Crépuscule

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On m'a plusieurs fois conseillé d'écrire, comme le professeur l'a fait, comment notre univers a sombré dans le chaos, selon nos point de vue. Mais j'en n'ai que faire, honnêtement. Si tant est que l'univers est un ensemble de mondes, je pense qu'il sera plus important de vous écrire comment le mien fut détruit,  mon monde. Mais pour comprendre l 'histoire que je m'apprête à vous raconter, mon histoire, il faut d'abords que je vous raconte qui je suis.

Je ne garde que très peu de souvenirs de mon premier souffle, étant donné mon âge. Cependant, certains détails méritent la souvenance. Car elles sont les principes mêmes de ce que j'ai choisi d'être aujourd'hui. Comme si ces souvenirs me servaient de phare, quelque chose qui m'indiquerais la voie à suivre. Quelle voie ? La mienne.

Je me souviens de l'incompréhension, je ne savais pas où j'étais, je ne savais pas qui j'étais, je ne savais pas pourquoi j'étais, parce que je n'avais encore aucune idée du concept aussi simple soit il  qu'"être". Je rampais dans la cendre, dans les  braises, à respirer un air empli de souffre et de poussières volcanique. Mon regard se portait sur deux choses qui gisait dans la cendre et qui m'aidait à me redresser, mais mains, couvertes d'écailles noires, aux griffes acérés. mes jambes avaient le même aspect. Cet aspect était il mon corps ? 

Alors que mon regard se dispersait, par ci, par là, en quête de réponses aux questions même de l'existence. Mon regard se porta sur une autre créature tout aussi confuse que moi, elle... me ressemblait. À la différence près que cette chose avait peur de moi, que lui avais-je fait ? Comment était il possible d'avoir peur de quelque chose qui nourrissait ses premiers souvenirs ? 

Je m'approchait de cette image miroir de moi même, si elle avait des raisons de me craindre, peut être savait elle quelque chose que j'ignore ?

C'est alors qu'un souvenir me refait surface, pourtant il était impossible pour moi d'en avoir, n'est ce pas ? Je vois quelque chose, une créature immense, puissante, notre reine mère, qui s'adressait à moi d'une voix maternelle.
"Khao, héritier de mon ire, Garufo, héritier de ma sagesse. Votre peuple attends votre avènement depuis tant de temps... Levez vous, car votre destinée est considérable"

Je vois dans la tête de mon jumeau que ce souvenir le traversa lui aussi, en même temps que moi. Ainsi donc, il s'agirait de mon frère, Garufo, Et mon nom est Khao. J'ai compris bien plus tard auprès de mon père notre Roi que ces deux noms signifiaient Aube et Crépuscule. Si mon frère, l'aube, signifie l'avènement d'une ère d'espoir pour notre empire, mon nom est crépuscule, et je représente la lueur incandescente qui précède la nuit. L'incarnation de la haine vengeresse de notre reine. Ce feu qui brulait en elle coule à présent dans mes veines, et le devoir qui m'incombe désormais et d'en faire mon arme contre les responsables de sa chute.

Je suis Khao Oni, Prince de Skunderflur, héritier de la haine d'Arkraan. Depuis ma naissance, je n'ai eu de cesse de combattre dans une guerre qui n'en finirait jamais. Les années passèrent, je ne saurais en dire combien, ce n'est pas simple de calculer la périodicité temporelle d'un monde quand celui si n'a pas de soleil sur lequel se repérer. Nous n'avons qu'un minuscule trou noir, caché derrière d'épais et omniprésents nuages de souffre. Oui, notre monde est complètement volcanique, votre équivalent d'un enfer sur terre si je me réfère à votre culture. 

Je passe le plus clair de mon temps à combattre, et à forger quand je ne combats pas. L'ennemi ne se reposait jamais et donc moi non plus. Après des années et des années à vivre ainsi, je suis parvenu à faire fit du sommeil. Je pense que je doit cette capacité de vigilance constante à mes parents. Avec les années et pratiquer la forge et le combat, je parviens à acquérir une expérience et une maitrise qu'aucun autre n'aurait pu se venter d'avoir. J'étais devenu une armée à moi tout seul. Je parviens également à me "forger" une nouvelle apparence, faute de meilleurs mots. Je ne parviens pas à changer l'intégralité de mon corps, mais je parviens tout de même et me créer une visage plus agréable à regarder pour mes sujets. Cette fois ci c'est à mon père que je doit ceci, lui qui était "humain" autrefois, comme il me l'a raconté.

Pourtant, bien que fort de ma gloire, je réalisa plusieurs choses. La guerre ne peut perdurer, je dois la paix à mon royaume. Et pour ça, il nous faudra des alliés. Si Skunderflur parvient à s'entourer  d'amis puissants, Volcontri, notre ennemi de toujours, n'aura plus d'autre choix que de se ranger. C'est dans un moment de répit, d'une bataille à une autre, que je fis mes premier pas hors de ma terre sacrée. En prenant mon envol, je m'aventurais dans ce que mon peuple appelait "le grand inconnu", l'espace. Je découvrais l'univers qui s'étendait derrière le voile fumant des volcans. Cette étendue nocturne aux milles mondes. Peut être quand la guerre se terminera enfin, je pourrais prendre ma retraite en voyageant de mondes en mondes comme un explorateur curieux et rêveur, en quête de merveilles insoupçonnées.

Chroniques d'un éon perdu : Les contes de la Rose NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant