Il y a de ces gens que l'on croise, dont l'image s'imprime sur notre rétine et qui nous font sourire, peu importe, le moment de la journée.
Ils sont là par habitude, marchant près de nous sans jamais nous toucher et ils continuent leur vie comme nous continuons la nôtre.
Sans interférence.
Sans distorsion de notre destin.
Cependant, il y a quelques fois d'infimes interactions et je suis le premier à en être heureux.
Un sourire, un petit signe de la main dans le métro ou même un regard qui pétille de chaleur humaine à un arrêt de bus.
C'est rarement plus, mais c'est notre manière de demander des nouvelles, de montrer que nous sommes conscients que les autres existent et ressentent des émotions.
Ces petites choses apparaissent dans notre routine après un petit événement, généralement peu marquant.
Un rond-point pris trop brusquement par le bus et on se retrouve à retenir quelqu'un qui nous remercie d'un sourire ou d'un hochement de tête.
Et puis ce sourire revient à chaque fois que nous nous croisons, parfois accompagné d'un « bonjour ».
Une écharpe coincée lors de la fermeture des portes du métro et vous avez le droit à un signe de la main de la personne que vous avez aidée, lorsque vous la croisez à nouveau sur le quai ou à l'autre bout de la voiture.
Mais ça ne va pas plus loin et c'est suffisant pour bien démarrer la journée ou pour atténuer un peu la sensation de fatigue en rentrant le soir, voire de stress à l'issue d'une semaine compliquée au travail.
Peut-être que les gens ont besoin de plus.
Que ça débouche sur une amitié occasionnelle, ou même sur quelque chose d'un peu plus sentimental, mais je ne suis pas comme ça.
J'adore rendre service, faire sourire quelqu'un au hasard d'un escalator, sans que ça n'aille plus loin.
Ma vie, comme elle est actuellement, me convient parfaitement.
J'aime vivre sans ces attaches qui finissent vite par devenir étouffantes.
Je préfère me laisser porter, voir les gens évoluer autour de moi sans que je ne puisse les entraver.
Il m'arrive cependant d'avoir des regrets, je l'admets, mais je continue de suivre mon chemin, peu importe sa difficulté.
Un collier tombé sur le bitume et qui nous reste dans les mains alors que les portes du bus se referment devant nous avant de redémarrer en trombe.
Une personne qui ne fait pas partie de notre routine et dont, on le sait, nous ne reverrons probablement jamais l'ombre des cheveux.
J'ai une boîte pleine de toutes ces petites choses que je n'ai pas pu rendre au fil des années, mais dont je suis incapable de me séparer, malgré tout le détachement dont j'essaye de faire preuve.
Je suis ce genre de personne, qui porte plus d'attention à un objet qu'à mes congénères.
C'est peut-être triste pour certains, je m'en doute, mais ça suffit à me rendre heureux.
Les objets véhiculent avec eux tout une histoire et j'aime rêver à les découvrir.
Peut-être que c'est enfantin, surtout lorsque l'on vient d'avoir vingt-deux ans et que la vie autour de nous se déroule sans encombre, mais je suis comme ça.
À rêver sur l'histoire d'une bague en toc.
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Il [T.1]
Ficção GeralPiotr est un gardien de souvenirs, il recueille depuis sa tendre enfance des objets perdus et rêve de découvrir leur histoire. Mais jusqu'à ce matin d'hiver, au détour d'une station de métro, il n'avait jamais ressenti le besoin de partir à la reche...