Un homme entre deux âges et corpulent parle devant toute la classe. Je ne l'écoute même pas tellement ça m'ennuie. Il a une démarche lente et snob et son visage reflète un regard hautain. En plus il fait grise-mine. Je me demande s'il ne va pas s'étrangler avec les rares cheveux qui lui restent sur le haut du crâne tellement il paraît mécontent et ennuyé. De puis il a une voix éraillée qui donne mal à la tête.
Je baisse le regard sur la feuille vierge posée sur mon bureau. Aimée n'est pas venue en cours hier et aujourd'hui et ça m'attriste. J'ai l'impression de revenir à la période où elle n'était pas là. Et je ressens littéralement un vide. Je n'ai pas son numéro alors je ne peux pas la contacter pour lui demander ce qu'elle a. Sachant qu'après notre ''rendez-vous'' à la plage, elle allait bien. Peut-être un coup de froid ?
La sonnerie retentit, et l'homme semble apaisé d'avoir fini. Il ne peut pas avoir idée à quel point moi aussi.
Il est dix-sept heure et je rentre chez moi en bus. La chanson qui suit me fait automatiquement sourire. ''Tattooed Heart''. C'est sa chanson, et c'est mon monde. Je me ré-imagine la voix douce d'Aimée et son regard qu'elle avait posé sur moi. J'arrive à me détendre malgré mon inquiétude pour elle.
Il est maintenant vingt trois heures et j'entends, encore, mes parents se disputer. Chaque fois que ma mère est dans la maison c'est pour foutre la merde. J'ai besoin de dormir mais même ayant la tête enfouit sous le coussin, j'arrive à les entendre. Ils se croient seuls ? Je me relève agacée, car clairement cette situation me dépasse, et rentre dans le salon, là où ils se trouvent.
'' Vous pouvez vous la fermez ? Il y en a qui ont besoin de dormir ici ! Je dis en haussant le ton à mesure que je sors un mot.
- On t'a demandé ton putain d'avis ?! Répond mon père en gueulant.''
Et là c'est vraiment la phrase de trop. Je retourne dans ma chambre, me ré-habille. Pendant qu'ils continuent leur cinéma, je prends mes clefs et mon portable, ré-traverse le salon qui empeste la cigarette et quitte la maison en claquant la porte. Je n'en peux plus. Je pars en courant comme si je me faisais poursuivre. Après quelques mètres, des larmes roulent sur mon visage et toute la pression et la tension que j'avais ressort. Je pleure dans les rues de Cambridge. Il fait nuit, le ciel est recouvert par des millions d'étoiles et la pleine lune me tient compagnie. Je marche avec un rythme régulier ne regardant même pas où je vais. Je soupire. Inspire et Expire. J'essuie mes larmes et essaie de devenir un peu plus forte. Je suis une fille de dix-sept ans maintenant et indépendante après tout.
Après quelques mètres encore je me rends compte que je me suis perdue. Je ne traîne jamais dans les rues de Cambridge, surtout la nuit.
J'aperçois un genre de parc sur le côté gauche du trottoir alors je m'avance et y rentre. C'est paisible et silencieux, c'est mené par un chemin en pierre qui contourne au milieu une magnifique fontaine, faisant ressortir l'eau douce argenté. Il y a un peu de végétation avec des airs de jeux pour enfants.
Au loin, je remarque une personne accroupit au côté d'une balançoire. Je m'avance sans avoir peur. J'entends des pleurs et des gloussements. La personne en question dit des ''pourquoi...pourquoi...'' et je crois reconnaître cette voix malgré qu'elle soit brisé par les sanglots. Le lampadaire qui se trouvent au dessus de nous l'éclaire et je peux apercevoir ....je me fige. Congelée. Pétrifiée. N'importe quel mots. Je réalise que c'est Aimée qui pleure devant moi. Je n'ai jamais cru au destin ni rien, mais là c'est pire qu'une évidence. Je m'approche et m'accroupis à mon tour devant elle. Elle a les mains sur le visage comme une personne qui essaie de se cacher.

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Aimée.
Fiksi RemajaJe suis ce genre d'adolescente qui a une vie monotone et qui reste invisible aux yeux des autres. Elle est ce genre d'adolescente qui reste sociable et ouverte d'esprit, à en attirer les regards. Mais dès que le notre s'est croisé, j'ai ressenti un...