La peur n'existe pas (Jenny Scott)

Les visions

Nous sommes confortablement installés dans mon salon depuis déjà 3 heures, les yeux rivés sur l'écran pour regarder notre deuxième film de la soirée : The Baybay Man. Pour moi, ce film est ennuyeux, car il montre simplement que tout ce qui nous terrifie ne vit que dans notre esprit. Les protagonistes ne doivent ni penser ni prononcer le nom de Baybay Man, un homme horrible qui cherche à les tuer, sinon il apparaît aussitôt. Pendant que mes amis sont à cran devant le film, hurlant et sursautant à chaque action terrifiante, je reste imperturbable, ennuyé à mourir, mon téléphone à la main.
Soudain, la porte de la cuisine claque, me tirant de ma somnolence. Je regarde mes amis, qui se blottissent les uns contre les autres, pathétiques. Je me moque gentiment d'eux avant de me lever pour partir aux toilettes, suivi du regard par Ben, qui me demande où je vais.
« Je vais me soulager. J'ai tellement bu qu'il faut bien que ça sorte », réponds-je en souriant.

Arrivé dans la cuisine, je trouve mon père.

« Qu'est-ce que tu fais là ? », demandé-je.

« Je prends quelque chose à grignoter. Et toi ? Tu as laissé tes amis ? »

« Je partais aux toilettes, mais j'ai entendu du bruit ici, alors j'ai voulu jeter un coup d'œil. »

Mon père me sourit et remonte dans sa chambre. Je sors de la cuisine et me dirige vers les toilettes, mais je sens comme si quelqu'un m'observe. Je rentre dans les toilettes et ferme la porte. Une fois mon petit besoin terminé, je me tiens devant le miroir, j'ouvre le robinet et me mets un peu d'eau sur le visage. Quand je relève la tête, les lumières s'éteignent. Qu'est-ce qui se passe ? Soudain, tout se rétablit. Ouf, je suis soulagé. Je regarde à nouveau le miroir et aperçois une silhouette floue derrière moi. Je me retourne, mais personne n'est là. Je regarde à nouveau le miroir, mais la silhouette a disparu. Je sors des toilettes et me dirige vers le salon où se trouvaient mes amis, mais il n'y a plus personne. Où sont-ils passés ? Je les appelle, mais personne ne répond. Pourtant, leurs affaires sont là. J'attends, écoutant les bruits de l'étage, et je cours vers les chambres. « Alice, Jack ! » crié-je, mais personne ne répond. Je monte à l'étage, les escaliers grincent sous mes pas. Soudain, une ombre glisse derrière moi. Je me retourne vivement, mais il n'y a personne. Les lumières de la maison commencent à s'éteindre et à se rallumer d'elles-mêmes, créant des ombres effrayantes dans les coins de chaque pièce. Un frisson glacial me traverse le corps. "Et les gars, si c'est encore une de vos blagues, elle n'est pas drôle", je crie pour masquer ma peur. J'écoute attentivement, mais il n'y a aucun bruit venant de la chambre de mon père. Je frappe à sa porte, « Papa ! Papa ! » Personne ne répond. J'ouvre la porte et je ne vois personne. Où est-il passé ? Je me dirige vers la fenêtre pour regarder dehors, quand soudain, la porte se referme brusquement derrière moi. Un cri d'horreur jaillit de ma bouche, « Aah ! » Pourquoi je crie ! Les lumières de la chambre se fixent, illuminant la pièce d'une lumière blafarde. Je frappe frénétiquement à la porte pour que quelqu'un m'ouvre, mais personne ne répond. J'entends soudain quelqu'un m'appeler en chuchotant « Jenny ». Je me retourne pour voir d'où vient la voix, mais toutes les lumières s'éteignent d'un coup. La pièce est plongée dans l'obscurité totale, seule la lueur pâle de la lune qui filtre à travers la fenêtre. Je suis perdu. Qu'est-ce qui se passe ?
J'ai forcé la porte et enfin, elle s'est ouverte. Une fois dehors de la chambre, je ne suis plus dans ma maison. Mais où suis-je ? Je regarde autour de moi avec le peu de lumière qu'il y a, et là, je vois que je suis dans une cabane abandonnée. Comment est-ce que j'ai pu me retrouver ici ? C'est quoi ce bordel ?
Je descends les escaliers lentement. Il fait très froid, j'entends le vent et les branches qui créent une mélodie effrayante. Arrivé en bas, je vois un long tableau au mur que je n'avais pas remarqué le jour où j'étais venu.
J'avance vers le tableau et je vois des écrits bizarres : « Grata to infernum », bienvenue en enfer ? C'est du latin ? Je ne connais que ces mots en latin. La suite, c'est quoi ? « Invoco te o daemon mali, invoco te potestatem tenebrarum expergisci nunc ».
Au moment où je lis cette phrase, le vent devient de plus en plus fort et j'entends des voix. Je n'arrive pas à m'arrêter de lire et je commence à lire à haute voix « INVOCO TE O DAEMON MALI, INVOCO TE DOTESTATEM TENEBRARUM EXPERGISCI NUNC ». Je pousse un grand cri et directement le silence total, plus de vent, plus rien. J'entend le bruit de mon souffle et ma respiration devient encore de plus plus forte.
« Jenny ! », une voix qui chuchote mon nom. Je me retourne lentement et je la vois enfin, cette voix qui n'arrête pas de chuchoter mon nom. Je suis terrifié et glacé à sa vue, et elle vient vite me sauter dessus avec un couteau. Je crie fort « AAAAAH... ». Mes amis me réveillent et je sursaute de mon cauchemar. Je suis soulagé que ce ne soit qu'un cauchemar.
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