Recensement

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Elle court comme une déchainée dans les bois. Des branches lui giflent le visage et le froid le brûle. Derrière elle, quelqu'un ou quelque chose la talonne, elle peut entendre sa course effrénée. Les silhouettes sombres des arbres se distinguent à peine dans la nuit, elle en évite une de peu à bout de souffle quand soudain une clairière s'ouvre dans tout l'espace. Elle s'y enfonce désespérément, l'herbe lui arrivant à mi-cuisse. Elle n'entend plus l'autre qui la poursuivait. Ruisselante de sueur elle s'arrête, les mains sur les genoux tentant de reprendre son souffle. Un vent balaye les herbes hautes comme le blé et des mèches de ses cheveux roux voltigent, venant se coller à son visage. Soudain, elle distingue une forme là, tout près d'elle. Des nuages dégagent lentement la lune qui éclaire la scène d'une lumière spectrale. Elle s'approche très lentement de la forme, son cœur tambourinant dans sa poitrine, c'est une forme humaine, c'est un humain ! Sa main se tend, tremblante, elle saisit l'épaule du couché et le retourne. C'est Harry. Mort. Ses yeux verts révulsés la contemplent d'un air absent et un ver sort de l'un de ses globes.Elle hurle à la mort. Haarryyyyy.

Elle se réveille par son propre cri qui continue de sortir de sa bouche comme une possédée. La jeune femme cesse soudainement de crier, haletante, le corps trempé de sueur. Sa tunique est collée à sa peau tout comme ses cheveux. Des larmes s'échappent de ses yeux, rapidement et elle tente de calmer ses tremblements. La chambre qui l'abrite finit de l'achever. Ce ne sera plus jamais juste un cauchemar. Il n'y aura plus jamais quelqu'un pour lui dire que ce n'est qu'un rêve. Le cauchemar est désormais permanent. Elle se laisse aller à une vague crise de sanglots, humidifiant davantage sa tunique déjà trempée.

Rogue est dans le salon. Il a entendu le cri. Il l'a entendu cesser. Puis de légers sanglots. Il ne bouge pas et observe l'âtre froid et mort. Voilà ce qu'est devenu sa vie à présent. Des cris, et de l'obscurité. Il porte sa main à son front et se laisse retomber contre. On dirait l'image de la désolation. Cet homme si maître de soi, si fort... il semblerait que des craquelures sont partout présentes.

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- Monsieur ?

Il se redresse. Elle est là. Coiffée et habillée comme si rien ne s'était passé. Ses cheveux roux foncés maintenus par une ficelle de fortune retombent sur une épaule, contrastant avec le noir de sa robe.

- Miss Weasley.

Elle s'approche et s'assoit sur le fauteuil à côté du sien, face à l'âtre comme la veille.

- J'ai plusieurs questions.

Elle ne veut pas lui reparler d'hier soir, même si des remerciements seraient à propos.

- Je vous écoute, dit-il d'une voix égale.

- On m'a pris ma baguette. Est-ce que vous pourriez m'en obtenir une ?

Il se lève et se dirige vers le meuble à liqueur. En l'observant elle remarque que ses cheveux gras descendent plus bas que dans ses souvenirs. Il a l'air légèrement plus voûté également. Mais peut-être est-ce une illusion, après tout, il ne porte pas son habituelle longue cape noire. Sa tenue est cependant irréprochable. Il revient vers elle avec à la main un bâton finement ciselé qu'il lui tend.

- Tenez. Vingt-deux centimètres, relativement souple. Elle contient un crin de licorne si je ne m'abuse.

Ginny sourit faiblement devant toutes ces indications. à l'entendre on croirait Ollivander, le fabricant de baguettes magiques lui-même.

- Vous croyez ? Demande-t-elle en se saisissant de l'objet avec beaucoup de délicatesse. Merlin... Cela fait des mois que je n'ai pas tenu une baguette dans mes mains.

Huis clos : Au creux de l'allianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant