UNE GOUTTE D'ENCRE APRÈS LA PLUIE - 𝘀𝗵𝗶𝗻 𝘀𝗼𝘂𝗸𝗼𝗸𝘂

( deux )

( nda ) je ne sais pas trop quoi dire dans cette nda lol comme d'habitude, merci pour les votes, les commentaires et enjoy le nouveau chapitre!! 

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CHAPITRE DEUX : PETITES RENCONTRES ENTRE VOISINS

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Quand il était enfant, Atsushi n'avait pas vraiment d'amis. Il passait l'essentiel de ses journées d'école seul, incapable de se diriger vers les autres jeunes de son âge qui se trouvaient avec lui et tout aussi incapable de surmonter sa timidité maladive pour essayer de devenir leur ami. Dans les premiers temps, certains avaient tenté de s'approcher de lui, mais ils avaient vite abandonné en s'apercevant que le jeune garçon qu'il était avait peur de tout. On n'a pas envie d'être ami avec un trouillard, surtout quand on a six ans et qu'on veut juste découvrir le monde, la vie et les joies de l'école.

Il avait longtemps été tout seul, sans personne pour occuper ses journées et surtout, ses récréations, là où tous les enfants se rejoignaient et jouaient ensemble, là où on se sentait particulièrement solitaire quand on restait juste dans un coin de la bibliothèque de l'école, à lire des albums et des livres d'images parce que les lettres des romans se confondaient et qu'il avait des difficultés à les déchiffrer ― tu es dyslexique, lui diraient quelques années plus tard les adultes et professionnels qu'il rencontrerait, mais à cette époque, il était juste isolé, perdu et en retard sur les autres.

C'était dans cette bibliothèque, son refuge, le seul endroit où il trouvait la paix, qu'il avait vu Ryunosuke pour la première fois. Ils ne s'étaient pas parlé à ce moment-là, cependant ; il l'avait juste vu, dans son champ de vision, en train de lire un livre comme lui. L'ouvrage qu'il avait entre les mains à ce moment-là était cependant infiniment plus gros qu'un simple album, et Atsushi avait été impressionné. Il ne devait pas être beaucoup plus âgé que lui, pourtant. Il lui était tout de suite apparu comme une espèce de surhomme, quelqu'un capable d'accomplir de grandes choses.

Ils s'étaient parlé pour la première fois quelques jours plus tard, alors qu'ils s'étaient recroisés dans un parc et que le jeune garçon lui avait proposé qu'ils jouent ensemble. Atsushi n'avait pas compris pourquoi et comment son interlocuteur l'avait repéré, lui qu'on ne voyait pour ainsi dire jamais, terré dans son coin, trop timide pour faire le premier pas.

Mais il l'avait fait, et le jeune garçon avait enfin gagné un ami. Un ami qui savait tout faire, plus que les adultes ; un ami discret que personne d'autre que lui n'avait le privilège de connaître, mais un ami sur qui on pouvait toujours compter.

Il lui avait fallu des mois, même des années pour accepter la dure réalité qui avait fini par se dessiner petit à petit. Pour accepter que si Ryunosuke se faisait discret et ne discutait jamais avec d'autres personnes que lui, c'était parce qu'Atsushi était le seul à le voir. Pour accepter que la solitude, la tristesse et son envie d'avoir des amis lui avait fait imaginer ce jeune garçon et qu'en réalité,

il n'existait même pas.

Maintenant qu'il étudiait la psychologie à l'université, qu'il passait des heures à s'intéresser au fonctionnement du cerveau, il réalisait d'autant plus à quel point c'était un organe vital et complexe. Un organe qui avait été capable d'inventer seul une personne entière, dont Atsushi ne s'était pas rendu compte de la fictionnalité avant qu'une psychologue ne la pointe du doigt. Petit, il avait été sincèrement convaincu que Ryunosuke existait et qu'ils étaient amis ; pire, que tout ce qu'il était soi-disant capable de réaliser était parfaitement rationnel, plausible, et pas du tout issu de son imagination fertile d'enfant de six ans qui regarde trop de dessins animés de superhéros.