. Idiot. Si Remus savait la manière dont tu penses à lui, il en serait dégouté. Ils le seraient tous.

— J'aime quelqu'un d'autre, déclare soudainement Remus avant de se mordre les joues, comme si les mots lui avaient échappé.
— Qui ? Demande avidement James.
— C'est un secret.
— Tu ne peux pas nous faire ça, Moony, gémit Peter.

Sirius a du mal à respirer. Idiot. Idiot. Idiot. Sa cage thoracique devient trop étroite, et ses poumons sont sur le point d'exploser. Mais il sourit.

— Oui, Moony, ne fais pas de cachotteries. Qui c'est ?

nda : je suis vraiment à deux doigts de faire une sad ending. should i ?

(je les aime trop pour le faire, mais j'y pense quand même)

moonlight loversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant