(Artiste : Pikaboo, Twitter)
La nuit gagnait la ville comme une marée sombre et déferlante, le ciel bleu marine baigné de nuages indigos plongeait le paysage dans une ambiance lumineuse et glaciale. Les lampadaires se tenaient droits et fiers comme des soldats prêts à affronter la lune, les piétons qui les enjambaient les ignoraient tout autant, les corps ensevelis sous d'épais manteaux, la plupart traçaient leur chemin sans prêter attention au reste, dans la simple attente de gagner le chauffage agréable de leur maison. Des traces humides jonchaient les routes animées, les feux rouges ruisselaient encore de l'averse récente, quelques pneus mal accrochés faisaient grincer les freins des voitures terribles et au bourdonnement incessant, si ce spectacle mécanique n'était devenu un objet du quotidien, les gens pourraient penser qu'il s'agissait d'un début d'apocalypse.
Un amas de résidences était particulièrement éclairé par les artifices de la métropole, dévoilant l'activité grouillante autour des immeubles empilés les uns sur les autres, les petits parkings modestes étaient sans cesse traversés, ouverts, refermés, habités, les humains se pressaient tous de vivre autour de leur habitat sans jamais rester au même endroit plus de quelques minutes. Les clapotis des semelles souples sur le sol mouillé faisaient couiner la plupart des chaussures, entraînant un bruit d'éclaboussure après quelques pas nonchalants. Le bip sonore des grosses portes de sécurité qui cédaient leur entrée chantaient en harmonie dans le voisinage, les badges passaient tour à tour contre les appuis de cuir et électroniques. Les empressements furtifs sur les escaliers faisaient écho sur plusieurs mètres, indiquant aux résidents le moindre mouvement d'un colocataire.
Une porte d'entrée plutôt vieille et mal entretenue grinça avant de claquer contre sa commissure, dans un bruit interpellant qui fit sursauter la plupart des gens environnants. Un petit appartement modeste se dressait derrière, baigné par la lumière de l'ampoule à quatre euros du supermarché du coin. Un musique forte et résonnante donnait une surdité commune à tous les individus présents dans l'humble demeure. La déco, surtout constituée de boules de papier froissées, de poussière accumulée sur les meubles, de pots vides de pâtes instantanées, et d'autres documents volants de toute part, laissait fortement à désirer, arrachant un soupçon de désinvolture au propriétaire, que la plupart des personnes qu'il avait accueilli en ce lieu devaient lui détecter. Quatre paires de chaussures reposaient dans le minuscule hall, d'à peine quelques centimètres, toutes très différentes les unes des autres, allant des pompes fièrement cirées et accommodées jusqu'aux baskets démodées à paillettes dont certaines parts commençaient à se détacher.« Al Haitam ! »
Une voix qui se voulait stridente retentit entre les murs fins de l'appartement, manquant de faire trembler les miroirs apposés à proximité. Elle atteignit son objectif, car peu de temps après, une figure élancée s'interposa dans le cadre déshumanisé du logement. Un grand jeune homme aux cheveux cendrés et au regard turquoise entra en scène, vêtu d'un ample sweat noir et d'un jogging gris délavé, son allure ne le rendait honnêtement pas très présentable, dévisageant son dernier invité, lui aussi habillé avec désinvolture, qui s'abstînt de faire le moindre commentaire, ses tennis reposaient désormais aux côtés de ses autres sœurs godasses. Le dénommé Al Haitam s'approcha franchement du nouveau venu, les mains dans les poches, une expression satisfaite au visage.
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Les Colchiques - [CYNONARI, SPY!AU]
Fanfic« Étreinte », Safet Zec Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là Violâtres comme leur cerne et comme cet automne E...