Pour la seconde fois en un jour, nous nous retrouvons dans le hall du château Ravencraft, à faire état de la situation. Le Capitaine de la garnison de Port-sur-nuit fit son rapport, et à mesure que celui ci parlait, je peux voir le sourire grandir sur le visage du seigneur borgne, avant que celui ci ne se mit à rire.
- Parfait ! Je vous avais dit qu'on pouvait compter sur lui ! Capitaine Jean, vous pouvez disposer. Eclaireur, patrouillez les villages environnants, faites moi parvenir la moindre présence indésirable. Quant à vous... je sens que l'on va bien s'entendre.
Ce regard posé sur moi différait des yeux qui me dévisageaient, pourtant il ne me rassurait guère. Pendant un moment, je me demande si c'est ce genre d'image que je renvoie à mon peuple. Celui d'un seigneur beaucoup trop sur de lui, et presque imbu de lui même. Mon instinct n'est pas en confiance avec ce régent, je me sens beaucoup trop dans le rôle du pion par rapport à mon statut de prince.
- Cependant je n'ai pour le moment pas d'endroit à vous envoyer, alors... qu'est ce que je vais pouvoir faire de vous...
C'est alors qu'un homme bouscule la porte d'entrée, un homme visiblement essoufflé, quelque peu étourdi, et un peu enveloppé. Je le reconnais, c'est le forgeron débordé. Les gardes qui demeuraient impassibles sur le chemin commencèrent a prendre leur hallebardes en main, attendant le moindre ordre de la part du souverain sur son trône, qui n'en fit rien, le laissant s'approcher.
- S'il vous plaît... mon seigneur.... Je n'en puis plus. J'ai besoin de repos.
- Et mes hommes ont besoin d'armes, et de protection.
- Pitié, je ne dors presque plus... j'ai le tournis.. je sens que je vais tomber dans les pommes.
- Vous n'êtes pas le premier à me demander congé, monsieur Borm. Mais soyez conscient que nous traversons une période de crise, toute les forges ont autant de charge de travail. Comprenez que cette paix que nous arrivons à garantir au sein de cette ville c'est grâce à vos efforts conjoints.
- Seigneur... je vous en conjure...Comprenant alors de quoi il en retourne, je lève la main vers le régent local pour attirer son attention. Lorsque celui ci tourna la tête vers moi, je lui lança un regard vers le forgeron, je pouvais voir que mes premier mots lui revinrent en tête, alors qu'il se frotta le menton.
- Vous êtes aussi bon combattant que forgeron vous m'aviez vous dit ? Vous pourriez aider cet homme ?
- Vous feriez ça ?!j'acquiesce aveuglément. Je n'avais pas besoin de comprendre cet échange pour comprendre ce qui a été demandé. Je me tourne alors en direction de la sortie pour m'atteler à ma nouvelle tache, sur le chemin, je pose ma main sur l'épaule du complaignant et tente une initiative sociale.
- Je prends la relève. Repos, soldat.
Ce geste combla de bonheur celui qui semblait désespéré. J'ai fais mes preuves au sein de l'armée d'Halfeti, il fallait maintenant que je deviennes le héros du peuple. Si je pouvais avoir la confiance de l'entièreté du monde, je pourrais non seulement mettre fin à cette lutte pour la survie ici, mais également à la guerre chez moi. Cet homme heureux sera le premier d'un grand nombre. J'ai toujours été abhorré par ceux qui n'étaient pas de mon peuple, en ma nature de démon, mais aujourd'hui, je forge ma légende. J'étais déterminé à devenir le sauveur de l'humanité, et renverser le destin qui s'était imposé à moi. Même si les forges ici sont plus rudimentaires que chez moi, je serais tout de même capable à accomplir le travail de cent hommes. C'est l'avantage quand le feu qui rends le métal malléable est un organe à part entière chez moi.
J'arrive a l'atelier de monsieur Borm. Sur le comptoir, des commandes. Principalement des armes en argent, et de l'armure en acier. Il me viens en tête l'équipement que portaient les soldats postés a Port-sur-nuit, il leur fallait vraiment plus de protection. Mais je comprends les choses, les armes et armures étaient les plus simples possibles pour une production plus rapide afin d'équiper le plus de monde en moins de temps possible. Mais malheureusement, j'ai pu constater l'efficacité d'un équipement aussi bas de gamme sur le terrain. Une bonne chose que je suis intervenu, la fabrication d'armures standardisées, je sais faire, mais la différence, c'est que j'ai appris à faire mieux. Il fallait le meilleur à la légion noire, après toutes ces années d'existence, j'ai eu le temps pour rechercher les armes et armure les plus efficaces, au point de créer de véritables guerriers immortels.
J'embarque sous mon bras un paquet de lingots d'argent dans les réserves avant de les placer à disposition près du fourneau. Le moins d'allez retour je ferais, mieux ça sera. Je rassemble les outils et les place sur un chevalet à coté de l 'enclume pour toujours les avoir près de moi. Maintenant face au four, il me viens l'envie de respirer l'odeur qu'il s'en dégageait. J'étais loin, vraiment très loin de chez moi, mais cette odeur de braise, de charbon, de brulé et de cendres, c'est comme si je m'y trouvais encore. Cette idée de pouvoir retrouver une part de chez moi dans ce monde qui me semble si étranger me rassure quelque part. Je place ma main au four, m'apprêtant à raviver les flammes.
- Au travail..
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Chroniques d'un éon perdu : Les contes de la Rose Noire
Viễn tưởngC'est avec l'espoir éprouvé par une guerre sans fin que Khao Oni, un démon forgeron, visite une ville peuplée d'humains : Halfeti. Mais cette ville elle aussi combat, elle combattait des monstres qui naissaient dans les ténèbres. Et malheureusement...