Chapitre III : Spit in my face, my love, it won't phase me [Kavetham]

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(Artiste : Lawless2031923, Twitter)

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(Artiste : Lawless2031923, Twitter)

GROS TRIGGER WARNING :
⚠️mention de s**cuide et de TSPT (troubles du stress post-traumatique)⚠️
- la scène n'est pas explicite mais peut tout de même rendre certaines personnes mal à l'aise si elles se sentent concernées ou dérangées par le sujet, je mettrai probablement des petits emojis warning pour que vous puissiez tout de même lire le chapitre, vous n'aurez qu'à skipper la partie entre les deux lignes de petits triangles jaunes (elle n'est pas très grande).

- Ce chapitre se focalise sur la relation entre Kaveh et Al Haitam dans ce livre, il est un peu spécial, car Tighnari est censé être le seul protagoniste de l'histoire qui se déroulera toujours de son point de vue.

***

La vie de Kaveh, c'était un sacré bordel.
Et encore, il pesait ses mots.
Son existence était tellement merdique qu'il savait que même un auteur farfelu ne voudrait l'attribuer à un de ses personnages dans son œuvre. S'il avait pourtant la chance d'être un objet fictif, dans un monde loin de la réalité, un monde où il pourrait briller ne serait-ce qu'un peu, il savait tout autant qu'il n'en serait pas le héros.
Kaveh n'était pas le genre qu'on voudrait éclairer. Il possédait bien une gentillesse hors du commun, un idéalisme de cet univers qui dépassait l'entendement humain, un cœur pur rempli de bonnes intentions, une nature douce qui le rendait appréciable quand on apprenait à le connaître, tout un bazar de bonté et d'amour pour les autres qui n'était pourtant pas suffisant, jamais suffisant, toujours insuffisant, insupportablement vide. Les héros changent les gens avec lesquels ils rentrent en contact, ils sont capables de redonner des couleurs au monde, un sens à la vie, même aux méchants désespérés qui ne souhaitent que se venger. Les héros sont aimés, même quand ils ne le pensent pas, ils le sont, terriblement enviés mais aussi appréciés. Les héros sont parfaits même s'ils ne veulent pas l'avouer, leur gentillesse est réciproque, à toute épreuve, ils se fichent du mal et le combattent sans en craindre les conséquences. Les héros, c'était tout ce que Kaveh rêvait secrètement d'être, mais qu'il ne pourrait jamais atteindre.
Il n'avait jamais eu confiance en lui. Depuis tout petit, on lui avait attribué l'étiquette de "la personne bête et bruyante". Encore aujourd'hui, la plupart de ses amis ne le voyaient qu'à travers ce titre. Il n'osait pas vraiment s'en détacher, prouver aux autres qu'ils avaient tort de le penser stupide et trop bavard, car il s'était lui-même persuadé de la véracité de cette appellation. On lui martelait cette idée depuis son plus jeune âge, comme un robot auquel on répétait un ordre, il ne faisait que l'exécuter. Après tout, il n'arrivait jamais à se concentrer pleinement lors d'une leçon ; à rester assit trop longtemps sur une chaise ; à supporter le silence d'une salle de classe pourtant pleine ; les odeurs qui se dégageaient des encriers ; le bruit de la craie sur le tableau vert lui faisait mal aux tympans, il couvrait les paroles de sa maîtresse ; les oiseaux qui virevoltaient dehors étaient tellement plus beaux que les dessins fait par son voisin de table ; la lumière de l'ampoule l'intriguait, il se demandait comment elle faisait pour être aussi blanche. Son attention s'éparpillait partout, sauf dans "l'essentiel", qu'il n'avait jamais trouvé si essentiel. Parce qu'il n'aimait pas subir les cours de grammaire qui, de toute façon, ne lui apprenaient rien puisqu'il fallait juste les retenir par cœur et les recracher comme des boulets ridicules ; parce qu'il n'aimait pas faire des observations scientifiques car, après tout, on s'en fichait pas mal de savoir si les grenouilles pondaient des œufs ou non ; parce qu'il n'était jamais le premier dans une matière mais plutôt le dernier du classement ; parce qu'il levait plus souvent le doigt que le reste de ses camarades pour demander à la maîtresse ce que la croix sur le dos de sa main représentait ; parce qu'il appréciait l'école sans en tirer le moindre bénéfice intellectuel, on le trouvait stupide.
À vrai dire, ce n'était pas le cerveau de Kaveh le problème, ni sa vie à l'école primaire en général. Avec les années, après une mûre réflexion sur son enfance, un recul plus adulte et une vision moins naïve, il était arrivé à la conclusion que la raison de son manque de dévouement dans ses études était simplement liée à la mort de son père, trop précipitée, et à sa mère, dans sa globalité.

Les Colchiques - [CYNONARI, SPY!AU]Where stories live. Discover now