Le bus roule depuis bientôt quelques minutes, et je suis assis tout au fond. J'ai bien fait attention à ne pas m'asseoir à la même place que celle que j'occupais dans mon rêve. Je n'ai jamais cru aux rêves prémonitoires, mais ne sait-on jamais ?
Je sais qu'il me reste un bon bout de temps avant d'arriver au lycée privé, et que même alors, je devrai patienter longtemps qu'il s'ouvre. J'ai pris le premier bus du matin, pour être certain d'avoir le temps de régler l'installation dans la journée.
Je devrais profiter de ce temps pour dormir, et ainsi rattraper ma nuit ratée, ou pour consulter le plan du lycée, ou encore revoir les noms des professeurs.
Mais, pour la première fois de mon existence, je ne fais rien de mon temps libre, sauf m'ennuyer. Je ne fais que regarder dans le vague, inattentif, inconscient du monde qui m'entoure.
Si bien qu'un vieil homme doit me tapoter l'épaule pour que je le remarque. Je concentre mon regard et mon cerveau sur lui, et me force à l'écouter.
- ...voir votre siège s'il-vous-plait ?
Je comprends après un petit temps de réflexion qu'il veut que je lui cède ma place. Je me lève doucement et m'avance dans l'allée, après avoir récupéré mon sac et lui avoir marmonné un "Bien-sûr" le plus concerné possible.
Et là, le choc. La place que j'occupais dans mon rêve. Vide. Et le pire ? C'est la seule qui l'est. Comment est-ce que c'est possible ? C'est le premier bus, c'est improbable qu'il soit rempli au point de n'avoir plus qu'une place libre...
Je suis têtu. Je reste debout, tant pis.
Un arrêt brutal et je perds l'équilibre. Je me rattrape à la barre juste à temps, mais mon sac tombe de l'épaule qui n'a pas rattrapé la barre et emporté par l'élan et son poids lourd, dégringole jusqu'au chauffeur. Mal-à-l'aise face à tous les regards, je cours le chercher et je m'assois. Après tout, ce n'était qu'un rêve.
- Vous voulez faire passer votre sac ici ?
L'homme à côté de moi. Assis à côté de moi. Je me retourne, et quand je vois son visage, je suis stupéfait. Je me souviens de ces yeux verts, ces cheveux châtains, cette mâchoire carrée et cette barbe de trois jours qui doit être soigneusement étudiée. Je l'ai vu dans mon rêve.
Vite, je tourne la tête vers la place où devrait se trouver la jeune femme aux yeux gris et aux... Ailes, mais personne. Aucune personne n'est debout dans l'allée, les sièges sont tous occupés, certes, mais personne n'est debout. Je respire mieux.
Je me concentre à nouveau sur mon voisin :
- Non, merci, ça ira. Je descends à la prochaine.
Nous commençons en effet à approcher de ma prochaine demeure pour l'année ; le temps m'a paru filer, mais il est vrai que j'ai beaucoup réfléchi sur mon rêve, et sur tout ce qui y était lié.
Le bus s'arrête, les portes s'ouvrent, et une avalanche de gens se déversent dans le véhicule ; dont... Une jeune femme d'environ dix-huit ans, habillée d'une robe blanche.
Mon coeur s'arrête et je cherche frénétiquement autour de moi un moyen de me sortir de cette situation critique ; un instant, j'envisage d'attraper mon sac et de me ruer vers la sortie, mais déjà les portes automatiques se referment et le bus se remet en marche.
Me sentant comme un animal prit au piège, j'observe la jeune femme, tentant de voir sa couleur d'yeux. Pas de capter un regard, non, je ne peux que trop bien me rappeler que c'est cela qui m'a réveillé, dans mon rêve, mais pour savoir si ses yeux sont gris.
Je ne peux rien voir, d'où je suis, aussi je décide de me lever et, accompagné de mon sac, de m'approcher de la sortie - de toute façon mon arrêt est le prochain - et de regarder au passage la couleur de son iris.
Je m'approche, me rapproche, est trop proche maintenant, et sa robe blanche, immaculée la fait resplendir. Mais pas d'ailes, et surtout, ses yeux sont bleus. Aussitôt, je me sens mieux et je reprends mes esprits. C'est une journée importante, je me suis égarée ce matin mais il est plus je temps de se ressaisir.
Bien, le bus s'immobilise, je soulève mon sac et je sors. Les portes se ferment et je me retourne, obligé. Et les ailes sont là, sur la jeune fille à la robe blanche... Et ses yeux, gris-blancs, me fixent.
Avec hargne.
Puis le bus s'éloigne et je me tourne. Je n'ai pas le temps pour m'attarder là-dessus. J'h reviendrais plus tard. Je souffle, me résous à entrer dans le bâtiment moderne qui me domine, et la journée épuisante d'installation commence.
// Lendemain //
Je mange. Et mes pensées dérivent, elle s'entre-choquent et s'affrontent. Les repas sont les seuls moments où je pense réellement et où je laisse mon esprit vagabonder, sûrement parce que je suis toujours seul ?
Il faut que je comprenne ce que ces rêves - car j'en ai fait un cette nuit - signifient et surtout le fait qu'ils se réalisent en partie. Et comment se fait-il que je vois des ailes ?
Un cri me sort de ma léthargie et je vois une jeune fille de mon âge sauter sur une autre avec un bruit aiguë ; la première a l'air de sortir du lit et d'être toujours avec son pyjama. L'autre est plus présentable.
Je reporte mon attention sur mon bol et... Les céréales sont toutes par paires de deux, dans une position que n'est pas sans rappeler celle d'ailes.
//Note d'auteur//
Bonjour !
Ce chapitre est atrocement court, mais je vous assure que le prochain d'Ethan sera plus long. Celui d'Angie, il faudra voir avec Amanda (@IWantToDieWild).
Donc, j'espère que vous l'aimerez tout de même et je vous dit à bientôt !
Elisa.
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Coeur d'Ange
Novela JuvenilAucun d'eux deux ne savaient. Ils étaient ignorants. Et quand ils l'ont ressentis, il n'ont pas compris. Pourtant, ils étaient deux, et l'union fait la force. Ils sont deux et ils vont découvrir ce que cela signifie.