Adieu les oiseaux [l.s]

.mer.

Vagues s'échappant du rivage,
Coquillages échoués,
Si grande, insaisissable, mais nous laisse ses traces, amoureusement.

Il m'avait emmené à la plage, celle de la côte.
Ce fut juste avant son premier départ.

Journée restée intacte dans ma mémoire, je peux même encore sentir le goût de vanille sur les lèvres vermeilles de Harry.

Le soleil tapait fort, et je lui avais conseillé de mettre de la crème solaire.
Évidemment, il ne l'avait pas fait.

Harry était têtu.

Il m'avait emmené chez un marchant de glace, en haut de la corniche. Nous étions en plein mois de Juillet, alors les touristes grouillaient de toutes parts. Il m'avait dit d'admirer la mer pendant qu'il allait faire la queue pour les glaces.

Je me souviens de son baiser sur mes lèvres, et de sa main se détachant de la mienne pour aller se planter derrière quelqu'un. Je me souviens de ses cheveux longs, bruns qui paraissant roux sous le soleil. Je me souviens que je l'avais trouvé magnifique avec son pantalon blanc. Je me souviens de l'odeur qu'avait l'air en cet instant.

Salé, iodé.

Je me souviens aussi m'être précipité vers la barrière qui nous séparait de la mer, nous empêchant de tomber du haut de la corniche, et avoir sentis mon cœur battre plus fort en voyant la mer briller sous le soleil d'été.
C'était beau. Je peux encore sentir la peinture de cette même barrière s'effriter sous mes doigts.

Harry n'avait pas été long, si mes souvenirs sont exactes. Ou alors si, mais j'étais bien trop occupé à contempler cette vue qui encore aujourd'hui fait vibrer mon être.

Il m'avait tendu mon cornet, un beau sourire sur son visage bronzé.

-Pistache chocolat, mon amour.

Il m'avait un clin d'œil ensuite, ou quelque chose comme ça. Un des rares moments flous dans ma tête.

Mes parfums de glace préférés. Evidemment qu'il les connaissait.
Ça ne m'avait même pas surpris. Lui, il avait choisi vanille.

Il prenait toujours vanille, son parfum favori, pas qu'en glace d'ailleurs. Il a rendu pour moi cet arôme si basique en quelque chose de précieux, de rare. Rare car ses lèvres l'ont goûté, léché, embrassé. Comme si tout ce qu'Harry touchait devenait sacré.

Je me souviens qu'ensuite, il m'a entrainé sur une plage de galet, petit recoin isolé, où l'on entendait que le son des vagues, et du vent qui caressait nos peaux brûlantes.

Ce recoin que je connais maintenant par cœur.

Il s'était déshabillé juste après m'avoir embrassé tendrement,et avait plongé nu dans l'eau scintillante. Son corps dégoulinant de goutte de mer salé reste gravé dans ma mémoire, ainsi que les battements erratiques de mon cœur quand je l'avais regardé, scintiller comme un joyaux sous les rayons du soleil.

Il m'avait ensuite appelé pour que je le rejoigne, me faisant me dévêtir à mon tour sur le champ. Nous avions déjà nagé ensemble, mais jamais nu.

Je pense que cette fois-ci a été la plus belle de mon existence.

La sensation de l'eau m'enveloppant sans aucunes barrières, sans aucuns tissus. Juste moi, ma peau, et la caresse délicate de l'eau, plus douce encore que celle d'un humain, une eau pure, calme. Nu comme au jour de ma naissance, je ne m'étais jamais senti aussi aimé, adoré.
J'avais découvert une autre forme de plénitude, autre que la sensation de ses bras m'entourant. Tout ça grâce à lui.

Je pense que c'était son cadeau d'adieu, m'offrir la découverte de cette sensation qui m'a rendu si amoureux de l'eau.

Si amoureux de lui.