Bouleversement

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- C'est moi ne bougez pas, résonna la voix de Rogue dans le hall.

Il n'entendit pas l'habituelle cavalcade qui suivait ces mots magiques lors de ses arrivées et lança dans la foulée un Hominum Revelio qui lui indiqua que personne ne se trouvait là. Toutefois il inspecta rapidement la cuisine et le cellier, armé de sa baguette magique. Le cellier lui sembla s'être vidé de moitié. Il monta quatre à quatre les escaliers et constata que le salon était vide, inchangé, que la chambre de Ginny était vide ainsi que la salle de bain. Enfin il ouvrit sa propre chambre et laissa échapper une exclamation. Les draps étaient défaits, stipulant d'une présence étrangère, un roman était posé sur la table de chevet et certains de ses flacons de potion avaient disparu. Il n'y avait rien, pas une note, pas un mot.

Rogue s'assit au bout de son lit et parcourut des doigts les vagues des draps. C'était comme si elle s'était trouvé là à l'instant. Mais les draps étaient froids. Un creux plus profond au milieu du lit indiquait l'emplacement où elle avait dormi, et la couverture venait entourer le creux comme un oisillon dans son nid. Rogue regarda par la fenêtre obscure.

- Alors voilà, tu es partie.

Quelques heures plus tard, après avoir averti les autres Mangemorts de la disparition de son épouse et inspecté le tour du domaine il revint à sa chambre. Le même spectacle l'attendait et le plongea cette fois dans un mélange d'embarras et d'affliction. Cet homme, que rien ne semblait jamais atteindre, était visiblement en proie à des émotions qui le dépassaient. Il frappa la porte de son poing, se morigénant d'être si faible. Puis il retira ses chaussures et s'allongea sur les couvertures tout habillé.

- Elle aurait pu au moins tout remettre en ordre, maugréa-t-il.

Son regard se dirigea vers le creux auquel il n'avait pas touché. Cette vision le mit si mal qu'il défit d'un geste les couvertures avec colère, faisant disparaître le creux responsable de son émoi. Puis dans la foulée il s'étala de tout son long dans le lit, attestant par là qu'il reprenait possession de ses biens. Une légère odeur vint lui flatter les narines. Une odeur de fleur, fine et légèrement musquée. Rogue se prit la tête dans les mains en proie à des émotions contradictoires. L'odeur persistait, entêtante, et il finit par abdiquer, les bras en croix sur son lit qui avait son odeur, pestant intérieurement sur l'insolence et le côté sans-gêne de la jeune femme.

Une heure passa ainsi. Soudain, ses traits qui étaient restés contractés depuis tout à l'heure tressaillirent et il se redressa.Il approcha sa main gauche de son visage, observant l'anneau luisant faiblement à son annulaire avec une expression indéchiffrable. Au bout d'un court laps de temps il le tourna trois fois de suite. Et il se laissa retomber sur les coussins, les yeux ouverts, ses pensées dirigées vers la jeune femme qui en ce moment même pensait à lui, cette jeune sorcière qui maintenant était en péril de tout et hors de sa portée.

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Des voix s'élevèrent toutes en même temps.

- Ce n'est pas possible !

- Mais comment ont-ils fait !?

- Les sales traîtres à leur sang !

Le maître des lieux affichait un calme redoutable face à l'agitation collective.

- Et pourtant messieurs nous en avons la certitude.

Rogue se rassit, joignant ses mains sur la table. Les fauteuils avaient été repoussés dans un coin de la pièce et une grande table se trouvait au milieu autour de laquelle les Mangemorts siégeaient. Chacun semblait sur les nerfs hormis Drago Malefoy qui affichait le même sang-froid que Rogue.

Huis clos : Au creux de l'allianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant