La production en masse d'armes en argent avait commencé. Avec simplement mon expérience en la matière, je parviens à forger de l'équipement plus efficacement qu'Halfeti n'a jamais pu. Je parviens à débarrasser le vieil homme que je remplaçais de la montagne de commande qu'il a accumulé depuis lors. Très vite d'autres villages voisins entendirent parler de mon talent, des nouvelles circulait sur un fameux forgeron qui pouvait accomplir le travail de cent hommes. Bien normal pour quelqu'un comme moi pour qui le feu est l'extension de soi-même. Avec la faculté de garder le fer chaud sans allers retours au four et surtout les garder à la bonne température pour éviter la surchauffe, voir la fonte du métal, la forge est jeu d'enfant. Mais évidemment, un avantage apporte aussi son lot de problèmes, car maintenant que la forge peut répondre a toute les demandes dans les temps, cette fois-ci sont les guildes minières qui viennent manifester à mon enseigne. J'imagine qu'il veulent que je ralentisse la cadence, vu la vitesse à laquelle le métal part, et à laquelle une nouvelle cargaison leur est commandée. J'oublie parfois que mon royaume est très différent de celui-ci. D'une part car je suis le principal forgeron de mon monde, celui qui équipe toute l'armée, mais également car ceux qui travaillent son presque tous des mineurs. Pour la simple est bonne raison que le minage permet d'avoir une activité respectée par le royaume, qu'il sers non seulement à me pourvoir d'une quantité inépuisable de matériaux à travailler, mais également leur permettre de construire des abris plus grands, plus fastidieux.
Contraint alors de devoir ralentir la production, je vais alors privilégier la qualité à la quantité. Chaque pièce d'équipement deviendra un chef d'œuvre d'artisanat, et sera traité et façonné à la main avec le plus grand soin que je peux leur apporter. Chacune aura un nom, et ça sera à ceux qui les commanderons d'en faire leurs légendes. Effectivement, le succès est total. En l'espace de quelque jours, je parviens à trouver un équilibre entre la demande, la qualité imposée, et la charge de travail des guildes minières. Cela m'aura juste demandé un assistant pour m'aider dans ma tâche, devinez qui ? Celui que je remplaçait. Cependant il avait l'air bien reposé depuis la dernière fois, aussi il me remercia chaleureusement, mon aide inespérée lui a rendu un chiffre d'affaire bien plus grand.
Quelques heures plus tard, alors que je travaillais sur une nouvelle lame, une personne approcha notre comptoir.
- B..bonjour... C'est vous l'étranger que... tout le monde acclame ?..
Mes yeux se levèrent sur une jeune demoiselle aux cheveux rose. La première chose que je remarqua est qu'elle avait une tenue complètement différente des femmes que j'ai pu croiser dans cette ville. Quand toutes s'habillaient d'une robe de blanc crème au brun foncé avec un bonnet comme couvre chef, celle ci portait une robe noire à broderies avec une rose noire dans les cheveux. Elles me regardait d'un regard fuyant, comme si elle se sentait mal à l'aise.
- ..Je suis pose.
Je répondait en tentant de formuler ces mots que j'ai pu entendre précédemment, avec mes aprioris du langage humain. Elle posa quelques choses sur le comptoir, deux minerais noirs, de la monnaie ainsi qu'un parchemin.
- Est ce que.. ça serait possible de.. d'avoir cette arme ?
En déroulant le parchemin, je pouvais y voir un croquis d'arme. Une arme bien étrange, car si réalisée, elle serait inutilisable en combat. Quelque chose à mi chemin entre une épée longue et une clef. Avec une garde circulaire qui relie le pommeau, et des pics irréguliers sur les tranchants, on croirait une arme de conte de fée. Mais de toutes mes interrogations, ce matériau noir est ma plus grande, ça ne ressemble a rien que je connaisse. La jeune femme semblait anxieuse, elle semblait vouloir se dissimuler, comme si elle n'appréciait pas que les autres la regarde. Je lui demande implicitement si elle est sure de ce qu'elle veut. J'en profite également pour regarder les alentours, peut être que sa nervosité était du au fait que quelqu'un la file avec de mauvaises intention et qu'elle me demande une arme pour se défendre. Mais je ne remarque personne. Je lui demanda de repasser dans quelques instant quand elle me confirma son choix, avant de la regarder s'en aller aussi simplement qu'elle est venue. Je pose alors la question à mon collègue.
- ..Qui ?
- Oh elle ? C'est Lise, c'est une très gentille fille venant de la famille aristocratique De Madrearca. Elle ne sors pas beaucoup de chez elle. Elle t'a demandé dit quelque chose ?
Je lui montre alors le parchemin et les minerais noirs qu'elle m'avait donné. Son visage souriant se décomposa en un visage déformé par un sentiment partagé de choc et de crainte.
- Sur ce coup là t'est tout seul la dessus, moi je touche pas à ça. D'ailleurs toi aussi, tu devrais le balancer et rendre l'argent. Non, balancer, je dis quoi moi ! Planque le, balance le dans la rivière, mais fait en sorte qu'on en soit débarrassé à jamais.
- C'est quoi ?
- C'est de l'ébonite !; me dit il tout bas après avoir regarder aux alentours pour voir si personne ne nous écoutait; On dit que c'est un élément maudit, que les alchimistes qui l'ont créé sont tous morts ! Une fausse manipulation avec et tu les rejoints sans avoir le temps de comprendre ce qui t'es arrivé.
- Oh..Je regarde ces deux pierres et me demande alors quelle genre de personne serait assez folle pour vouloir une arme faite de cet.... "eibonite". De toute évidence, pas cette fille. Ceci explique donc pourquoi elle avait l'air perturbée. Je devrais détruire cette pierre mais... je m'attelle quand même à la tache, Bien sur sous la grande surprise et l'incompréhension de mon assistant. Il voulait absolument m'interrompre mais comprenait qu'il prendrait un énorme risque s'il le ferait.
- Qu'est ce qu'il te passe par la tête ? me hurla t'il.
Bien que je comprends cette phrase, je ne parviens pas à y répondre. Il a en tout point raison, je suis en train d'agir de façon illogique. N'importe qui aurait enterré l'idée, mais pas moi. Pourquoi suis-je si convaincu que c'est une bonne chose à faire ? Le vieil homme cessa son raffut, mais aussi parce qu'il abandonne son poste, je le vois rentrer chez lui, exaspéré. Je réalise seulement que cette commande allait être vraiment très compliquée : Une seule arme demandée, mais elle nécessite un savoir faire qui surpasserait presque le mien. Et pourtant j'ai accepté, pour la simple et bonne raison que la simple vue de cette fille m'a perturbé, m'envahissant d'un sentiment étranger.
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Chroniques d'un éon perdu : Les contes de la Rose Noire
FantasyC'est avec l'espoir éprouvé par une guerre sans fin que Khao Oni, un démon forgeron, visite une ville peuplée d'humains : Halfeti. Mais cette ville elle aussi combat, elle combattait des monstres qui naissaient dans les ténèbres. Et malheureusement...