La peur n'existe pas

1 1 0
                                    

Je me demande pourquoi, subitement, je fais des cauchemars. J'ai passé toute ma vie à dormir en paix, sans aucune inquiétude. Mais voilà que ces rêves effrayants m'envahissent, m'empêchant de trouver le repos.

Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. Et cette envie de vomir, cette sensation qui me serre la gorge, comme si quelque chose tentait de m'étouffer. Mia appelle ça « La peur ». Je refuse de me l'avouer, mais je commence à me demander si elle n'a pas raison.

Je suis entourée de mes amis, qui ont l'air aussi inquiets que moi. Ils me questionnent, cherchant à comprendre ce qui se passe.

« Jenny, qu'est-ce qui se passe ? » me demande Jack, l'air soucieux.

Je ne sais pas quoi leur répondre. Comment pourrais-je leur expliquer que ces cauchemars semblent si réels, si effrayants, qu'ils me donnent l'impression d'être en train de perdre la raison ?

« Tu ne te réveillais pas, mais tu faisais des convulsions », ajoute Alice, l'air inquiet.

« On devrait appeler ton père ? », propose Ben.

« Non, non », dis-je en me redressant. « Il a dit de ne pas le déranger. Au fait, je faisais un cauchemar ».

Mes amis se regardent tous l'air étonné.

« Toi, Jenny, tu as fait un cauchemar ? », se moque Mia.

« C'est vrai, et ça avait l'air réel », réponds-je.

« Donc, tu as eu peur ? », demande Alice.

« NON ! », réponds-je sur un ton rassurant. « Vous savez bien que je n'ai pas peur. »

Je ne peux pas leur avouer la sensation que je ressens, sinon ils confirmeront leur théorie des choses surnaturelles et autres.

« Bon, le film est fini, il est temps de dormir ! », dis-je pour arrêter cette discussion. On se lève tous, et j'indique aux garçons la chambre où ils vont dormir. Avec les filles, on part dans ma chambre.

Tout le monde dort, mais je n'arrive pas à fermer les yeux. J'arrête pas de penser à ce cauchemar, c'était si réel. Pourquoi est-ce que je fais des cauchemars ? Pourquoi maintenant et pas avant ? Je me rappelle du cauchemar et là tout devient clair. C'est depuis le jour où nous sommes allés dans cette cabane que ces cauchemars ont commencé. Je me redresse du lit. Donc ça voudrait dire que les fantômes ou toutes ces choses existent vraiment ? Non, non, je ne veux pas y croire, ça n'existe pas.

Je quitte le lit et descends au salon. J'allume les lampes. Si c'est vrai que ça existe, je ne veux pas le voir dans le cauchemar, parce que les rêves sont les fruits de notre imagination. Je vais le voir de mes propres yeux. « Euh, fantôme ! », dis-je doucement. « Viens, je t'attends, arrête de te cacher et n'apparaître que dans mes rêves ! » J'ai l'air d'une folle à parler comme ça toute seule. C'est juste une coïncidence, mes amis m'ont tellement parlé de leurs histoires d'horreur que mon esprit commence à me jouer des tours.

Je me retourne pour aller vers les escaliers pour retourner dormir quand je tombe sur Ben, lui aussi ne dort pas.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » lui demande-je.

« J'ai entendu des bruits et je t'ai vue sortir de votre chambre », me chuchote-t-il.

« Je n'arrive pas à dormir, toi non plus à ce que je vois ? »

« À ces heures, je n'arrive plus à dormir. »

« Ah oui, je vois ! » Je baisse les yeux. Je me sens intimidée quand on est seuls tous les deux comme ça.

« Et toi, est-ce que tu vas bien ? Parce que je remarquais que ces derniers temps, tu étais un peu ailleurs », dit-il en se rapprochant de moi. Je suis de plus en plus intimidée.

« Moi ? Tout va bien. »

« Dernièrement, tu nous disais que la cabane abandonnée que vous aviez visitée avec les autres avait quelque chose de bizarre, et tu as même parlé des esprits, ces genres de choses. »

Je reste là. Je ne sais même pas ce que je peux lui donner comme réponse.

« Tout le monde sait que tu ne crois pas à ces choses et tu n'aimes même pas en parler », ajoute-t-il. Le pire, c'est qu'il a raison. Je ne peux pas lui parler du cauchemar et de mes conclusions, sinon il va me prendre pour une folle.

« Ah non, je plaisantais, je voulais juste voir comment vous alliez réagir », dis-je en souriant.

Il se tient là devant moi. Je baisse les yeux, et il relève ma tête avec deux doigts.

« Jenny, tu sais que je tiens beaucoup à toi ? », dit-il avec sérieux.

Je réponds seulement avec ma tête. Ma bouche est comme bloquée, mes yeux sont figés dans les siens.

« Y'a quelque chose que je dois te dire. Je t'avoue que ça fait un bout de temps que je veux te le dire, mais je n'ose pas », poursuit-il.

Oui, enfin il va le dire. Ses sentiments. Il était temps.

« C'est quoi ? », dis-je timidement. Mon souffle s'accélère en même temps que le battement de mon cœur. Mes yeux sont plongés dans les siens, et je n'arrive pas à m'en décoller.

« Jenny Scott, je t'aime », dit-il en fixant mes lèvres, puis mes yeux.

Mon cœur bat de plus en plus vite, j'ai bien entendu "Je t'aime". Je vais piquer une crise. Il avance sa face vers la mienne, nos visages sont collés, je sens sa respiration, quelle sensation agréable. Nos lèvres sont sur le point de se toucher, quand j'entends quelqu'un me dire de me réveiller. Oh non, ne me dites pas que c'est...

Je me réveille et réalise que ce n'était qu'un rêve. Alice me secoue pour me faire sortir du lit.

« Et mademoiselle, il est 7h, réveille-toi ! »

Oh non, pourquoi ? Pourquoi me réveiller alors que Ben voulait m'embrasser ?

******

La peur n'existe pas (Jenny Scott)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant