Chapitre 9

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- 27 octobre 2022, Pablo-

Mes yeux posés sur la paella que m'a préparé ma mère, j'écoute mon père en train de m'engueuler. Comme si c'était ma faute si l'équipe a perdu hier soir... En effet, nous avons joué le match retour contre le Bayern, et comment vous dire qu'on s'est pris une raclée... Je n'ai pu jouer, car je ne suis pas vraiment remis à 100 %. J'ai encore mal aux adducteurs ainsi qu'aux testicules. Croyez-moi, ce n'est pas une partie de plaisir.

« Tu aurais pu rentrer, Pablo !

- Il avait encore mal, tu peux comprendre, non ?

- Toi, ta gueule. Tu n'as pas ton mot à dire ?

- Toi ferme ta gueule ! Je ne pouvais pas rentrer ! Je ressentais encore la douleur durant le match. Xavi ne voulait pas prendre de risque, alors arrête de t'en prendre à moi et à maman ! Tu pourris cette famille ! »

Je n'en peux plus d'être sous le même toit que mon père. Ça devient un enfer trop compliqué à supporter.

« Pablo, je t'interdis de me parler sur ce ton !

- Mais tu t'es entendu ? Tu rejettes tout sur moi ! Et tu manques de respect à maman alors qu'elle n'a rien demandé !

- Si ta mère ne s'était pas tapé un autre homme, ça ne se serait pas passé comme ça.

- Mais tu ne t'ais jamais demandé pourquoi elle est allée voir ailleurs ? Parce qu'elle ne te supporte plus ! Tout comme moi, d'ailleurs ! Je n'en peux plus de tes réflexions à la con, ni de la manière dont tu parles à maman ! »

Je tape sur la table, et me lève de ma place. Mon père m'interpelle, mais je ne réagis pas. Je ne devrais pas lui parler de cette manière, je le sais, mais je n'en peux plus. Depuis qu'il est en plein divorce, c'est devenu un vrai connard. Dès que Barcelone perd, il affirme que c'est ma faute, que je n'ai pas assez été performant. Et dès que ma mère ose me défendre, il lui dit de fermer sa gueule. J'aimerai qu'il se casse comme il l'avait fait avant. Pourquoi est-il revenu si c'est pour réagir de cette manière ?

Je monte dans ma chambre, et m'écroule sur mon lit. L'entrainement commence dans 30 minutes, et c'est mon père qui aurait dû m'y emmener. Je prends mon téléphone, et compose le numéro d'un de mes coéquipiers. Mon meilleur ami.

« Pablo ?

- Pedri... Je... Je te dérange ?

- Non, pas du tout. Ça va ?

- Ouais... Tu peux venir me chercher et m'emmener à l'entrainement ? J'aimerai... Qu'on parle... Tous les deux...

- D'accord, pas de soucis. Je suis là dans 10 minutes.

- Merci. »

Lui et moi devons parler. Je déteste faire le premier pas, ce n'est pas mon genre, mais là, c'est mon meilleur ami, et j'ai besoin de lui. Je me lève du lit, et prépare mon sac pour l'entrainement. Je mets mon jogging, ma veste, ma tenue d'entrainement ainsi que mes crampons, et sors de ma chambre. En bas, il n'y a plus aucun bruit.

Je descends à l'entrée, pose mon sac, et retourne dans la cuisine, où se trouve ma mère, des larmes roulant sur ses joues, en train de débarrasser la table. Mon père, lui, n'est plus là. Je me dirige alors vers ma mère, et la prends dans mes bras.

« Ce n'est pas grave mon chéri.

- C'est un con.

- Mais c'est ton père... Tu veux que je t'emmène à l'entrainement ?

- Non. Pedri vient me chercher...

- Ça s'est arrangé ? »

Je hausse les épaules. Pas vraiment, mais je veux qu'on se parle et qu'on arrange les choses.

Le garçon d'en face (Pablo Gavira)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant