La beauté

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La beauté est un concept vague, qui comprend tout et rien à la fois. La beauté, au même titre que l'amour, peut se manifester silencieusement à travers n'importe quoi, et prendre la forme d'absolument tout à la fois.

Cette beauté ressort notamment à travers les choses les plus simples de la vie. C'est d'ailleurs pour ça que plus personne ne la reconnaît. Elle est pour vous si familière, si quotidienne. Elle passe à travers les caresses d'une mère, les félicitations d'un père. La beauté apparaît à chaque Noël, à chacun de vos anniversaires, à chaque journée. A chaque matin lorsque votre mère vous préparait votre petit-déjeuner juste avant que vous n'entriez dans la salle à manger, pour que votre lait soit chaud et votre pain fraîchement grillé. Beaucoup d'entre vous ont tellement de beauté autour d'eux qu'ils s'en lassent, ne la remarquent plus. Vous ne dites même pas merci. Vous voyez la beauté et passez à travers elle sans la regarder, sans vous arrêter un instant pour la contempler, la toucher. La beauté reste là, près de vous, du matin au soir, et vous ne remarquez même pas la chance que vous avez. Vous êtes devenus ingrats, imperméables au bonheur. Mais cette indifférence face à la beauté n'est pas triste. Ce n'est pas ça, la vraie tragédie. La tragédie se trouve en ceux qui la remarquent encore. Ceux qui voient la beauté et l'admirent. Ceux qu'elle frappe de plein fouet et dont les yeux s'humidifient à sa vue. Ce sont eux, les vraies victimes de la beauté. Si la beauté se remarque encore à travers leurs yeux, c'est qu'ils n'ont pas eu le temps de s'y habitue. Ils n'ont pas eu de beauté ni à travers les gestes d'un parent, ni par ce que vous considérez acquis. La beauté ne leur apparaissait pas même à travers un anniversaire ou une fête, mais qu'à travers la vie d'autrui. Je veux dire par là qu'elle ne leur était jamais directement adressée. Ils la remarquaient lorsque vous l'ignoriez, et elle disparaîssait aussitôt qu'ils songeaient tendre la main vers elle.

Et aujourd'hui, des années plus tard, nous pleurons devant elle, à genoux et les doigts liés. Parce que nous la voyons, majestueuse, froide, inconnue et divine. La beauté est pure, rare. C'est une chance, un espoir. Nous lui courons après pendant des années durant, jusqu'au jour où elle s'adresse enfin à nous. Jusqu'au jour où elle s'adresse enfin à moi, et il a fallu qu'elle prenne la forme de ton visage, le son de ta voix. Qu'elle me regarde à travers tes yeux et qu'à son tour, ce soit elle qui me disent que je suis belle. Qu'elle me le dise avec le timbre de ta voix, cette même voix qui me demande si je t'aime.

Tu es l'incarnation de la beauté que ce monde m'ait accordé, celle pour qui j'ai prié et pleuré, celle que j'ai suppliée de venir un jour pendant tant de jours. Tu es ma part de bonheur et ce geste tendre, tu m'offres les caresses d'une mère et les félicitations d'un père. Désormais, la question n'est plus de savoir si je t'aime, mais de savoir si je m'habitue à la beauté. Et je ne me suis pas encore habituée à toi.

Flot de paroles non-prononcéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant