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J'arrive au lycée avec ce sentiment d'angoisse et de solitude mais au fil du temps je me suis assez habituée à avoir ce sentiment tous les jours, depuis la rentrée il y a cinq mois de cela. Je pose délicatement mon sac dans mon coin habituel et contemple la cours comme si je la voyais pour la première fois. Je remarque un groupe de garçons qui font des manières, à être de loin déplaisantes, puis un autre groupe de filles frimant comme toujours sur la qualité de leur vêtements.  Deux autres filles au loin attendent que la sonnerie retentisse et plusieurs autres personnes seules, mais qui elles, contrairement à moi, attendent leurs amis. Moi, je n'en ai pas. Je ne sais pas vraiment ce que cela fait de rigoler, sourire et se confier à d'autres personnes de mon âge. Et cela depuis que je suis rentrée en première année de collège. Ma timidité m'a emprisonné et je n'arrive plus à sortir de cette cage qui m'emprisonne. C'est ce qu'on appelle, être perdue, je suppose. Je reste là à attendre la sonnerie en écrivant des chansons sur mon petit carnet. Je pourrais faire ça toute la journée. Toutes mes mémoires ressortent en phrases qui s'accordent en rimes et parfois je chantonne une mélodie pour me détendre. J'aime écrire et j'aime chanter, mais je garde ça pour moi. Rien qu'à moi.

La sonnerie retentit et je me dirige vers la salle de mathématique, où mon professeur principal nous attend. Je ne suis pas très bonne en cette matière, alors je préfère me consacrer à mes chansons. A quoi bon ? Je ne peux même pas participer, tellement que cette timidité m'empêche de parler. Mes camarades de classes ne me remarquent même pas tellement que je suis invisible. Voilà c'est ça, je suis l'invisible du groupe. Ils ne me remarquent jamais. Je trace pour aller au fond de la classe et me renferme dans ma bulle. Je crois entendre qu'il y a une nouvelle dans notre classe mais je n'écoute pas plus que ça. Elle ne sera pas mon amie alors ce n'est pas grave. Je suis invisible.

Après avoir été présente à mes trois cours matinaux, je me dirige dans mon coin habituel, sous un arbre à l'abri des regards, seule. Je sors une petite boîte rouge et l'ouvre. Je me prépare moi-même à manger car mes parents sont ..absents. Ma mère part souvent en voyage pour son travail et mon père reste à la maison mais ne me parle pas. Je crois qu'il ne m'a jamais voulu. Avant je pleurais en pensant cela. Mais maintenant ça ne me fait plus rien. J'ai appris à vivre indépendante.

Je pose ma boîte quand je finis et j'entends un bruit derrière l'arbre alors je me fige. Qui peut-ce être ? Personne ne vient ici d'habitude. Je range tout dans mon sac et alors que je commence à partir une personne me parle. Une voix résonne dans ma direction. Une voix douce et chaleureuse, jamais entendue au part avant. Une voix qui me berce en un mot.

« Bonjour.. ».

Je regarde la personne en question avec timidité et mes yeux s'agrandissent tellement que je suis éblouie par la beauté de la jeune fille devant moi.

« Je peux rester avec toi ? »

Mon cœur rate un battement. Ma bulle vient d'éclater.

« Je..Oui..je» je réponds avec un bégaiement.

Elle s'approche et s'assoit en face de moi. Elle sort son déjeuner préparé avec soin. Je la contemple avec admiration, elle a les cheveux châtain lisse court, ça lui va drôlement bien et fait ressortir son visage fin et surtout ces yeux gris-vert, qui quand vienne dans ma direction, me font frisonner. Pourquoi je ressens ça ? Je regarde ces lèvres et puis là me vient la penser de les toucher et de poser mes lèvre dessus.

« Tu t'appelles comment ? » Dit-elle en souriant.

Je reviens à la réalité et me frappe dans ma tête pour avoir oser penser ça. Surtout avec elle, une fille. Comme par miracle, elle me détend et à la place de partir en courant, je lui répond.

« Je..m'appelle Emilie et..et toi ?

- Aimée enchanté » dit-elle en me tendant sa main fine.

Je prend sa main, elle est d'une douceur, je rougis.

« Je suis la nouvelle dans ta classe ! Je t'ai vu tout à l'heure. »

Elle m'a vu ? Mais je suis invisible comment a-t-elle pu ? Je fais un faux sourire et la regarde dans les yeux sans pouvoir dire quoi que ce soit. Et puis là je craque. Deux larmes coulent le long de mes joues et je vois qu'elle est surprise et confuse. Elle s'approche de moi, ce qui fait battre mon cœur un peu plus vite et essuient mes larmes à l'aide de son pouce.

« Pourquoi tu pleures Emil.. ? Oh je t'appellerais Emmy !

-C'est la..la première fois que..que quelqu'un me parle do..donc je..»

Je vois qu'elle me comprend et me parle comme si on était déjà amie et cela me fait chaud au cœur, elle vient de briser ma bulle. La bulle dans laquelle j'étais sans chaleur. Sauf qu'elle me rassure. Elle me nomme déjà par un surnom et je trouve cela adorable. La plupart du temps je réponds doucement mais elle comprend que ce n'est pas facile pour moi alors elle m'accorde du temps et me sourit. Je me sens bien avec elle, alors que ça fait que quelque minutes que l'on se connait. Des gens de ma classe passent au loin et me dévisage comme si je leur avais volé Aimée. J'ai tout à coup peur que son arrivée, sa prochaine réputation soit détruite par moi. Car rester avec la fille invisible, ce n'est pas un privilège. Elle me raconte comment elle est arrivée dans cette ville, comment ses parents sont, ses amis, etc et je reste en admiration devant la vie qu'elle a et j'aimerais tellement parcourir le chemin de la vie comme elle. Sauf que moi, il est sombre et froid. Je n'ai rien de bien. Je sers à rien.

« Et tu as des passions ? S'exprime-t-elle avec gentillesse.

-le chant et..et l'écriture » dis-je comme si je dévoilais mon plus grand secret.

Elle écarquille les yeux comme des soucoupes et cela me fait sortir un petit rire. Je me choque moi-même et Aimée, elle, sourit. J'aime son sourire. Il est magnifique.

« Moi aussi ! Répond-t-elle.

-c'est..oh mon dieu. »

J'y crois pas, je suis dans un autre monde, quelqu'un qui a la même passion que moi, c'est juste super.

La sonnerie retentit et je ressens de la tristesse car on va devoir se séparer et c'est peut être bizarre mais je n'en ai pas envie. On prend le chemin ensemble car nous sommes dans la même classe et on attend l'arrivée du professeur d'anglais.

Je me recroqueville sur moi-même et lui dit d'un ton triste.

« Tu peux..aller voir les..autres si tu..veux..

- Non je suis bien avec toi. »

Je mets du temps à réaliser ce qu'elle vient de me dire et mon cœur bat plus vite. Encore une fois. Je suis heureuse, pour la première fois que je suis rentrée dans ce lycée de merde et là elle vient de tout chambouler.

On rentre en classe et elle s'assoit à coté de moi. Là ou personne ne vient normalement. Elle comble ce vide en moi et je la remercie en la regardant.

« Aimée ? »

Elle sursaute. Puis se retourne.

« Oui ?

-Merci..»

Aimée. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant