Chap8

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Je ne me suis pas senti triste depuis un moment.

Parfois, je me dis même que ce sentiment m'est désormais inconnu, comme si la dernière fois que je l'ai ressenti, c'était la fois de trop qui me l'a définitivement retiré.

Je me sens mal, je me sens bien, je me sens partagé mais je ne suis pas triste.

Le lendemain, quand j'ai constaté sur mon téléphone la notification disant que mon compte avait encore été rempli d'une somme astronomique, j'ai fini par conclure que mon père me payait pour le temps qu'il ne pouvait pas m'accorder.

Je n'étais pas triste, juste, dégoûté.

Jin-hyung a fait avec moi tout ce qu'il sait que j'ai toujours aimé.

Par exemple, il sait que j'ai commencé à manger du chocolat noir à onze ans, quand j'ai entendu mon père pleurer pour la première fois. Son entreprise ne fonctionnait plus trop à l'époque et il dépensait minutieusement chaque sous qu'il gagnait. Cela a restreint notre mode de vie à peine quelques mois, mais ça a suffi à faire fuir ma mère qui n'avait que trop été habitué au luxe.

Il avait besoin de soutien, soutien que je lui ai accordé en remplissant des tâches pour le ménager, soutien que je lui ai accordé en lui faisant croire que l'absence de ma mère ne m'impactait pas trop.

Les ruptures ont cet effet qu'elles vous engouffrent et vous font parfois rencontrer la pire version de vous-mêmes.

Ensuite, après la période de remise en question et de profonde tristesse, nous nous relevons plus fort que jamais.

C'est ce qui s'est passé avec mon père.

Il a enchaîné les petits boulots, il s'est ridiculisé puis il a emprunté à la banque ce qu'il lui manquait.

Il a changé le nom de sa boîte, viré tous ceux qui l'ont tiré vers le bas et pris un associé. En deux ans seulement, la Kim corporation était devenu l'entreprise de nouvelles technologies la plus prisée du pays.

L'argent a pris de l'importance, l'attitude aussi, il fallait faire savoir à quiconque qui nous étions et savoir nous tenir.

Ma mère est revenue, je crois même que mon père et elle ont succombé au désir charnel deux ou trois fois, mais mon père ne l'aimait plus.

La blessure qu'elle avait faite à mon père était beaucoup trop ancrée pour qu'il lui pardonne, alors après une nouvelle dispute, il l'avait définitivement sorti de nos vies à tous les deux.

Pour s'octroyer des droits et un peu d'argent, elle l'avait traîné en justice. Mais mon père ne dépense son argent pour personne d'autre que moi.
Alors elle n'a rien gagné.

Donc à onze ans quand le chocolat noir à remplacer la glace à la fraise, j'ai détesté ma mère.

Non, je la hais.

(...)

Le retour au lycée me fait finalement du bien.

Ici je peux perdre du temps sans avoir à me justifier.

On est à nouveau en cours d'anglais comme tous les lundis matin et je sens bien le regard du grand brun sur moi. Il aurait voulu m'approcher ce matin, mais Jin-hyung est resté avec moi jusqu'à la sonnerie.

« Dans deux semaines, nous avons le voyage dans les montagnes de Yudal. Vos parents doivent signer ce document et faire parvenir les frais avant le 10 »

Les élèves s'extasient devant cette nouvelle, moi aussi à vrai dire. Mais j'évite de le montrer ouvertement.
J'aime beaucoup les paysages, les montagnes, l'air frais, ça laisse libre cours à mon imagination débordante et à mon amour pour la photographie.

Et par-dessus tout, ce sera toujours mieux que d'être en classe.

Le professeur d'anglais qui est aussi notre enseignant principal reprend la parole.

« Mais avant ça, vous me présenterez oralement un devoir qui portera sur vous. Vous parlerez de vos parents, leurs fonctions, vous pouvez les présentez. Puis vous-mêmes, votre âge, vos hobbies, vos préférences en musique bref je veux juste que ce soit fluide et que je puisse évaluer votre présentation orale, vous pouvez finir en disant ce que vous voulez faire plus tard »

D'autres râlent, certains sont heureux de pouvoir attirer l'attention sur eux.

Le système scolaire devrait sérieusement être revu, en oubliant le fait que je sois issu d'un mariage brisé, imaginez devoir exposer devant tout le monde que vous êtes orphelins, ou que vos parents n'ont pas les moyens.
Non pas que ce soit une honte, mais ne donnons pas de champ au diable, ce genre de devoir est un juste une porte ouverte au harcèlement.

Après je sais que cette école est hyper sélective, ce n'est pas le cerveau qui prime mais le fric. Ils n'accordent même pas de bourse.

Je lève ma main et interroge le professeur.

« S'il vous plaît monsieur, combien de temps resterons-nous aux montagnes de Yudal ? »

« Nous partons d'un week-end à un autre, une semaine environ si je ne prends pas en compte les jours de départ et de retour »

La sonnerie retentit et même si mon prof donne encore des indications, tout le monde s'est déjà précipité dehors.
Je souris quand je vois mon meilleur ami descendre les escaliers pour me rejoindre, mais je me fais tirer en arrière et tombe nez-à-nez avec le duo, le roi et son bouffon.

Qu'est-ce qu'ils me veulent ?

Je fronce les sourcils et attends.

Jungkook pousse son meilleur ami vers moi, et cela me bouscule presque. Je panique un peu parce que je sais que Jin approche à grands pas.

« Jimin a quelque chose à te dire »

Timide ne me regarde pas et joue avec ses doigts. Pourquoi il est comme ça?

Grouille!

« Putain accouche! Y'a Jin qui arrive et je doute qu'il fasse preuve d'autant de patience », je craque.

« Je suis désolé d'accord, je suis vraiment désolé Taehyung », il dit ça avec les larmes aux yeux.

Ah, il s'excuse pour le match.

« C'est rien, pas besoin de pleurer, arrête, je vais y aller d'accord on se voit plus tard. Il ne faut vraiment pas que mon hyung nous voit ensemble »

Je m'éloigne rapidement en leur adressant un sourire gentil?

Je me surprend parfois moi-même dans mes agissements. Bref, je saisis mon ami par le bras, l'entraînant dans l'autre sens. Quand je me retourne furtivement, Jungkook a pris Jimin dans ses bras.

Et j'ignore pourquoi ce geste compresse mon cœur.

[...]

Prenez soin de vous et bon week-end 💕...

SlowlyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant